Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DESSIN

Provenances

Les paraphes sont apposés à la plume et à l'encre sur le recto ou le verso des dessins. Les marques, initiales ou signes distinctifs (emblèmes, symboles, images) sont appliqués grâce à un tampon encré ou à sec. La plupart des grands collectionneurs ont ainsi apposé soit leur paraphe, soit leur marque souvent sur le recto du dessin lui-même. Ainsi, l'un des amateurs les plus importants du xviie siècle, le banquier de Cologne Everard Jabach (vers 1610-1695), établi à Paris en 1638, a-t-il paraphé les versos des montages de ses dessins dits « d'ordonnance » : le dessin est collé en plein sur un montage d'épais papier blanc à bande dorée. Dans le cas des dessins de sa collection dits « de rebut », c'est-à-dire les dessins non montés, son paraphe est apposé directement au verso du feuillet.

La forme particulière du montage et sa présentation, spécifiques de la collection dont ils ont fait partie, offrent parfois les éléments qui permettent d'identifier leur provenance. Ainsi les dessins ayant appartenu à Giorgio Vasari (1511-1574), architecte et peintre, sont complétés, par Vasari lui-même ou par ses élèves, de vastes encadrements décoratifs dessinés à la plume et au lavis brun, portant souvent des cartouches dessinés et annotés avec l'attribution. Les dessins du Florentin Filippo Baldinucci (1625-1696), historien d'art et amateur, se reconnaissent également à leur cartouche rectangulaire portant l'attribution du dessin et parfois même sa destination.

Réunissant à la fois la marque distinctive, l'initiale M dans un cercle, le montage caractéristique bleu à bande dorée et filet blanc et le cartouche revêtu de l'attribution et parfois de la provenance, les dessins ayant appartenu au célèbre collectionneur et marchand d'estampes parisien Pierre-Jean Mariette (1694-1774) sont ainsi relativement faciles à identifier. Toutefois, les pièces de grand format qui étaient alors chez Mariette, non pas conservées en portefeuilles mais encadrées, ne portaient pas la fameuse marque.

Si la plupart des grands collectionneurs privés ont ainsi personnalisé leurs dessins par des paraphes ou des marques, la plupart des grandes collections publiques (celles des Offices à Florence, du Kupferstichkabinett de Berlin, de l'Albertina à Vienne, du British Museum) ont naturellement, elles aussi, adopté des marques et des paraphes distinctifs qui permettent de situer immédiatement la date d'entrée des pièces. C'est ainsi qu'au Louvre, les paraphes d'Antoine Coypel, directeur des tableaux et dessins du roi dès 1701, et de Robert de Cotte, premier architecte du roi en 1708, sont apposés sur tous les dessins faisant partie de la collection royale au début du xviiie siècle. Quant aux marques du Louvre, elles sont au nombre de quatre : MN (Muséum national, dans un double cercle), premier cachet adopté sous la Ire République après la Révolution de 1789 ; RF, marque choisie sous la République de 1848 et reprise sous la IIIe République ; N (dans un ovale et surmonté d'une couronne), utilisée sous Napoléon III (1852-1870) ; enfin, ML (dans un ovale), marque toujours en vigueur depuis lors.

Par recoupement, tous ces éléments participent à l'élaboration de la phase la plus difficile de la véritable connaissance d'un dessin, celle de son attribution et de sa destination.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Robert FOHR et Geneviève MONNIER. DESSIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Étude d'ensemble pour le «Serment des Horaces», J. L. David, 1 - crédits : École nationale supérieure des beaux-arts, Paris

Étude d'ensemble pour le «Serment des Horaces», J. L. David, 1

Autres références

  • DESSIN CONTEMPORAIN

    • Écrit par Philippe PIGUET
    • 2 084 mots
    • 1 média

    Longtemps cantonné à l'émergence d'un motif sur une simple feuille de papier, le dessin a conquis au fil du temps de nouveaux espaces et de nouvelles formes en se confrontant à des médiums, des techniques et des protocoles nouveaux. L'éclatement des pratiques artistiques, dont l'...

  • DÉVELOPPEMENT ET APPRENTISSAGE DU DESSIN

    • Écrit par Delphine PICARD
    • 1 245 mots

    L’espèce humaine dispose d’une variété de modes de notation externe des objets de l’environnement servant à la communication. Le dessin est l’un de ces modes. Dessiner consiste à produire de manière ordonnée dans le temps un ensemble de formes graphiques dans un espace restreint, en général...

  • ACADÉMISME

    • Écrit par Gerald M. ACKERMAN
    • 3 543 mots
    • 2 médias

    Le terme « académisme » se rapporte aux attitudes et principes enseignés dans des écoles d'art dûment organisées, habituellement appelées académies de peinture, ainsi qu'aux œuvres d'art et jugements critiques, produits conformément à ces principes par des académiciens, c'est-à-dire...

  • L'ÂGE D'OR DU ROMANTISME ALLEMAND (exposition)

    • Écrit par Jean-François POIRIER
    • 1 063 mots

    Le musée de la Vie romantique (Paris) a consacré du 4 mars au 15 juin 2008 une exposition à L'Âge d'or du romantisme allemand, aquarelles et dessins à l'époque de Goethe. Dans sa Préface au catalogue, Pierre Rosenberg avoue préférer le sous-titre : Aquarelles et dessin à l'époque...

  • AILLAUD GILLES (1928-2005)

    • Écrit par Jean JOURDHEUIL
    • 790 mots

    Né en 1928 à Paris, le peintre Gilles Aillaud, fils de l'architecte Émile Aillaud, étudia la philosophie après guerre, puis revint à la peinture qu'il avait pratiquée avec assiduité durant son adolescence. Son devenir-peintre n'eut pas lieu dans une école des Beaux-Arts mais silencieusement, dans un...

  • ALBRECHT ALTDORFER. MAÎTRE DE LA RENAISSANCE ALLEMANDE (exposition)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 177 mots
    • 1 média
    ...aussi dans des thèmes conformes au nouveau goût d’une classe exigeante et passionnée d’humanistes érudits, souvent collectionneurs d’œuvres uniques. Les dessins sur papier préparé offrent aux yeux une feuille entièrement couverte d’une teinte marron, ou vert olive, ou rouge brun…, sur laquelle la composition...
  • Afficher les 163 références

Voir aussi