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ARCHITECTURE RELIGIEUSE AU XXe SIÈCLE, France

L'appel aux « grands »

Au demeurant, était-il encore opportun de construire des églises ? Deux rédacteurs de la revue L'Architecture d'aujourd'hui (Pierre Vago en 1934, Rémi Le Caisne en 1957) en ont longtemps douté, l'un regrettant le profond matérialisme de ses contemporains, l'autre constatant surtout, après la Seconde Guerre mondiale, l'incapacité de l'architecture religieuse à exprimer les drames de son temps.

Une autre question allait dominer le débat des années 1950 : faut-il, pour que l'œuvre soit réussie, que l'artiste ou l'architecte soit nécessairement croyant ? Le philosophe chrétien Jacques Maritain avait soulevé le problème, dans son ouvrage Art et scolastique (1920) ; c'est toutefois le père Couturier qui sera, après 1945, le principal artisan de ce renouveau théorique. Décidé à pallier la médiocrité de l'art sacré produit par ses contemporains, ce peintre devenu dominicain – et directeur, avec le père Régamey, de la revue L'Art sacré – choisira d'en appeler aux créateurs vivants les meilleurs, quelles que soient leurs convictions.

Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp : représentation schématique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp : représentation schématique

L'église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du plateau d'Assy (Haute-Savoie, 1944-1950), conçue par Maurice Novarina et décorée par Léger, Braque, Chagall, Rouault, Jean Lurçat et Matisse, ainsi que la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire à Vence (1951), entièrement conçue par ce dernier (conseillé par Auguste Perret), sont de ce point de vue des moments décisifs. Plus éloquents encore sont la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp (Haute-Saône, 1950-1955), œuvre lyrique dans laquelle Le Corbusier donne la pleine mesure de son sens du sacré, et le couvent de la Tourette à l'Arbresle près de Lyon (1953-1960), où le même architecte confère à la lumière, tout autant qu'au béton brut, le rôle de matériau essentiel, répondant parfaitement aux besoins des Dominicains. Auguste Perret et André Lurçat contribuent eux aussi à renouveler l'esthétique de l'église : Saint-Joseph du Havre (1951-1954), ultime œuvre monumentale de l'architecte du Raincy, est encore l'occasion, pour cet agnostique, de prouver son indéfectible attachement à l'art sacré – il y concrétise en outre son projet d'église-tour à plan centré, proposé en 1926 pour la basilique Sainte-Jeanne-d'Arc à Paris ; Saint-Pierre de Maubeuge (1948-1958), unique lieu de culte conçu par Lurçat, est la manifestation la plus évidente et la plus originale de la fascination de cet architecte, proche du Parti communiste, pour l'art baroque.

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

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Médias

Sacré-Cœur de Montmartre, Paris, les coupoles - crédits : Doug Armand/ Getty Images

Sacré-Cœur de Montmartre, Paris, les coupoles

Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp : représentation schématique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp : représentation schématique

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