HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX
Hémisphères cérébraux et motricité
Si l'on inclut dans les hémisphères cérébraux des Mammifères l'ensemble du télencéphale et du diencéphale, les structures qui gouvernent ou intéressent la motricité sont, d'une part, certaines aires du néocortex cérébral, d'autre part, les noyaux de la base et les régions ventrales du diencéphale qui en dépendent (substance noire et subthalamus).
Un territoire sera considéré comme moteur ou participant à l'organisation de la motricité si sa stimulation (en général électrique) entraîne des manifestations motrices (mouvements ou modifications posturales) et/ou si son ablation détermine des troubles de la motricité. La technique d'exploration électrophysiologique a permis de compléter les données de ces méthodes plus traditionnelles en précisant les mécanismes d'action des voies descendantes au niveau même des cellules nerveuses motrices (motoneurones) bulbaires ou spinales, ces dernières constituant respectivement pour la tête et le corps la voie finale commune des mouvements.
Parler de motricité sous-entend, dans la plupart des cas, les phénomènes qui relèvent de la musculature striée : en toute rigueur il s'agit de la motricité somatique, par opposition à la motricité viscérale des effecteurs végétatifs (muscles lisses, myocarde). On se limitera ici à la motricité somatique, les centres moteurs viscéraux devant faire l'objet d'une étude spéciale.
Aires motrices du néocortex des Mammifères
Aire motrice principale
On a pu délimiter, tant chez les Rongeurs que chez les Carnivores et les Primates (y compris l'Homme), une zone corticale dite aire motrice principale (ou « primaire », MI), dont les propriétés peuvent ainsi s'énoncer : sa stimulation par chocs électriques répétitifs suscite des contractions de groupes musculaires localisés de la face, des membres ou du tronc ; ces mouvements sont en règle générale controlatéraux par rapport à l'hémisphère stimulé (sauf pour la face où ils peuvent être bilatéraux) ; si la stimulation est intense, ils peuvent se prolonger au-delà du temps de stimulation (« post-décharge »).
La partie controlatérale du corps mise en jeu dépend du point cortical stimulé, ce qui a permis d'établir une somatotopie motrice (fig. 8 et 9) étonnamment semblable à la somatotopie sensitive. On y note, comme dans cette dernière, une absence de proportionnalité entre surface du corps et surface corticale correspondante ; l'importance fonctionnelle de la partie représentée (en l'espèce la finesse des mouvements exigés) dicte sans doute ces inégalités d'importance des projections, que les « figurines » tracées sur l'écorce traduisent bien par leurs distorsions.
Chez tous les Mammifères, l'aire MI est frontale, située en avant de l'aire somatique. Chez le Chat, elle occupe la majorité du cortex sigmoïde antérieur et la portion antérieure du sigmoïde postérieur, sur la face latérale et la face médiane de l'hémisphère. Chez les Primates, elle s'étend sur la circonvolution frontale ascendante, dite aussi précentrale ou prérolandique (parce que limitée postérieurement par le sillon central ou rolandique). Du point de vue cytoarchitectonique, l'essentiel de MI semble coïncider avec l'aire 4 de Brodmann, zone caractérisée par la présence de cellules pyramidales géantes (cellules de Betz) dans sa cinquième couche. Quant à sa limite antérieure, il ressort d'autres travaux qu'elle déborde assez largement l'aire 4 pour occuper la partie dorsale du champ 6 de Brodmann, où se localiserait en particulier la représentation de la musculature axiale.
De nombreuses études ont largement étendu notre connaissance du fonctionnement de l'aire MI. En abordant, sans le résoudre totalement, un vieux débat entre les tenants[...]
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- 1. Anatomie et histologie
- 2. Localisations corticales sensorielles chez l'Homme
- 3. Les potentiels évoqués d'origine sensorielle et leur utilité dans la détermination des localisations corticales
- 4. Hémisphères cérébraux et motricité
- 5. Régulations motrices à partir des structures sous-corticales extrapyramidales
- 6. Hémisphères cérébraux et opérations intellectuelles
- 7. Bibliographie
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Écrit par
- Pierre BUSER : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Paul LAGET : professeur de psychophysiologie à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Pour citer cet article
Pierre BUSER, Paul LAGET, « HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

Champs corticaux
Encyclopædia Universalis France
Champs corticaux
Carte des « champs » corticaux selon K. Brodman : aux numéros 1, 2 et 3 correspond la projection de…
Encyclopædia Universalis France
Autres références
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SPÉCIALISATION ET INTÉGRATION INTERHÉMISPHÉRIQUE
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Ainsi nommée en 1864 par le clinicien Armand Trousseau en opposition au terme aphémie retenu à la même époque par Paul Broca et au terme alalie proposé plusieurs décennies auparavant par Jacques Lordat, l’aphasie est un trouble de la production et (ou) de la compréhension du langage oral[...]
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[...]hémisphériques gauches. Il existe cependant quelques cas dans lesquels l'apraxie idéomotrice est unilatérale, le plus souvent pour les gestes à faire du côté gauche, en particulier après une atteinte cérébrale touchant le corps calleux. D’autre part, la qualité des gestes dépend des conditions de l’examen.[...] -
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Il s’agit d’un syndrome étonnant en liaison avec l’attention spatiale. Il est fréquent lors de lésions de l’hémisphère droit, par accident vasculaire par exemple. Les patients n’ont pas de déficit visuel et semblent voir tout ce qui se passe autour d’eux. Pourtant, ils se comportent comme si[...] -
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Voir aussi
- NEUROLOGIE CLINIQUE
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- DOPAMINE
- WILLIS THOMAS (1621-1675)
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- VIEUSSENS RAYMOND (1641-1715)
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