APRAXIE

Les maladies neurologiques, qui détruisent certaines régions du cerveau, entraînent parfois des troubles intellectuels et du comportement. Parmi ces troubles, un des plus intrigants, l’apraxie, se manifeste par la difficulté à faire des gestes alors que le malade est capable de bouger le bras ou la jambe. Le patient comprend en général très bien ce qui lui est demandé.

La naissance de l’apraxie

En 1900, Hugo Karl Liepmann rapporte la première observation de ce désordre. Le malade présente des difficultés pour réaliser, à la demande du médecin, des gestes avec les membres du côté droit de son corps, bien qu’il ne soit pas paralysé. Il est incapable de faire des gestes connus (bonjour, etc.) ou de mimer des gestes en rapport avec l’utilisation d’objets (boire, etc.). Le patient a des difficultés pour parler, mais il comprend les ordres que lui donne le médecin. En effet, les gestes que le malade ne peut produire du côté droit, il les réalise parfaitement avec son bras ou sa jambe gauches. À la même période, Arnold Pick montre que des malades présentant des problèmes de langage sont en difficulté pour utiliser des objets, pour autant ils restent capables de les dénommer ou de dire à quoi servent ces mêmes objets. À partir de ces données comportementales et des lésions cérébrales associées, Liepmann émet l’hypothèse que la capacité à faire un geste est gérée par des régions situées dans l’hémisphère gauche du cerveau, comme le langage, mais sans que le langage apparaisse comme l’explication centrale des phénomènes observés chez ces malades.

Par la suite, de nombreuses formes d'apraxie ont été décrites, par exemple une apraxie tronco-pédale, qui réalise un trouble isolé de la marche et des mouvements du tronc, ou bien une apraxie bucco-faciale, qui entrave l'exécution de mouvements au niveau de la bouche et du visage, ou encore une apraxie du regard, qui altère les mouvements des yeux, sans atteinte de la motricité oculaire. L'apraxie de l'habillage se révèle par des difficultés spécifiques pour s'habiller ou se déshabiller. Quant à l'apraxie constructive, elle est souvent rapportée à une incapacité à penser correctement l'ordre des actions à accomplir pour réaliser un dessin ou une construction avec des cubes, des allumettes ou des puzzles. L'apraxie de l'écriture entraîne des problèmes de production des lettres (traçage de lettres mal formées, voire inconnues). L'apraxie de la parole génère un déficit de production de la parole. Dans ces deux dernières formes cliniques, les perturbations ne sont pas expliquées par une atteinte du langage.