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DESSIN

Attribution et destination

On a vu que, dans certains cas, des mentions de l'attribution sont fournies par les cartouches des montages, indications bien précieuses car elles sont parfois presque contemporaines de l'exécution du dessin. Cependant, le résultat de l'attribution est en fait le résumé d'une méthode, d'un procédé d'analyse qui a pour but de se rapprocher le plus possible de la vérité. Le critère le plus sûr est donné par la présence de documents écrits, de contrats établis par le commanditaire de l'artiste dont le nom est ainsi mentionné. Or, dans le domaine des dessins, on connaît fort peu d'exemples de contrats, sauf dans le cas de modelli, c'est-à-dire de dessins très élaborés destinés à être soumis au commanditaire avant l'œuvre définitive. Du moins, le recoupement avec des contrats pour des peintures dont les dessins sont des œuvres préparatoires fournit-il de bons arguments pour une attribution.

Les «  signatures » apposées sur la surface des dessins sont rarement des originaux, bien souvent il faut plutôt parler d'annotations. Celles-ci peuvent être contemporaines, mais sont généralement plus tardives. Dans certains cas, elles aident au raisonnement menant à la découverte de la bonne attribution, mais cependant elles doivent toujours être mises en doute. D'ailleurs, ces signatures avaient peu de raisons d'être pour les dessins anciens, puisque ceux-ci étaient conçus comme un travail préliminaire, comme un essai, et parfois détruits après l'exécution définitive. En fait, les signatures ne deviennent courantes que dans la seconde moitié du xviie ou plutôt vers le début du xviiie siècle ; elles se généralisent aux xixe et xxe siècles, lorsque s'affirmera la personnalité de l'artiste. Jusqu'alors, le dessin était plutôt considéré comme une œuvre d'atelier s'inscrivant dans le cadre de grandes entreprises décoratives qui nécessitaient d'abondants travaux collectifs.

D'autres critères permettent de cerner au plus près la vérité. Ce sont d'abord les témoignages de la tradition contemporaine, ceux des historiens comme Giorgio Vasari, auteur des Vite de' più eccellenti pittori, scultori ed architettori (1550), ou Filippo Baldinucci, auteur des Notizie. Ceux-ci décrivent dans leurs ouvrages certains dessins importants, que l'on a pu ainsi identifier et attribuer avec la certitude la plus grande lorsqu'il s'agit d'artistes contemporains.

À la base de tous les raisonnements intervenant dans le processus de l'attribution, le rapprochement du dessin avec une œuvre identifiée, qu'il s'agisse d'une peinture, d'une architecture, d'une sculpture ou d'un objet décoratif, est le procédé le plus courant. La comparaison entre le dessin et l'œuvre définitive permet généralement d'étudier les modifications intervenues au cours de l'exécution. Le dessin préparatoire présente, en principe, de légères variantes par rapport à l'œuvre définitive. Lorsqu'il y a une totale ressemblance entre le dessin et la peinture, on peut alors se demander s'il ne s'agit pas d'une éventuelle copie exécutée d'après l'œuvre originale terminée.

Pour la majorité des œuvres anciennes, les dessins que l'on possède aujourd'hui sont souvent plus nombreux que les œuvres pour lesquelles ils ont été exécutés, soit que l'œuvre ait disparu, soit qu'elle n'ait pas été menée à bien. Dans ce dernier cas, les dessins demeurent les seuls témoignages des œuvres entreprises et non réalisées.

Les arguments énumérés jusqu'ici font surtout appel au raisonnement et à la connaissance historique. Il en est d'autres, cependant, comme celui de la connaissance du style d'un dessinateur, de la perception sensible de son écriture. Cette[...]

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Pour citer cet article

Robert FOHR et Geneviève MONNIER. DESSIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Étude d'ensemble pour le «Serment des Horaces», J. L. David, 1 - crédits : École nationale supérieure des beaux-arts, Paris

Étude d'ensemble pour le «Serment des Horaces», J. L. David, 1

Autres références

  • DESSIN CONTEMPORAIN

    • Écrit par Philippe PIGUET
    • 2 084 mots
    • 1 média

    Longtemps cantonné à l'émergence d'un motif sur une simple feuille de papier, le dessin a conquis au fil du temps de nouveaux espaces et de nouvelles formes en se confrontant à des médiums, des techniques et des protocoles nouveaux. L'éclatement des pratiques artistiques, dont l'...

  • DÉVELOPPEMENT ET APPRENTISSAGE DU DESSIN

    • Écrit par Delphine PICARD
    • 1 245 mots

    L’espèce humaine dispose d’une variété de modes de notation externe des objets de l’environnement servant à la communication. Le dessin est l’un de ces modes. Dessiner consiste à produire de manière ordonnée dans le temps un ensemble de formes graphiques dans un espace restreint, en général...

  • ACADÉMISME

    • Écrit par Gerald M. ACKERMAN
    • 3 543 mots
    • 2 médias

    Le terme « académisme » se rapporte aux attitudes et principes enseignés dans des écoles d'art dûment organisées, habituellement appelées académies de peinture, ainsi qu'aux œuvres d'art et jugements critiques, produits conformément à ces principes par des académiciens, c'est-à-dire...

  • L'ÂGE D'OR DU ROMANTISME ALLEMAND (exposition)

    • Écrit par Jean-François POIRIER
    • 1 063 mots

    Le musée de la Vie romantique (Paris) a consacré du 4 mars au 15 juin 2008 une exposition à L'Âge d'or du romantisme allemand, aquarelles et dessins à l'époque de Goethe. Dans sa Préface au catalogue, Pierre Rosenberg avoue préférer le sous-titre : Aquarelles et dessin à l'époque...

  • AILLAUD GILLES (1928-2005)

    • Écrit par Jean JOURDHEUIL
    • 790 mots

    Né en 1928 à Paris, le peintre Gilles Aillaud, fils de l'architecte Émile Aillaud, étudia la philosophie après guerre, puis revint à la peinture qu'il avait pratiquée avec assiduité durant son adolescence. Son devenir-peintre n'eut pas lieu dans une école des Beaux-Arts mais silencieusement, dans un...

  • ALBRECHT ALTDORFER. MAÎTRE DE LA RENAISSANCE ALLEMANDE (exposition)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 177 mots
    • 1 média
    ...aussi dans des thèmes conformes au nouveau goût d’une classe exigeante et passionnée d’humanistes érudits, souvent collectionneurs d’œuvres uniques. Les dessins sur papier préparé offrent aux yeux une feuille entièrement couverte d’une teinte marron, ou vert olive, ou rouge brun…, sur laquelle la composition...
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Voir aussi