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ZWINGLI ULRICH (1484-1531)

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Influence de Zwingli

La guerre de Smalkalde (1547) refoula le zwinglianisme des villes d'Allemagne méridionale et d'Alsace ; peu après, Bullinger se rapprocha de Calvin, notamment sur la question de la Cène (Consensus Tigurinus, 1549) ; à partir de cette époque et jusqu'au synode de Dordrecht, le type zurichois d'Église uni au calvinisme a marqué les Églises réformées. La seconde Confession helvétique (1566) rédigée par Bullinger fit l'union des réformés de Suisse et d'Europe centrale. Elle fut traduite en de nombreuses langues. Encore obligatoire en Suisse au xviiie siècle, elle cessa de l'être à partir du xixe siècle ; c'est pourquoi de toutes les Églises réformées celle de Suisse est la seule à ne pas posséder de confession ; elle n'admet qu'un fondement : l'Écriture. En dépit du passage à la Landeskirche, les Églises réformées suisses gardent le type zwinglien dans la liturgie, plus dépouillée et centrée sur la prédication, dans l'attitude de leurs membres à l'égard de la vie publique, etc. Mais le radicalisme de la réforme zwinglienne (suppression des images, rigueur disciplinaire) a disparu.

À l'étranger, il y eut de bonne heure des zwingliens en Hongrie et en Moravie (cf. Archiv für Reformationsgeschichte, LXIII). La vallée du Rhin surtout fut la voie de pénétration vers le nord, à travers le Palatinat et la Hesse, jusqu'aux Pays-Bas et en Angleterre. On rencontre des succédanés de la Prophezei zurichoise dans ces diverses contrées ; les « Décades » de Bullinger répandues aux Pays-Bas contribuèrent à faire connaître les doctrines du réformateur zurichois ; l'anglicanisme et le puritanisme portent des traces d'influence zwinglienne. Mais celle-ci se situe plutôt, en dehors de toute institution, dans un certain nombre d'idées mères qui ont continué d'agir dans le protestantisme : le biblicisme à base de philologie, qui s'est maintenu en marge de l'orthodoxie régnante ; le relief pris par l'idée d'Alliance systématisée par Bullinger, d'où procède la Föderaltheologie ; la concentration sur l'essence du christianisme chère au libéralisme ; mieux encore la distinction des articles fondamentaux et accessoires, par où Zwingli fait figure de précurseur de l'œcuménisme contemporain ; l'ouverture de l'Église au monde, qui renverse la position luthérienne (regnum Dei non est externum) critiquée par Zwingli, et l'action caritative et sociale. Si l'on en croit W. Dilthey (Gesammelte Schriften, II), c'est surtout par ce dernier trait que Zwingli est plus moderne que Luther (cf. Ernst-Staehelin-Festschrift, Gottesreich und Menschenreich).

— Jacques Vincent POLLET

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Pour citer cet article

Jacques Vincent POLLET. ZWINGLI ULRICH (1484-1531) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Zwingli - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Zwingli

Autres références

  • BULLINGER HEINRICH (1504-1575)

    • Écrit par
    • 385 mots

    Successeur de Zwingli, Bullinger a dirigé comme antistes l'Église du canton de Zurich de 1531 à sa mort. Fils d'un prêtre, il fait des études chez les Frères de la vie commune aux Pays-Bas et à Cologne, où il entre en contact avec l'humanisme et Érasme. Maître d'école à Kappel,...

  • CARLSTADT ANDREAS RUDOLF BODENSTEIN dit ANDREAS (1480 env.-1541)

    • Écrit par
    • 546 mots

    Née des querelles d'interprétation que la traduction des textes sacrés avait suscitées, la doctrine de Carlstadt traduit surtout la volonté d'indépendance qui se manifeste au début du xvie siècle, en Allemagne, contre le formalisme et l'intransigeance du parti luthérien. Bien qu'il...

  • CONFESSION HELVÉTIQUE

    • Écrit par
    • 832 mots

    On connaît deux « confessions helvétiques », la Confessio helvitica de 1536 et la Confession helvétique postérieure de 1566. La première Confession helvétique, ou deuxième Confession bâloise, est rédigée en janvier 1536, en particulier par H. Bullinger, Myconius et Grynæus, théologiens...

  • JUD LEO (1482-1542)

    • Écrit par
    • 309 mots

    Théologien réformé, collaborateur de Ulrich Zwingli, né en Alsace, Leo Jud (ou Judea) fait ses études à Sélestat puis à Bâle, commençant par la médecine à laquelle il renonce pour se préparer à devenir théologien, sous l'influence de Thomas Wyttenbach. Après une brève période de ministère...

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