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VIENNE, Autriche

Vienne renaissante et baroque

Au xve siècle, l'esprit de la Renaissance allemande et italienne pénètre à Vienne, ce qui se traduit par la diffusion de l'humanisme et le renouvellement de l'architecture (améliorations à la résidence du prince, la vieille Hofburg fortifiée, édification de palais à l'italienne, comme le palais Porcia). Toutefois, à partir de 1526, les Turcs occupèrent la plus grande partie de la Hongrie, et, de 1529, date d'un premier siège, à 1683, celle du dernier et plus terrible assaut contre ses murs, Vienne demeura dans une situation précaire, comme le dernier bastion de la chrétienté face à l'islam. C'est pourtant au cours de cette période difficile que la ville prit définitivement son caractère de capitale impériale et de foyer de la civilisation baroque.

Château de Schönbrunn - crédits : Shaun Egan/ The Image Bank/ Getty Images

Château de Schönbrunn

En 1617, les Habsbourg, qui jusqu'à la fin du Saint Empire ne devaient plus perdre la couronne impériale (sauf de 1742 à 1745), fixèrent leur résidence à Vienne. Ils ramenèrent dans l'obédience catholique la cité souvent récalcitrante – Ferdinand Ier lui avait imposé un nouveau statut en 1526 – et largement gagnée à la réforme protestante. Ferdinand II (1617-1637) confia l'Université aux Jésuites, qui bâtirent une église à la façade monumentale, dans le style de la Contre-Réforme (1627-1631, intérieur remanié en 1702-1705 par le père Pozzo). Les édifices religieux se multiplièrent (Ursulines, Dominicains, Paulistes). Il est vrai que la guerre de Trente Ans épargna Vienne. Malgré les difficultés de son long règne, l'empereur Léopold (1654-1705), excellent musicien, fit appel à des artistes italiens : architectes, décorateurs, peintres et musiciens. Dans la Hofburg agrandie (aile Léopoldine, théâtre), il donna des fêtes de cour et fit représenter des opéras, inspirés de Venise. Des colonnes votives s'élevèrent sur les places. Mais ce fut surtout après les épreuves de la peste (1679) et du siège (1683) que la civilisation baroque se déploya largement avec des caractères nouveaux, émancipée en partie des modèles italiens. Bien que personnellement de mœurs simples et économe, Léopold demanda à l'architecte Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723) des plans pour faire de Schönbrunn un Versailles autrichien. La noblesse se montra plus résolue encore dans ses entreprises (palais Lobkowitz, Liechtenstein, Caprara, Daun-Kinsky), et, au début du xviiie siècle, le prince Eugène de Savoie, fastueux mécène, fit construire par Lukas von Hildebrandt son palais de ville et l'incomparable résidence du Belvédère, avec ses deux palais et, les unissant, des jardins en terrasse.

Eglise Saint-Charles-Borromée, Vienne, J.Fischer von Erlach - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Eglise Saint-Charles-Borromée, Vienne, J.Fischer von Erlach

Au temps de l'empereur Charles VI (1711-1740), le baroque prit un aspect plus monumental et somptueux, notamment à la Hofburg, dans l'aile de la chancellerie d'Empire, et surtout à l'église Saint-Charles Borromée, dont la magnificence s'affirme dans sa coupole ovale et ses colonnes rostrales autour du portique, œuvre de J. B. Fischer von Erlach. Continuant l'œuvre paternelle, Josef Emmanuel Fischer von Erlach réalisa l'union délicate de l'élégance et de la majesté à la façade de la bibliothèque de la Cour (1720). Dès 1705, une Académie des arts avait été fondée à Vienne par Peter Strudel, élève du Vénitien Loth. Des peintres fresquistes y révélèrent leur grand talent (Gran, 1694-1757, qui décora le plafond de la Bibliothèque ; Troger, 1698-1762). À cette époque se trouvaient rassemblées à Vienne les collections d'une extrême richesse qui provenaient de l'héritage de princes artistes, l'empereur Rodolphe II (mort en 1611) et l'archiduc Léopold-Guillaume. Les chefs-d'œuvre de l'orfèvrerie, de l'art de la médaille, des peintres flamands et italiens pouvaient se prêter à l'étude et à la formation des artistes. Plus qu'un centre de vie intellectuelle (ce que constataient les voyageurs, Montesquieu ou Leibniz), Vienne était devenue[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences de géographie, université de Metz
  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Guy LOEW et Victor-Lucien TAPIÉ. VIENNE, Autriche [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Autriche : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Autriche : carte administrative

Château de Schönbrunn - crédits : Shaun Egan/ The Image Bank/ Getty Images

Château de Schönbrunn

Eglise Saint-Charles-Borromée, Vienne, J.Fischer von Erlach - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Eglise Saint-Charles-Borromée, Vienne, J.Fischer von Erlach

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