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BOUDDHISME (Histoire) Le Buddha

La légende du Buddha

Telle qu'elle est contée dans les recueils canoniques et plus encore dans les ouvrages postérieurs, la biographie traditionnelle du Buddha est essentiellement légendaire et vise surtout à glorifier celui-ci. Elle est constituée autour de trois noyaux indépendants, qui furent réunis après le début de l'ère chrétienne en une seule biographie, et celle-ci fut progressivement complétée par l'adjonction de nombreux autres récits.

Le premier de ces trois noyaux conte la jeunesse du futur Buddha depuis sa naissance jusqu'à son abandon de la vie laïque. En fait, il s'agit là d'une légende tissée autour de la personne d'un de ses fabuleux prédécesseurs, nommé Vipaśyin, avec toutes les ressources de l'imagination des anciens Indiens, mais on a simplement recopié ce conte vers le début de l'ère chrétienne en remplaçant Vipaśyin par Gautama. Cela fut facilité par le fait que seuls de très rares souvenirs avaient été gardés de la jeunesse du Bienheureux.

Le deuxième noyau se rapporte vraiment, lui, à la vie de ce dernier, bien que les détails merveilleux y abondent à côté des éléments vraisemblables, dont quelques-uns paraissent historiques. Il a pour axe l'Éveil, mais il conte aussi les efforts accomplis par le jeune ascète Gautama pour atteindre ce but et divers événements qui auraient eu lieu après qu'il fut devenu un Buddha, notamment le sermon dit « de Bénarès » et les premières conversions à Uruvilvā (aujourd'hui Buddh-Gaya, à 100 km au sud de Patna), où la tradition situe l'Éveil, et dans la région voisine.

Le troisième noyau, contenu dans le long et célèbre Mahāparinirvāṇa-sūtra, a pour sujet principal l'« Extinction complète » du Bienheureux. Il conte en détail le dernier voyage du Buddha de Rājagṛha (l'actuel Rajgir, à 70 km au sud-est de Patna) à Kuśinagara, la mort du maître à cet endroit, ses funérailles solennelles, semblables à celles d'un roi très puissant, et le partage de ses ossements entre plusieurs groupes de dévots laïcs venus les réclamer, les armes à la main. Les éléments vraisemblables, en particulier les sermons, y sont nettement plus nombreux que les autres, bien que leur historicité soit presque toujours pour le moins douteuse. Cependant, les récits de prodiges n'en sont pas absents, notamment pour ce qui touche aux funérailles, dont ils soulignent fortement la solennité.

La légende du Buddha ne se limite pas au récit de sa dernière existence. Très tôt, dès avant Aśoka, ses dévots imaginèrent ce qu'avaient été ses vies antérieures et les exploits qu'il y avait accomplis, actions hautement méritoires dont la maturation lui avait permis d'atteindre l'Éveil beaucoup plus tard. Pour cela, ils n'hésitèrent pas à puiser dans la vaste collection des contes populaires et des légendes royales, en les adaptant aux besoins de l'édification bouddhique. Les héros de ces contes étant souvent des animaux, cela permettait de montrer que, même quand il était re-né dans le corps d'un singe, d'un éléphant, d'un oiseau, d'une tortue, etc., le futur Buddha, le Bodhisattva, avait pratiqué à la perfection les grandes vertus de bonté, de compassion, de patience, de renoncement, d'énergie, de sagesse, etc., sans hésiter à sacrifier sa propre vie à l'occasion. Ainsi se constitua très vite un ensemble de plusieurs centaines de récits contant les « naissances » ( jātaka) antérieures du Bienheureux Gautama, qui jouirent d'une très grande popularité ; celle-ci s'est maintenue jusqu'à nos jours.

Cette popularité des Jātaka et celle, équivalente, de la biographie légendaire du Buddha contribuèrent certainement, pour une large part et très tôt, à la glorification du Bienheureux. Celui-ci fut regardé par ses fidèles émerveillés comme[...]

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Écrit par

  • : professeur au Collège de France, chaire d'étude du bouddhisme

Classification

Pour citer cet article

André BAREAU. BOUDDHISME (Histoire) - Le Buddha [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Buddhapada. Andhra Pradesh, Inde - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Buddhapada. Andhra Pradesh, Inde

Autres références

  • ARHAT ou ARHANT

    • Écrit par Jean-Christian COPPIETERS
    • 308 mots

    Le terme arhat ou arhant (de la racine arh, mériter), que l'on peut traduire par « saint », désigne dans le bouddhisme ancien le stade le plus élevé dans la progression religieuse pour les adeptes du Petit Véhicule, stade qui fait suite aux étapes de srotaāpanna, de sakrdāgāmin et d'anāgāmin....

  • ASIE DU SUD-EST (art et archéologie) - Les grands empires

    • Écrit par Bernard Philippe GROSLIER
    • 4 138 mots
    • 5 médias
    ...comme sous le manteau de l'islam à Java. Sauf à Bali où, précisément, les beaux travaux de l'école hollandaise ressuscitent des archaïsmes fascinants. Le bouddhisme, lui, et par une curieuse symétrie inverse, fut chassé de l'Inde (sauf de Ceylan) mais est devenu en Birmanie, en Thaïlande, au Laos...
  • AVALOKITEŚVARA

    • Écrit par Marie-Thérèse de MALLMANN
    • 672 mots
    • 1 média

    Le mot « Avalokiteśvara » vient du sanskrit ava, de haut en bas ; lokita, racine lok, voir, regarder ; īśvara, seigneur, maître, donc « Seigneur qui regarde d'en haut », sous-entendu « avec commisération » ; il est appelé aussi Lokeśvara (loka, monde visible, īśvara). La...

  • BAREAU ANDRÉ (1921-1993)

    • Écrit par Bernard FRANK
    • 853 mots

    André Bareau a été la totale incarnation des vertus que requiert l'étude approfondie du bouddhisme et de celles qu'elle est susceptible d'apporter en retour. Né en 1921 à Saint-Mandé, il passa à dix-sept ans le concours de l'école normale d'Auteuil et s'y prépara au métier d'instituteur, mais son attirance...

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