ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN
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Christophe Colomb
C'est un marin génois, Christophe Colomb, qui devait découvrir et explorer pour le compte de l'Espagne – et non du Portugal – la partie centrale des rivages occidentaux de l'Atlantique. Pourquoi un Génois ? Pourquoi l'Espagne ? L'explication est simple et doit être cherchée dans l'évolution politique de l'Europe à la fin du xve siècle. Depuis l'augmentation du nombre et l'importance accrue de leurs voyages d'exploration, les Portugais faisaient appel, pour constituer leurs équipages, à des marins étrangers. L'Italie, et notamment la république de Gênes, en fournissait un certain nombre. C'est ainsi que Christophe Colomb, né à Gênes en 1451, après un naufrage au large du Portugal, rejoignit à Lisbonne son frère qui y travaillait comme cartographe. Il s'engagea sur un navire portugais vers les côtes de la Guinée entre 1475 et 1479. À son retour, il épousa à Lisbonne la fille du capitaine-gouverneur de l'île de Porto Santo, Bartolomeu Perestrelo, ce qui lui permit de naviguer souvent. Christophe Colomb aurait pu continuer sa carrière en effectuant, comme son beau-frère, des voyages le long du littoral africain, mais, dès 1484, il propose au gouvernement portugais l'exploration de la « route de l'Ouest ». Qui lui a donné cette idée ? Plusieurs hypothèses ont été émises. Il est possible que Colomb – qui lisait beaucoup – ait eu connaissance de l'ouvrage de cosmographie du cardinal français Pierre d'Ailly, Imago Mundi, paru en 1414. Contrairement à la plupart de ses contemporains, Pierre d'Ailly affirmait que la Terre était ronde et, donc, qu'en allant vers l'ouest on pouvait atteindre la côte d'Asie, l'Inde, par une route plus courte et plus rapide que celle que les Portugais exploraient depuis soixante ans. Il est possible également que Colomb ait été en correspondance avec l'astronome florentin Toscanelli. Celui-ci lui aurait écrit, le 25 juin 1474, une lettre dans laquelle il disait : « Je t'ai déjà parlé d'une route par mer au pays des aromates (les Indes), plus courte que celle des Portugais par la Guinée [...]. Elle résulte de la forme sphérique de la Terre. » Mais on a dit que cette lettre était apocryphe et avait été rédigée, en réalité, après 1492. Il est possible aussi que Colomb ait été informé par des marins de la route des Vikings vers le Groenland et le Vinland. En tout cas, le roi Jean II de Portugal repoussa les propositions de Colomb. Elles lui parurent sans doute utopiques, alors que les Portugais, par leur exploration méthodique de la route africaine, étaient certains d'arriver un jour aux Indes par la circumnavigation de l'Afrique.
Rebuté par le Portugal, Colomb se tourna tout naturellement vers l'Espagne qui mettait fin à ses longues luttes médiévales contre les Maures et, depuis le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon (1469), s'engageait dans la voie de l'unification. En 1485, Colomb quitta le Portugal et vint s'établir en Espagne. Par l'intermédiaire de deux moines du monastère de la Rabida, il fait parvenir son projet à la reine Isabelle. Celle-ci ne veut rien entreprendre avant la prise de Grenade, dernier bastion des Maures en Espagne. Colomb semble avoir alors renoué des négociations avec le Portugal, mais le 2 janvier 1492 Grenade est prise, les Rois Catholiques y font leur entrée solennelle. Les 17 et 30 avril suivants, les souverains, par de solennelles « capitulations », chargent Colomb de découvrir pour le compte de Leurs Majestés Catholiques des « îles nouvelles et habitées ». En échange, il était fait « amiral de la mer Océane » et lui et ses descendants devaient recevoir la dîme des richesses découvertes et la vice-royauté des terres explorées. La reine de Castille avançait à Colomb la somme de 1 140 000 maravédis (340 000 francs-or) pour préparer l'expédition. Des armateurs de Palos, les frères Pinzón – avec qui Colomb était en relation depuis 1485 – prêtèrent trois caravelles, la Santa María, la plus grosse, qui devait servir de navire amiral, la Pinta et la Niña. L'équipage, composé de quatre-vingt-dix hommes, fut facilement recruté sur les quais de Palos.
La Pinta, la Niña et la Santa Maria appareillent du port de Palos, le 3 août 1492. Huile sur toile d'Antonio Cabral Bejarano, XIXe siècle. Monastère de La Rabida, Palos.
Crédits : AKG
Le 3 août 1492, les trois bâtiments quittèrent le port. Le 9 aoû [...]
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Écrit par :
- Jacques GODECHOT : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
- Clément THIBAUD : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes
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Pour citer l’article
Jacques GODECHOT, Clément THIBAUD, « ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/histoire-de-l-atlantique/