Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN

L'Atlantique depuis le début du XXe siècle

L'Atlantique joue encore pleinement, au xxe siècle, son rôle de trait d'union entre les trois continents qui le bordent. Mais si son importance stratégique et politique se maintient au cours des deux Guerres mondiales et lors de la guerre froide, le réveil économique du monde asiatique, du Japon à la Chine et à l'Inde, rééquilibre progressivement, après les années 1960, les échanges à l'échelle du globe. La balance du commerce se rétablit entre le Pacifique et l'Atlantique, mettant fin à la « grande divergence » (K. Pomeranz) qui avait permis aux États de l'espace nord-Atlantique, aussi bien européens qu'américains, de dominer l'ensemble du monde après 1800. À la fin du xxe siècle, la mer océane de Colomb n'est plus l'espace privilégié des échanges, des migrations, des innovations ni de la guerre comme il l'était encore à son commencement ; il n'est plus, en un mot, l'océan de la modernité, telles que la Renaissance puis les Lumières en avaient tracé les fondements.

Le début du xxe siècle vit la fin de l'hégémonie britannique et l'affirmation de la puissance américaine. En 1921-1922, la conférence de Washington obligeait le Royaume-Uni à ramener sa marine de guerre au même tonnage que celle de son ancienne colonie. Par ailleurs, sur le plan commercial, l'Amérique latine s'affirmait en exportant ses produits agricoles et miniers ; les États-Unis étaient en passe de devenir la première puissance industrielle mondiale ; en Europe même, l'Allemagne rattrapait son retard sur la mer et nourrissait des ambitions impériales sur les côtes de l'Afrique. Certes, en 1914, la flotte britannique dépassait encore les flottes allemande et américaine réunies (2 714 000 tonnes pour 1 305 000 et 985 000 tonnes, respectivement) et disposait d'un réseau d'approvisionnement et de soutien unique grâce à ses quatorze bases navales africaines et américaines. Elle abritait également les plus grandes compagnies de liners (navires de ligne) comme la Cunard, qui, au cours des années 1920, connut une embellie liée à l'essor du tourisme transatlantique. La Compagnie générale transatlantique, en France, faisait bonne figure à la deuxième place, arrachant même le ruban bleu de la plus rapide traversée de l'océan avec le Normandie en 1935. Les ports du Havre et de Bordeaux, de Brême et de Hambourg, de Rotterdam et de New York concurrençaient Londres et Liverpool. Les grandes lignes maritimes qui symbolisèrent les puissances britannique ou française s'essoufflèrent après la Seconde Guerre mondiale au profit du transport aérien. Les années 1960 et 1970 virent se multiplier les désarmements des grands liners comme le Queen Mary, le Queen Elizabeth ou le France, derniers témoins de la puissance impériale des deux grands empires de la première moitié du xxe siècle. L'Atlantique appartenait désormais aux grands navires pétroliers, les tankers, et surtout aux porte-conteneurs dont le succès reposait sur la mondialisation en cours.

La Première Guerre mondiale jalonna, sur le plan militaire, ce déclin du Royaume-Uni. Les sous-marins allemands, les U-Boote, causèrent de grands dommages à la flotte alliée dans l'Atlantique nord. Avec l'entrée en guerre des États-Unis, en 1917, les convois furent mieux sécurisés, permettant à près de 2 millions de soldats américains de franchir l'océan : ils furent 10 000 par jour durant le mois de juillet 1918. Mais c'est la Seconde Guerre mondiale qui signait le passage sans retour de la Pax Britannica à la Pax Americana. En effet, dès la bataille d'Angleterre qui débuta le 10 juillet 1940, il apparaissait évident aux Britanniques qu'ils ne pourraient gagner la guerre sans le soutien matériel des États-Unis, lesquels consentirent,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
  • : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes

Classification

Pour citer cet article

Jacques GODECHOT et Clément THIBAUD. ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Planisphère de Domingos Teixeira, 1573 - crédits : Bibliothèque nationale de France (CPL GE SH ARCH-3)

Planisphère de Domingos Teixeira, 1573

Nef médiévale - crédits : British Library/ AKG-images

Nef médiévale

Grandes découvertes : Espagne et Portugal à la conquête du monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grandes découvertes : Espagne et Portugal à la conquête du monde

Autres références

  • ABOLITION INTERNATIONALE DE LA TRAITE ATLANTIQUE

    • Écrit par Jean BOULEGUE
    • 189 mots
    • 1 média

    La traite des Noirs par l'Atlantique a débuté au xve siècle, à destination de l'Europe, mais c'est après la découverte de l'Amérique qu'elle a pris son essor, pour fournir de la main-d'œuvre aux plantations. Les estimations sur le nombre de personnes déportées d'Afrique en Amérique varient,...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Découverte

    • Écrit par Marianne MAHN-LOT
    • 4 807 mots
    • 6 médias

    Étymologiquement le mot « Amérique » vient d'Amerigo, prénom de Vespucci. Il a été inventé par Martin Waldseemüller qui, dans sa Cosmographie (1507), proposa d'appeler Amérique la « quatrième partie du monde », prétendument découverte par le Florentin.

    La « découverte de...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par Jean-Pierre BERTHE
    • 21 855 mots
    • 13 médias
    Un double réseau de liaisons maritimes couvre l'Atlantique central. Les flottes de la Nouvelle-Espagne (flotas) et les armadas de Terre-Ferme (galeones de Tierra Firme), via l'escale des Canaries, reconnaissent d'abord l'arc des Petites Antilles, à partir duquel divergent leurs route : les ...
  • BATAILLES NAVALES (âge de la voile) - (repères chronologiques)

    • Écrit par Michèle BATTESTI
    • 1 040 mots

    31 juillet-8 août 1588 La Armada Grande (l'Invincible Armada), forte de 130 vaisseaux (dont 60 galions et caraques de guerre) et 30 000 hommes, est envoyée en mai par Philippe II pour envahir l'Angleterre. Harcelée depuis Plymouth par les Anglais, désorganisée par des brûlots, elle livre bataille...

  • Afficher les 33 références

Voir aussi