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MOZART WOLFGANG AMADEUS (1756-1791)

L'enfance (1756-1778)

Dès l'âge de trois ans, Wolfgang manifeste, outre une puissance exceptionnelle de concentration, des dons musicaux remarquables : justesse absolue d'oreille et mémoire prodigieuse. Son père, Leopold (1719-1787), sévère mais excellent pédagogue musical, entreprend son instruction. On lui a reproché d'avoir exercé sur son fils une influence conservatrice et retardatrice ; mais Wolfgang sut faire la part de l'étroitesse d'esprit et celle de la solidité du métier : jusqu'à la mort de son père, il se référa toujours avec une totale confiance à son jugement.

Léopold Mozart et ses enfants, Wolfgang Amadeus et Maria Anna, Carmontelle - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Léopold Mozart et ses enfants, Wolfgang Amadeus et Maria Anna, Carmontelle

Leopold entreprend, avec son fils et sa fille Maria Anna, des tournées où il exhibe l'enfant prodige, au risque d'exposer Wolfgang, entre sa septième et sa onzième année, aux fatigues et aux maladies de voyages lointains. Ces expéditions se retournent d'ailleurs partiellement contre le père, car l'enfant y trouve l'occasion de capter des influences qui n'agréent pas à son mentor et qu'il n'aurait pas connues si tôt s'il était demeuré à Salzbourg.

Une première tournée (1762) mène le bambin à Munich et à la cour impériale de Vienne. Mais c'est la deuxième qui est la plus importante : elle dure trois ans (1763-1766) et les fait passer par l'Allemagne occidentale, Mannheim, Francfort (où il fait l'admiration de Goethe), Bruxelles, Paris (où il joue devant la Cour), Londres, La Haye, Amsterdam, Lyon, Genève. Voyage capital pour la suite, parce que, dès l'âge de huit ans, Mozart fait la découverte de deux musiciens qui le marqueront pour toujours : Johann Schobert (1735 env.-1767) à Paris, Jean-Chrétien Bach (1735-1782) à Londres. Grâce au premier s'éveillent à la fois en lui le sens de la tendresse mêlée à l'intensité pathétique et celui de la poésie musicale. Par le second (fils cadet de Jean-Sébastien), c'est paradoxalement en allant vers le Nord qu'il entre en contact avec la chaleur ensoleillée du Midi italien.

De retour dans son Autriche natale, il s'imprègne de l'esprit musical, à la fois sérieux et gemütlich de l'Allemagne du Sud, représenté par Joseph Haydn, son aîné de vingt-quatre ans, qu'il découvre lors de quelques séjours à Vienne.

Il lui fallait dorer sa palette musicale au soleil du Midi, et c'est un point à mettre à l'actif de son père que de l'avoir envoyé à trois reprises en Italie : 1769-1770, 1771, 1772-1773. Pendant cette période, il se plonge, alternativement, dans la musicalité chantante mais superficielle de l'opéra italien d'alors et dans la sensibilité autrichienne. Ce qu'il retire de plus précieux de ce contact avec l'Italie, c'est, grâce au padre Martini qui le fait travailler à Bologne (1770), l'art de la mélodicité polyphonique puisé à la tradition des anciens maîtres du contrepoint chantant. Jusqu'au terme de sa carrière, Mozart restera dès lors un maître incontesté, surtout dans les ensembles d'opéras, de la science de la polyphonie vocale.

Il résulte de son dernier voyage en Italie une crise « romantique » où Mozart, alors âgé de dix-sept ans, produit de purs chefs-d'œuvre : les quatuors milanais (à cordes), K. 155 à 160, et la trilogie symphonique de l'hiver 1773, K. 200, 183 et 201, qui consacrent la synthèse du Nord et du Midi.

Ensuite, pendant quatre ans, il s'adonne à la « galanterie » musicale. On désigne par là une forme musicale bâtarde, intermédiaire entre la puissante structure baroque qui est abandonnée et le nouveau langage thématique qui s'élabore (surtout grâce à Joseph Haydn) ; la galanterie tire son agrément de l'enrubannement rococo de mélodies flottant sur un accompagnement d'accords rompus. Beaucoup ont reproché à Mozart de s'être laissé aller à la facilité en adoptant ce style[...]

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Pour citer cet article

Jean-Victor HOCQUARD. MOZART WOLFGANG AMADEUS (1756-1791) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Léopold Mozart et ses enfants, Wolfgang Amadeus et Maria Anna, Carmontelle - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Léopold Mozart et ses enfants, Wolfgang Amadeus et Maria Anna, Carmontelle

L'Enlèvement au sérail, Mozart - crédits : AKG-images

L'Enlèvement au sérail, Mozart

Les Noces de Figaro - crédits : John Chillingworth/ Moviepix/ Getty Images

Les Noces de Figaro

Autres références

  • CORRESPONDANCE (W. A. Mozart)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 987 mots

    Des grands compositeurs du xviiie siècle, Wolfgang Amadeus Mozart et Carl Philipp Emanuel Bach sont ceux dont nous sont parvenus le plus grand nombre d'écrits. Pour Mozart, il s'agit essentiellement de lettres, alors qu'à la correspondance du Bach de Berlin et de Hambourg s'ajoutent de nombreux articles...

  • MORT DE MOZART

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 227 mots

    Le 5 décembre 1791, cinq minutes avant une heure du matin, Wolfgang Amadeus Mozart meurt à Vienne. Enfant prodige, compositeur doté de facilités uniques, Mozart occupe une place essentielle dans l'histoire de la musique car il est le premier musicien à s'être libéré de la tutelle des princes et des...

  • ABEL KARL FRIEDRICH (1723-1787)

    • Écrit par Universalis
    • 203 mots

    Symphoniste allemand de l'école préclassique, né le 22 décembre 1723 à Köthen, dans le duché d'Anhalt-Köthen, mort le 20 juin 1787 à Londres, Karl (ou Carl) Friedrich Abel fut l'un des derniers virtuoses de la viole de gambe.

    Après avoir joué dans l'orchestre de la...

  • BACH JEAN-CHRÉTIEN (1735-1782)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 785 mots

    Cadet des quatre fils musiciens de Jean-Sébastien Bach, Jean-Chrétien, né à Leipzig, n'a que quinze ans lorsque son père meurt ; il n'a pu bénéficier au même titre que ses demi-frères Wilhelm Friedemann et Carl Philipp Emanuel, d'une génération plus âgés que lui, de l'influence et des conseils...

  • BADURA-SKODA PAUL (1927-2019)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 673 mots

    Issu d’une famille d’ascendance hongroise et morave, Paul Badura-Skoda naît à Vienne le 6 octobre 1927. Il étudie le piano et la direction d’orchestre au conservatoire de la capitale autrichienne sous la férule de Martha Wiesenthal, Viola Thern et Otto Schulhof. Il y obtient en 1948 les...

  • BARENBOIM DANIEL (1942- )

    • Écrit par Jean-Luc MACIA
    • 1 784 mots
    • 1 média
    ...carrière est lancée. Y compris comme chef, puisqu'il enregistre pour R.C.A. les concertos de Beethoven avec Arthur Rubinstein au clavier ! Mais c'est Mozart qui lui vaut la consécration : son intégrale des sonates mais surtout des concertos avec l'English Chamber Orchestra, d'une verve inouïe et d'une...
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Voir aussi