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RELIGION GUERRES DE

Catholiques et protestants en France

Au cours des guerres de religion de la seconde moitié du xvie siècle, gueux et réformés français s'entraidèrent souvent, la France étant, elle aussi, désolée par les troubles intérieures. Dans le royaume, les conflits armés commencèrent officiellement avec le massacre, par les gens de François de Guise, de soixante-quatorze protestants qui assistaient à un prêche à Vassy (mars 1562). Au vrai, depuis l'exécution de Berquin en 1529, les signes avant-coureurs du drame n'avaient cessé de se préciser : persécutions après l'affichage en 1534 de placards hostiles à la messe sur la porte même de la chambre du roi à Amboise ; massacre en 1542 de trois mille vaudois du Luberon sur ordre du parlement d'Aix ; législation antiprotestante d'Henri II ; conjuration d'Amboise (mars 1560), encouragée par Condé pour enlever le jeune François II à l'emprise des Guises.

Le massacre de Vassy (auj. Wassy), conséquence logique d'une tension croissante, marqua l'échec de la politique tolérante du chancelierMichel de L'Hospital. Les protestants étaient devenus une force dans le royaume. On calcule qu'un quart des Français étaient alors passés du côté de la Réforme. En outre, une fraction notable de la noblesse avait adhéré au protestantisme, suivant à cet égard l'exemple de Condé et des trois neveux du connétable de Montmorency – le cardinal Odet de Châtillon, d'Andelot, colonel général de l'infanterie, et l'amiral de Coligny. Enfin les gentilshommes que le traité du Cateau-Cambrésis (1559) laissait sans emploi se trouvaient disponibles pour toutes les violences. Selon leur tempérament, leurs convictions et surtout la clientèle nobiliaire à laquelle ils appartenaient, ils choisirent entre le parti de Condé et celui des Guises.

On distingue d'ordinaire huit guerres de religion (1562-1563, 1567-1568, 1568-1570, 1572-1573, 1574-1576, 1576-1577, 1579-1580, 1585-1598), la dernière se transformant à partir de 1595 en guerre étrangère contre Philippe II qui avait soutenu la Ligue. En fait, la France connut à partir de 1562 trente-six années de troubles presque continus, avec seulement deux périodes d'accalmie relative (1564-1566 et 1581-1584). Ces luttes civiles furent marquées non seulement par des massacres inspirés par les haines réciproques, mais encore par d'importantes opérations militaires. De véritables batailles tournèrent au désavantage des protestants à Dreux (1562), à Jarnac et à Moncontour (1569), et au désavantage des ligueurs à Coutras (1587), Arques (1589), Ivry (1590). Les troupes royales durent mettre le siège devant Rouen en 1562 et 1592, devant La Rochelle en 1570 et 1573, devant Paris en 1589-1590. Les principaux chefs des partis en présence moururent de mort violente : au combat (Antoine de Bourbon et le maréchal de Saint-André en 1562, le connétable de Montmorency en 1567) ou assassinés (Condé en 1569, François de Guise en 1563, ses fils Henri et le cardinal de Lorraine en 1588, Coligny en 1572 et Henri III en 1589).

Saint-Barthélemy, 24 août 1572 - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Age Fotostock

Saint-Barthélemy, 24 août 1572

Deux faits majeurs contribuèrent à la détérioration progressive de la situation intérieure française après 1562 : la Saint-Barthélemy et la mort du duc d'Anjou, frère cadet d'Henri III. Le massacre de la Saint-Barthélemy, dont Catherine de Médicis partage avec les Guises la responsabilité, tôt imité hors de Paris (au total il y eut au moins 30 000 victimes), provoqua une crise de la foi monarchique. Le parti protestant sentit le besoin de se structurer. Il se donna un « gouverneur général et protecteur des Églises réformées » – ce sera bientôt Henri de Navarre –, maintint désormais une armée de façon presque permanente, leva des impôts sur les territoires qu'il contrôlait, mit sur pied des états provinciaux et généraux. Pourtant, malgré la Saint-Barthélemy, le calme paraissait timidement revenir[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut

Classification

Pour citer cet article

Jean DELUMEAU. RELIGION GUERRES DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Saint-Barthélemy, 24 août 1572 - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Age Fotostock

Saint-Barthélemy, 24 août 1572

Gustave II Adolphe de Suède - crédits : Fine Art Images /Heritage Images/ Getty Images

Gustave II Adolphe de Suède

Autres références

  • EUROPE : GUERRES DE RELIGION - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 356 mots

    1531 Création de la Ligue de Smalkalde, union défensive des États protestants de l'Empire. Défaite de Zwingli et des troupes zurichoises à Cappel face aux catholiques ; les cantons suisses catholiques et protestants signent une « paix nationale ».

    1547 Défaite protestante à Mühlberg...

  • GUERRES DE RELIGION EN FRANCE, en bref

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 220 mots
    • 1 média

    L'essor du calvinisme durant le règne de Henri II aboutit à une crise pour la monarchie, dès lors qu'une large part de la noblesse rejoint le camp réformé et que la politique d'apaisement et de compromis religieux menée par la reine mère Catherine de Médicis et le chancelier...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne du XVIe et du XVIIe s.

    • Écrit par Georges LIVET
    • 6 506 mots
    • 7 médias
    La révolte de Bohême de 1618 peut être considérée comme le début de la guerre de Trente Ans. Mais il ne s'agit encore que de querelles entre États et princes. Le 23 mai 1618, les représentants de l'Empereur sont défenestrés à Prague, et l'aristocratie protestante se révolte contre la domination catholique....
  • AMBOISE CONJURATION D' (1560)

    • Écrit par Jean MEYER
    • 530 mots

    Les protestants français ont accueilli avec soulagement la mort d'Henri II en 1559. Mais les Guise conservent la suprématie politique, et la situation ne s'améliore pas, comme le prouvent l'exécution du conseiller Anne Du Bourg en 1559 et, la même année, la déclaration de Villers-Cotterêts. Or...

  • ARRAS UNION D' (1579)

    • Écrit par Universalis
    • 281 mots

    Au cours de la révolte qui, au xvie siècle, les dressa contre la domination espagnole, les Pays-Bas s'étaient unis, en 1576, par la pacification de Gand qui établissait principalement une trêve religieuse entre les provinces du Nord, calvinistes, et les provinces méridionales, catholiques....

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par Guido PEETERS
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    Pour faire face à l'Inquisition et à la politique centralisatrice, la petite noblesse constitua le Compromis des nobles, une sorte de conjuration, et en avril 1566, deux cents de ses membres présentèrent à la régente une pétition demandant l'adoucissement des placards. Le conseiller Berlaymont rassura...
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Voir aussi