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ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) République démocratique allemande

La Deutsche DemokratischeRepublik (D.D.R., en français R.D.A.) s'est comportée, de sa création en 1949 à la chute du Mur de Berlin en 1989, comme la démocratie populaire la plus fidèle à Moscou et comme l'une des plus réticentes à faire place aux aspirations libérales qui se manifestaient dans le camp socialiste.

De prime abord, cette attitude peut sembler paradoxale car l'Allemagne de l'Est fut longtemps traitée sans ménagement par Staline qui lui fit largement supporter le poids de la défaite du nazisme. La fidélité des dirigeants est-allemands à l'égard du Kremlin s'explique néanmoins par la situation particulière de leur État. Pris entre leur patriotisme qui les orientait vers la réunification de l'Allemagne et leurs convictions marxistes, qui les incitaient à consolider chez eux le socialisme, ils étaient conscients qu'une réunification ne pourrait se faire qu'au profit des forces économiques et sociales dominantes en R.F.A. Ainsi s'expliquent, d'une part, la persistance de leur attitude hostile envers les dirigeants ouest-allemands accusés de visées bellicistes et impérialistes et, de l'autre, leur soutien inconditionnel à l'U.R.S.S., garante à leurs yeux contre toute tentative de réunification au profit de la R.F.A. Ce fut enfin la raison de leurs efforts aussi gigantesques que peu réalistes pour élever leur économie au niveau atteint par celle de la République fédérale, condition indispensable, mais qui s'avéra utopique, à une réunification allemande qui ne serait pas une simple absorption de leur État.

La zone soviétique (mai 1945-oct. 1949)

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943 - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943

La zone soviétique est née de la Seconde Guerre mondiale. Les Alliés, États-Unis, Grande-Bretagne, Union soviétique, ayant décidé de n'accepter du Reich hitlérien qu'une capitulation sans conditions (conférence de Casablanca, janv. 1943), durent envisager l'occupation totale du territoire ennemi. La zone attribuée à l'Armée soviétique comprenait la partie orientale du territoire allemand de 1937, jusqu'à une ligne Lübeck-Helmstedt-Eisenach-Hof. Mais l'Union soviétique transféra au gouvernement provisoire polonais l'administration des territoires allemands situés à l'est de la ligne Oder-Neisse et ne considéra plus ces territoires comme faisant partie de sa zone d'occupation. Celle-ci représentait ainsi 100 000 km2 environ, soit 23 p. 100 du territoire, 22 p. 100 de la population et du revenu national du Reich de 1937.

Le prix de la défaite

Le 5 juin 1945, les commandants en chef des armées victorieuses prenaient l'autorité suprême en Allemagne et le maréchal Joukov annonçait l'entrée en fonctions, sous son commandement, d'une administration militaire (Sowjetischemilitärische Administration : S.M.A.) chargée de la zone soviétique d'occupation (SowjetischeBesitzungszone : S.B.Z.).

Le maréchal resta en fonctions jusqu'au 10 avril 1946 et son action répondit à une double préoccupation : réparations et sécurité. L'U.R.S.S. avait, à Yalta, avancé une demande de réparations de 10 milliards de dollars ; d'accord sur le principe, les Anglo-Saxons contestèrent le montant. Dès leur entrée en Allemagne, les Soviétiques se payèrent sur le terrain (Trophäenaktion) : machines-outils, voies ferrées, installations sanitaires furent expédiées en Russie. Puis, conformément aux décisions de Potsdam qui leur permettaient de prélever 40 p. 100 de l'équipement industriel de leur zone, à partir de l'été de 1945 ils démontèrent de nombreuses usines.

La politique de sécurité comportait des clauses territoriales : cession à l'U.R.S.S. de Königsberg et du nord de la Prusse-Orientale, recul de la frontière orientale de l'Allemagne jusqu'à la ligne Oder-Neisse. La conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945 entérina ces[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
  • : professeur d'université, docteur d'État, directrice de l'Institut d'études germaniques, université François-Rabelais, Tours

Classification

Pour citer cet article

Georges CASTELLAN et Rita THALMANN. ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943 - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943

Blocus de Berlin, 1948 - crédits : National Archives

Blocus de Berlin, 1948

Soulèvement ouvrier à Berlin-Est (juin 1953) - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Soulèvement ouvrier à Berlin-Est (juin 1953)

Autres références

  • ALLEMAGNE - Les institutions

    • Écrit par Stéphane SCHOTT
    • 4 249 mots

    Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....

Voir aussi