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VAUDOIS

Le mouvement vaudois, fondé par le Lyonnais Valdès dans le dernier quart du xiie siècle, s'était donné pour objectifs la prédication itinérante, confiée à des laïques, et la pratique d'une vie conforme à la perfection évangélique. En dépit des condamnations répétées dont il fit l'objet de la part de l'Église romaine, il se répandit à travers toute l'Europe. Au xve siècle, il entretint des rapports particuliers avec le mouvement hussite et adhéra à la Réforme, au cours du xvie siècle. Durement persécuté au xviie siècle, il ne put subsister que dans les vallées alpines à l'ouest de Turin. Les droits de la liberté religieuse lui furent accordés vers le milieu du xixe siècle, et, depuis lors, il s'est propagé dans toute l'Italie. Le nombre total des vaudois était estimé à 46 000 en 1985.

Les origines et l'expansion médiévale

Valdès ou Valdo (le prénom de Pierre n'est attesté qu'en 1368) était un riche marchand de Lyon qui, ardent à lire les Saintes Écritures, fut amené, vers 1175, à se convertir à la suite de la méditation des paroles de Jésus au jeune homme riche (Matth., xix, 16-22). Ayant vendu tous ses biens, il donna la moitié du produit à sa femme et à ses deux filles, consacrant l'autre moitié à secourir les gens les plus pauvres ainsi qu'à faire traduire la Bible en langue vulgaire et à en faire établir des copies. Il se mit alors à prêcher l'Évangile, faisant bien vite de nombreux disciples, qu'il rassembla en une fraternité soumise aux trois vœux monastiques et consacrée à la prédication itinérante, mais cette mission leur fut soudain interdite par l'archevêque de Lyon. Durant le IIIeconcile du Latran, une délégation des vaudois fut reçue par le pape Alexandre III, qui approuva leur règle de vie, mais ne leur fit aucune concession particulière touchant au droit de prêcher et se contenta de les renvoyer, pour cela, à leur archevêque. N'ayant pas obtempéré aux injonctions de la hiérarchie, ils furent alors excommuniés par le concile de Vérone en 1184. Dès cette époque et au cours des xiiie et xive siècles, ils n'en continuèrent pas moins de se répandre en France, en Italie, dans les territoires de la Suisse actuelle, en Autriche, en Allemagne, atteignant les régions de la Baltique et, à l'est, la Bohême, la Moravie, la Hongrie et la Pologne. Au début du xiiie siècle, un certain nombre d'entre eux – le groupe des Pauperes catholici – revinrent dans le sein de l'Église romaine. Au synode de Bergame en 1218, les vaudois se divisèrent, selon les tendances qui se manifestèrent dans cette assemblée, en un rameau français – les Pauperes de Lyon – plus conservateur, et en un autre – les Pauperes lombards – plus ouvert à l'idée du travail.

Les vaudois possédaient partout des hospices (hospitia ou studia) où ils tenaient leurs réunions secrètes, avec les fidèles (amici, noti), et préparaient les futurs prédicateurs, appelés barba, c'est-à-dire « oncles ». Les femmes appartenant à la fraternité – sorores – faisaient vœu de chasteté et menaient une vie monacale. Les ministères traditionnels d'évêque (maior ou majoralis), de prêtre et de diacre étaient maintenus, et chaque année un synode était réuni (consilium generale). Les vaudois fondaient leur piété principalement sur le Sermon sur la montagne et sur d'autres paroles radicales de l'Évangile ; ils refusaient le serment, ainsi que toute effusion de sang, même de la part de l'autorité constituée ; ils condamnaient l'Église romaine pour ses richesses et sa corruption, et la société féodale comme étant faussement chrétienne.

S'appuyant sur l'Écriture, ils rejetaient les doctrines du purgatoire et des indulgences, ainsi que la vénération de Marie et des saints, mais, jusqu'à[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite de la faculté vaudoise de théologie de Rome

Classification

Pour citer cet article

Valdo VINAY. VAUDOIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)

    • Écrit par Jacques LE GOFF
    • 4 152 mots
    • 2 médias

    Le terme « albigeois » a servi, dès le milieu du xiie siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l' ...

Voir aussi