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ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) République démocratique allemande

L'affirmation sur la scène internationale (1968-1973)

Une action diplomatique patiente

Cette « reconnaissance » restait bloquée par la démocratie chrétienne dominante à Bonn. Se fondant sur les protocoles de Paris du 20 octobre 1954 selon lesquels « jusqu'à la conclusion d'un traité de paix, les États signataires (États-Unis, Grande-Bretagne, France) uniront leurs efforts en vue d'atteindre leur objectif commun – une Allemagne réunifiée, dotée d'une Constitution libérale et démocratisée, semblable à celle de la République fédérale, et intégrée à la Communauté européenne (art. 2 et 7) » –, la R.F.A. se considérait, en attendant, comme la seule représentante légitime du peuple allemand. En vertu de la théorie de la représentation exclusive (Alleinvertretung), la R.D.A. n'existait pas en tant qu'État et n'était que « la zone d'occupation soviétique », dont les dirigeants tenaient leur pouvoir de l'occupant et non d'élections exprimant la volonté populaire. De ce fait, toute reconnaissance sur le territoire allemand d'une autorité gouvernementale autre que celle de Bonn était considérée par celle-ci comme un acte d'hostilité grave, entraînant ipso facto la rupture des relations diplomatiques. À cette doctrine Hallstein, qui condamnait la R.F.A. d'Adenauer, puis du chancelier Erhard, à l'immobilisme politique sur le plan international s'opposait le Document national de la R.D.A., élaboré en 1962, qui préconisait la confédération de deux États allemands, tout en proclamant que l'avenir de l'Allemagne était au socialisme et que la R.D.A. « comme État allemand socialiste incarnait l'avenir de la nation tout entière ».

En attendant une évolution des rapports avec « l'autre Allemagne », Walter Ulbricht avait obtenu la présence de la R.D.A. parmi les signataires du traité antiatomique de Moscou du 8 août 1963 et la signature, le 12 juin 1964, d'un nouvel accord d'amitié et de coopération avec l'U.R.S.S. garantissant ses frontières. Mais cette dernière devait essuyer un échec lorsqu'elle présenta, en janvier 1965, la candidature de la R.D.A. à l'O.N.U. La percée en direction du Tiers Monde, tentée au cours de cette même année par Walter Ulbricht lors d'une visite au Caire, s'avéra également décevante. Craignant les effets de la doctrine Hallstein, la plupart des pays en voie de développement limitèrent leurs relations à l'ouverture de représentations commerciales et de consulats. À la lumière de ces échecs, la R.D.A. se résolut à engager le dialogue avec Bonn : après les projets de rencontre S.E.D.-S.P.D. de 1964-1965, l'arrivée au pouvoir, en décembre 1966, du gouvernement de « grande coalition » du chancelier Georg Kiesinger – avec pour vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères le social-démocrate Willy Brandt – modifiait, il est vrai, sensiblement la situation. La « nouvelle politique à l'Est » ( Ostpolitik) de la R.F.A. visait à établir des rapports diplomatiques normaux vis-à-vis de l'U.R.S.S. et des pays socialistes, avec tous les avantages économiques et politiques qui pourraient en découler. L'obtention de ces avantages impliquait la reconnaissance des « conséquences de la guerre » en Europe centrale, notamment celle des frontières de la ligne Oder-Neisse, la renonciation au pays des Sudètes, la reconnaissance d'un second État allemand – la R.D.A. – sur le sol allemand.

En avril 1967, Willy Brandt s'adressait, en tant que président du S.P.D., au VIIe congrès du S.E.D. pour lui proposer des mesures tendant à améliorer les relations humaines et économiques entre les deux Allemagnes. Conforté par l'appui que venait de lui réitérer la Conférence des partis communistes de Karlovy Vary (26 avril 1967), Willy Stoph[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
  • : professeur d'université, docteur d'État, directrice de l'Institut d'études germaniques, université François-Rabelais, Tours

Classification

Pour citer cet article

Georges CASTELLAN et Rita THALMANN. ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943 - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943

Blocus de Berlin, 1948 - crédits : National Archives

Blocus de Berlin, 1948

Soulèvement ouvrier à Berlin-Est (juin 1953) - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Soulèvement ouvrier à Berlin-Est (juin 1953)

Autres références

  • ALLEMAGNE - Les institutions

    • Écrit par Stéphane SCHOTT
    • 4 249 mots

    Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....

Voir aussi