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COMÉDIE-FRANÇAISE

Une troupe permanente

Autre caractéristique de cette Maison, sa troupe permanente. Celle-ci se compose de pensionnaires (18, en février 2007), recrutés par l'administrateur général pour un contrat à durée indéterminée, avec une période d'essai de deux ans, et de sociétaires (39, en février 2007) cooptés par leurs pairs parmi les pensionnaires et réunis par acte notarié au sein de la Société des comédiens-français. Au fil du temps, certains de ses membres ont contribué à forger le prestige de la Comédie-Française. Parmi ceux-ci, on peut citer François Joseph Talma, Sarah Bernhardt, Rachel, Mounet-Sully, Jean-Louis Barrault, Béatrix Dussane, ou encore, dans la seconde moitié du xxe siècle, Jacques Charon et Robert Hirsch. Avec cette troupe et le personnel de ses différents services, la Comédie-Française doit notamment répondre à l'alternance des œuvres présentées, propre à son fonctionnement. Ce mode de programmation, unique dans le théâtre français, dicte des règles strictes tant aux comédiens qu'aux techniciens : il n'est pas rare de voir cinq spectacles présentés alternativement, durant la même semaine, Salle Richelieu.

C'est avec cette organisation structurelle, que les administrateurs – nommés par le président de la République –, qui se succédèrent à sa tête, doivent répondre aujourd'hui à sa vocation fondée sur la diffusion du répertoire, qui va des classiques aux grands auteurs français et étrangers du xxe siècle. La longue liste de plus de trois mille titres qui composent ce dernier aborde tous les genres et toutes les époques. Progressivement, une place a été faite à la dramaturgie contemporaine, en particulier sous les administrations successives de Jean-Pierre Vincent (1983-1986), Antoine Vitez (1988-1990), Jacques Lassalle (1990-1993), Jean-Pierre Miquel (1993-2001) et Marcel Bozonnet (2001-2006). Ainsi, ces dernières années, « l'entrée au répertoire » a été accordée à des auteurs aussi différents que Marguerite Duras, Marie N'Diaye, Thomas Bernhard, Valère Novarina ou Bernard-Marie Koltès. Ce désir d'ouverture s'est accompagné de programmations diversifiées (redécouvertes d'auteurs anciens, formes légères ou brèves) qui ont nécessité de nouveaux espaces de représentation. C'est pourquoi, après avoir disposé temporairement – à une certaine époque – des salles de l'Odéon, la Comédie-Française s'est engagée dans la conquête de lieux complémentaires. En 1993, elle obtient l'attribution du théâtre du Vieux-Colombier entièrement rénové (330 places), puis, en 1996, la réalisation du Studio-Théâtre (136 places) au cœur du Carrousel du Louvre. Deux atouts supplémentaires pour élargir son répertoire et sa programmation. Administrateur général de 2006 à 2014, Muriel Mayette (sociétaire depuis 1998) opère une redéfinition de ces orientations, avec une volonté « de remettre la Troupe et ses artisans au cœur de la Maison », de veiller à son rayonnement avec des ouvertures en direction du public, « de redonner du souffle aux tournées européennes et internationales », ou encore d'effectuer une remise en cause. « Car la Comédie-Française est à la fois unique et multiple, et cette particularité lui impose une vocation propre : du fait même du poids de sa tradition et de sa mission patrimoniale, elle peut aussi se transformer en un laboratoire ». Nommé administrateur général à partir du 4 août 2014, Éric Ruf va s’efforcer à son tour de concrétiser ces objectifs afin d’engager une nouvelle dynamique et d’inscrire dans le IIIe millénaire la Comédie-Française au rang des institutions théâtrales phares en Europe .

— Jean CHOLLET

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Pour citer cet article

Jean CHOLLET. COMÉDIE-FRANÇAISE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<em>Les Fourberies de Scapin</em> de Molière, mise en scène de Denis Podalydès - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Les Fourberies de Scapin de Molière, mise en scène de Denis Podalydès

Autres références

  • ATHALIE, Jean Racine - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 176 mots

    À Versailles, devant Louis XIV et le dauphin, le 5 janvier 1691, on vit pour la première fois Athalie,tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine (1639-1699). Sans costumes ni décor, cette tragédie biblique inspirée du Livre des Rois et du Livre des Chroniques fut représentée par les demoiselles...

  • BARRAULT JEAN-LOUIS (1910-1994)

    • Écrit par Raymonde TEMKINE
    • 1 337 mots
    • 1 média
    ...écrivant pour lui une version scénique abrégée, qui dure cependant cinq heures, en pleine Occupation et par temps de couvre-feu. C'est un immense succès à la Comédie-Française où Barrault, alors interprète de Rodrigue, est entré en 1940. Il en part avec Madeleine Renaud en 1946. Leur compagnie s'installe au...
  • BEAUMARCHAIS PIERRE-AUGUSTIN CARON DE (1732-1799)

    • Écrit par Pierre FRANTZ
    • 4 172 mots
    • 1 média
    ... de Voltaire et va le mener à bien : c'est l'édition de Kehl dont le dernier volume paraît en 1790. Il est, dès 1776, en conflit avec la Comédie-Française et réussit à regrouper les auteurs dramatiques pour faire valoir leurs droits ; il jette ainsi les bases d'une réglementation de la ...
  • BELL MARIE (1900-1985)

    • Écrit par Didier MÉREUZE
    • 575 mots

    Née le 23 décembre 1900, à Bègles, Marie-Jeanne-Lucie Bellon-Downey – future Marie Bell – ne semblait d'abord devoir s'intéresser qu'à la danse. Petit rat au Grand Théâtre de Bordeaux, c'est en Angleterre qu'elle fait, à treize ans, ses vrais débuts. C'est là aussi qu'elle rencontre son oracle en la...

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Voir aussi