FONTAINEBLEAU ÉCOLE DE

Fontainebleau

Fontainebleau

Fontainebleau

Le château de Fontainebleau, en Île-de-France.

L'école de Fontainebleau désigne un courant artistique né en France au xvie siècle, autour des peintres travaillant à la décoration du château de Fontainebleau. Cette expression n'a été employée pour la première fois, semble-t-il, qu'au xixe siècle par A. Bartsch dans son répertoire monumental de la gravure.

Au xixe siècle, les historiens de la peinture, à l'exemple des historiens de la gravure, vont utiliser, en France et à l'étranger, l'expression qui n'apparaît jamais dans les textes du xvie siècle (G. Vasari, Van Mander), bien que l'idée en soit évidemment déjà implicite chez les auteurs, comme chez beaucoup d'historiens postérieurs (Félibien, Mariette). La notion s'enrichit dans le courant du xixe siècle grâce aux publication d'Emeric David, de Robert-Dumesnil, de Léon de Laborde, du marquis de Chennevières, qui, en attirant l'attention sur l'originalité de la Renaissance française, ont préparé la mise au point remarquable de Louis Dimier dans sa thèse sur le Primatice (1900). Dimier utilisa les données fournies par L. de Laborde, qui avait publié les comptes des Bâtiments du roi ; il sut comprendre, en s'opposant intelligemment à une critique presque toujours nationaliste, que le Primatice, quoique italien, faisait honneur à la France en ayant su, pendant trente années, y remplir la mission qui lui avait été confiée par les rois et que Toussaint Dubreuil, à la fin du siècle, préparait la peinture de l'âge classique. Il sentit aussi la difficulté de définir clairement le terme alors admis d'école de Fontainebleau, mais eut le grand mérite d'en délimiter le domaine. Les travaux de L. Dimier sont à la base de toutes les études consacrées à l'école de Fontainebleau. L'art de Fontainebleau a été précédé par une pré-Renaissance, due essentiellement à des apports italiens, révélés en France grâce aux guerres d'Italie. Les exemples en sont remarquables en architecture (les châteaux de la Loire), mais beaucoup moins connus en peinture où l'art des maîtres français de la fin du xve et du début du xvie siècle reste encore souvent une énigme, comme en témoignent les controverses sur le Maître de Moulins et Jean Perréal. En tout cas, la France, avant 1530, n'offre aucun ensemble décoratif d'inspiration moderne et ne possède pas de style vraiment original. C'est, au contraire, le propre des artistes de l'école de Fontainebleau d'avoir introduit en France l'art du décor et créé un style qui s'étendit rapidement à tous les domaines de l'art. Son importance a été ressentie par tous les peintres français, de Poussin à Lemoyne. Malheureusement, la perte des grands ensembles de cette époque fait que l'art de Fontainebleau reste encore très mystérieux ; gravures et dessins apportent, cependant, des témoignages suffisants pour montrer le rôle essentiel que cette école a joué dans le développement de l'art français.

La première école de Fontainebleau

Après des essais généralement malheureux pour y attirer les plus grands maîtres de l'art italien (Michel-Ange, Léonard, Andrea del Sarto), François Ier fixa son choix, pour décorer sa résidence favorite, sur un maniériste florentin, Rosso Fiorentino, qui arriva à Fontainebleau en 1530, suivi, deux ans plus tard, par un maniériste émilien, le Primatice (Francesco Primaticcio). D'autres artistes italiens vinrent les rejoindre, comme Luca Penni et Antonio Fantuzzi, mentionnés à Fontainebleau en 1537, pour ne citer que les plus importants. Domenico del Barbiere (Domenico Fiorentino) était peut-être déjà établi en France, à Troyes, depuis un certain temps, avant d'être signalé à Fontainebleau. En 1552 arriva un autre maniériste émilien important, Nicolò Dell'Abate. Autour de ces artistes (surtout[...]

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Écrit par

  • Sylvie BÉGUIN : conservateur en chef au département des Peintures du musée du Louvre

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Pour citer cet article

Sylvie BÉGUIN, « FONTAINEBLEAU ÉCOLE DE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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Fontainebleau

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Fontainebleau

Le château de Fontainebleau, en Île-de-France.

<it>Moïse sauvé des eaux</it>, N. dell'Abbate

Moïse sauvé des eaux, N. dell'Abbate

Moïse sauvé des eaux, N. dell'Abbate

Nicolò dell'Abbate, «Moïse sauvé des eaux», 1560. Huile sur toile, 82,5 cm × 83 cm. Musée du Louvre,…

<it>Ulysse et les Sirènes</it>, Primatice

Ulysse et les Sirènes, Primatice

Ulysse et les Sirènes, Primatice

Primatice, «Ulysse et les Sirènes», 1550. Huile sur toile, 151 cm × 206 cm. Collection particulière,…

Autres références

  • ANDROUET DU CERCEAU JACQUES (1520-1586)

    • Écrit par Jean GUILLAUME
    • 851 mots

    Jacques Androuet du Cerceau (appelé le plus souvent « Du Cerceau », dû au motif de l'enseigne de la boutique de son père qui était marchand de vin) fut à la fois un graveur, un dessinateur, un créateur d'ornements, un inventeur d'architectures réelles ou imaginaires et l'auteur...

  • BÉGUIN SYLVIE (1919-2010)

    • Écrit par Universalis
    • 268 mots

    Spécialiste de la Renaissance italienne et française, Sylvie Béguin est née à Saint-Malo en 1919. Elle suit des études de philosophie et d'histoire de l'art à l'École du Louvre, puis intègre en 1946 le musée du Louvre en tant que chargée de mission au département des peintures,...

  • BONTEMPS PIERRE (1507 env.-apr. 1563)

    • Écrit par Renée PLOUIN
    • 240 mots

    Sculpteur français mentionné dans les comptes des Bâtiments royaux à partir de 1536. Pierre Bontemps travaille alors à Fontainebleau et se forme au contact des œuvres antiques apportées par Primatice. Il exécute une fonte du Laocoon et une autre de L'Apollon du Belvédère...

  • CARON ANTOINE (1520 env.-env. 1599)

    • Écrit par Michèle GRANDIN
    • 302 mots

    Les premières œuvres d'Antoine Caron seraient des cartons pour des vitraux, composés dans sa ville natale, Beauvais, et qui n'existent plus. On retrouve Caron à Fontainebleau, où il travaille sous la direction de Primatice ; il acquiert alors ce style italianisant qui le caractérise, style...

  • COUSIN JEAN, LE PÈRE (1490 env.-env. 1560) & LE FILS (1522 env.-env. 1594)

    • Écrit par Michèle GRANDIN
    • 391 mots

    Après avoir travaillé comme géomètre en 1526 dans sa ville natale de Sens, où il séjourne jusqu'en 1540, et après avoir réalisé des cartons pour les vitraux de la cathédrale de Sens et un retable pour l'abbaye de Vauluisant en 1530, Jean Cousin le Père s'installe vers 1540 à Paris où...

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Voir aussi