Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) République démocratique allemande

La perspective de l'« État socialiste du peuple » (1981-1989)

Dans la perspective historique du marxisme, la République démocratique allemande s'attacha à « l'édification intégrale du socialisme » (Vollendendung des Sozialismus) qui la ferait accéder à « l'État socialiste du peuple » (sozialistischerVolksstaat) dont l'U.R.S.S. était l'exemple. À ce stade, « la totale unité politico-morale de tout le peuple » devait se substituer à la dictature du prolétariat toujours en vigueur. Le moteur de la transformation demeurait en effet la classe ouvrière, « force dirigeante qui est représentée par son Parti marxiste-léniniste ». Fort de ses 2 172 110 membres, soit 13 p. 100 de la population (16 732 486 hab. recensés en déc. 1981), le S.E.D. contrôlait plus que jamais l'appareil de l'État, l'administration, la vie économique et socioculturelle. Aucun « dépérissement » du parti, suivant l'exemple yougoslave, n'était en vue et, dans le camp socialiste, on plaisantait parfois le « marxisme à la prussienne » pratiqué en R.D.A.

Sur le plan économique, après avoir surmonté la crise des années 1961-1962, la R.D.A. avait réussi, par la modernisation et la concentration de son agriculture et par une industrie entièrement « socialisée », à devenir la cinquième puissance industrielle d'Europe et la deuxième du camp socialiste après l'U.R.S.S. Mais la crise qui frappait depuis 1973 les pays industrialisés, en raison du renchérissement de l'énergie et des matières premières, contraignait ce pays, pauvre en ressources naturelles et en main-d'œuvre, à accroître constamment l'effort de productivité par le développement des sciences et des techniques ainsi que par celui de la qualification professionnelle.

L'effort porta également sur l'agriculture dont la socialisation fut peut-être la seule réussie, du moins quant à la production, du camp socialiste.

L'évolution démographique du pays restait une des préoccupations majeures pour l'évolution économique et sociale de la R.D.A. En dépit d'une baisse importante de la mortalité des nourrissons (taux de mortalité passé de 18,5 p. 1 000 en 1970 à 12,1 p. 1 000 en 1980) et d'une reprise de la natalité depuis 1977, favorisée par d'importantes mesures sociales, les passages à l'Ouest des années 1960-1970 et une relative fermeture à l'immigration du Tiers Monde avaient provoqué une diminution de 2 060 796 habitants entre 1949 et décembre 1981.

Durant la dernière décennie, la R.D.A. réussit à améliorer le niveau de vie de sa population et réalisa un important programme socioculturel, notamment dans les domaines du logement, de la santé, de l'enseignement et de la recherche – sans parler des exploits sportifs attestés par les succès remportés dans les compétitions internationales. Sa reconnaissance en droit international, intervenue en 1973 grâce au déblocage de ses rapports avec la R.F.A. dans le cadre de l'Ostpolitik du chancelier Brandt, lui permit de jouer un rôle non négligeable dans la politique mondiale en tant qu'allié le plus fidèle de l'Union soviétique. Liée à celle-ci par un traité d'amitié et d'entraide, par des relations économiques étendues à l'intérieur du Comecon et de la C.A.E.M. (70 p. 100 de son commerce extérieur), par les accords militaires du pacte de Varsovie, qui autorisaient le stationnement de divisions et de fusées de l'Armée rouge sur son territoire, elle proclamait que l'amitié de l'U.R.S.S. était la pierre angulaire de sa politique extérieure. Au seuil de son 35e anniversaire, le 7 octobre 1984, la R.D.A. était parvenue à faire reconnaître sa légitimité en tant qu'État souverain, à égalité avec la R.F.A., par cent vingt et un États sur cent quarante-cinq.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
  • : professeur d'université, docteur d'État, directrice de l'Institut d'études germaniques, université François-Rabelais, Tours

Classification

Pour citer cet article

Georges CASTELLAN et Rita THALMANN. ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943 - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca, 1943

Blocus de Berlin, 1948 - crédits : National Archives

Blocus de Berlin, 1948

Soulèvement ouvrier à Berlin-Est (juin 1953) - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Soulèvement ouvrier à Berlin-Est (juin 1953)

Autres références

  • ALLEMAGNE - Les institutions

    • Écrit par Stéphane SCHOTT
    • 4 249 mots

    Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....

Voir aussi