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REVENU NATIONAL

En première approximation, le revenu national est la quantité de richesse dont peuvent disposer chaque année les habitants d'un pays sans s'appauvrir et sans en compromettre le revenu des années suivantes – c'est-à-dire en laissant intactes les sources de ce revenu.

Cette définition du revenu national suppose que l'on distingue, d'une part, l'ensemble de la richesse existant dans un pays à un instant donné (bâtiments, machines, terres, etc.), qui constitue un stock – les comptables parlent à ce propos de « patrimoine » –, et, de l'autre, la richesse nouvellement produite, disponible chaque année, qui est un flux, appelée revenu ou production.

En outre, il est usuel de distinguer le revenu national brut – celui que reçoivent effectivement les personnes qui participent à la production – du revenu national net – ce qui leur reste lorsqu'on met de côté ce qui est nécessaire pour maintenir en l'état le patrimoine.

La notion de revenu national est inséparable de celle de production. En effet, la production donne lieu à deux flux : celui des biens et services (appelé souvent produit), et celui des revenus distribués à ceux qui participent à cette production. Ces deux flux sont conceptuellement différents, mais dans la réalité ils peuvent se confondre. Il est parfois impossible de les distinguer, par exemple dans le cas de la production pour l'autoconsommation des familles paysannes, puisque pour elles le même objet (lait, œuf, poulet, etc.) est à la fois produit et revenu.

En fait, si l'on fait abstraction des relations avec l'étranger, le revenu national brut est rigoureusement égal au produit national brut (P.N.B.), qui n'est plus un agrégat officiel mais dont le sigle reste plus couramment employé que celui de R.N.B. (revenu national brut). C'est pourquoi, par la suite, nous parlerons souvent de production et de produit national brut.

Le concept de revenu national est utilisé à la fois dans la théorie économique et dans la comptabilité nationale, mais pas de la même manière. Dans la théorie économique, il s'agit de délimiter une catégorie logique (revenu) qui va servir dans des raisonnements abstraits dont le but est de découvrir les lois du fonctionnement du système économique. Dans la comptabilité nationale, le but est plutôt de délimiter une catégorie pratique (susceptible d'être mesurée) et qui servira notamment pour éclairer le gouvernement dans la prise de décisions qui touchent à l'économie. Ce double usage du concept peut parfois faire croire qu'on est en face de deux notions totalement différentes désignées par un même nom.

Aux origines du mot revenu

Le mot revenu est formé du verbe « venir » et du préfixe « re » qui suggère une répétition ; il désigne donc quelque chose qui vient à nouveau (chaque année, en principe). Il est intéressant de remarquer que le mot équivalent en anglais, income, fait plutôt penser à quelque chose que l'on « rentre » dans sa maison (in et come), comme pour le protéger des intempéries ou d'un environnement hostile. Cette nuance explique, en partie, la différence qui existe dans l'utilisation de ces mots en anglais et en français.

Au xviiie siècle, le mot français de revenu désignait parfois la production elle-même (la récolte, par exemple), parfois ce qui était distribué (en monnaie ou en biens) à l'occasion de la production. En anglais, le mot income a gardé ce double sens (ainsi, on parle de income produced et de income distributed), tandis qu'en France le mot revenu est essentiellement (mais pas toujours) utilisé dans le second sens. Ainsi, ce qu'on appelle comptabilité nationale dans les universités françaises est dénommé aux États-Unis national income analysis ; dans l'un et l'autre cas, c'est à la fois du revenu et de la production d'un pays qu'il[...]

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Écrit par

  • : chercheur au G.R.E.S.E., université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : président de l'Association pour la diffusion de l'économie politique

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