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NAZISME

Le terme « nazisme » s’est formé à partir de Nazi, sobriquet méprisant adopté par les sociaux-démocrates et communistes allemands pour désigner, par abréviation, de nouveaux adversaires surgis lors des élections législatives de 1928, sous la République de Weimar : les députés du N.S.D.A.P., Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, le parti national-socialiste des travailleurs allemands. Ainsi sont nés avec ce parti le « national-socialisme », ou nazisme, termes désignant à la fois la doctrine et le programme suivis par ce nouveau mouvement politique allemand durant toute la période de sa domination, appelée IIIe Reich.

Le nazisme a pour aboutissement la Seconde Guerre mondiale qui laisse une Europe en ruines et 60 millions de morts, ainsi que le génocide contre les Juifs  (plus de six millions de victimes éliminées en très peu de temps, quatre ans au plus). Sa politique a conduit à un désastre civilisationnel et moral. Les interprétations de ce phénomène historique, inédit par sa violence et son énergie, trahissent une immense perplexité face à l’intensité et à l’extension de ses crimes. Contre tous ceux qui ont adopté des lectures résolument non rationnelles  le nazisme serait, au choix, la conséquence d’une pathologie mentale, d’une possession démoniaque, d’une réaction naturelle contre le péril marxiste, d’une contamination du fascisme italien, voire d’une barbarie allemande atavique, etc. , les historiens privilégient la pluralité des facteurs.

Idéologie anti-Lumières

C’est d’abord une idéologie, une « vision du monde » (en allemand Weltanschauung) qui est mise en œuvre par le régime politique instauré en Allemagne à partir du 30 janvier 1933, puis dans une Europe envahie à partir de 1939. Pour la qualifier simplement, cette idéologie est une réaction contre la Révolution française et son héritage, un rejet de tout ce qui est perçu comme ses conséquences (droits universels de l’homme, libéralisme politique, parlementarisme) ou ses fondements (humanisme, théorie du droit naturel, rationalisme des Lumières). Si l’on suit l’analyse de l’historien Zeev Sternhell, le nazisme s’inscrit donc parfaitement dans la tradition européenne des anti-Lumières et de la contre-révolution, mais il se distingue des idées réactionnaires et conservatrices en ce qu’il prend acte de la Révolution, ou plutôt de son irréversible conséquence : l’entrée des masses en politique, consacrée par 1789, confirmée par l’histoire des mouvements révolutionnaires et nationaux du xixe siècle (dont le printemps des peuples en 1848 marque l’apogée), et scellée définitivement par la conscription et par la mort de masse pendant la Grande Guerre (1914-1918).

Pour les nazis et pour leur chef, Adolf Hitler, il est évident que la roue de l’histoire a tourné et que les monarchies sont mortes, comme en témoigne l'effondrement des empires européens de 1917 à 1919. La République est tout autant exclue, car ce régime politique repose, à leurs yeux – comme à ceux des théoriciens de la contre-révolution –, sur des postulats faux, littéralement contre-nature : la démocratie y présuppose l’égalité de tous les hommes et leur égal accès au suffrage et aux fonctions électives.

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Johann CHAPOUTOT. NAZISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Boycott anti-juifs, Allemagne, 1933 - crédits : Hulton-Deutsch/ Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images

Boycott anti-juifs, Allemagne, 1933

Défilé nazi, 1938 - crédits : Berliner Verlag/ Archiv/ picture alliance/ Getty Images

Défilé nazi, 1938

Autres références

  • ACCESSION D'HITLER AU POUVOIR

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 209 mots
    • 1 média

    Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier, dans la légalité républicaine définie par la Constitution de Weimar. À ce moment-là, son parti, le Parti ouvrier allemand national-socialiste (N.S.D.A.P.) ou Parti « nazi » qui veut tenter, après Mussolini, une synthèse du nationalisme...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    ...libérales rassurés par une monnaie stable. Mais, en 1930, le marasme économique va avoir sur la majeure partie de la bourgeoisie une influence décisive. Le trouble et l'incertitude où se débat l'Allemagne la poussent vers le national-socialisme, seul capable à ses yeux de faire sortir l'Allemagne d'une...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande

    • Écrit par Georges CASTELLAN, Rita THALMANN
    • 19 516 mots
    • 6 médias
    ...la musique rock allait, dans certains cas, jusqu'à des manifestations publiques, voire l'émergence de skinheads scandant des slogans néo- nazis et antisémites. À cette situation inimaginable auparavant répondit une réflexion critique d'intellectuels, comme l'écrivain Stefan Hermlin qui avait...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par Alfred GROSSER, Henri MÉNUDIER
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    ...quelques soldats de la Waffen-S.S. Toute une polémique éclate au milieu des années 1980 entre les historiens allemands sur la singularité des crimes nazis et sur l'opportunité de les comparer à ceux commis en d'autres lieux et en d'autres temps (notamment les crimes de Staline). Le président du Bundestag,...
  • Afficher les 142 références

Voir aussi