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SACERDOCE

Le prêtre chez les peuples sans écriture

Les religions africaines

Pour les Abaluyia du Kavirondo (Kenya), l'homme dont la femme est atteinte de stérilité, dont le bétail périt, dont les récoltes sont dévastées par les tempêtes et dont le caractère est en contradiction avec les dispositions des représentants du sacré est frappé d'interdit et ne peut se voir confier la charge sacerdotale (omusalisi). Le fait d'être avancé en âge ne suffit donc pas à conférer l'autorité et un rang élevé. Ce statut, en effet, est défini par l'idée qu'il implique des pouvoirs supérieurs.

Chez les Shilluk du haut Nil, les prêtres des temples du premier roi shilluk, Nyikang, sont pris parmi les serviteurs du roi : épouses des rois précédents, descendants des familiers du roi, personnes possédées par l'esprit de Nyikang. Les sacrifices offerts dans ces temples sont considérés comme partie du culte de Nyikang et de la maison royale.

Les Achanti du Ghāna croient que chacun a directement accès à l'Être suprême. Selon une de leurs anciennes maximes, aucun chemin d'un homme ne croise celui d'un autre (c'est-à-dire que chacun a son chemin direct pour atteindre l'Être suprême) ; personne ne montre à un enfant l'Être suprême (il le connaît d'instinct) ; personne ne montre à un enfant le ciel (celui-ci est la demeure de l'Être suprême). Aussi est-il intéressant de remarquer que les Achanti n'ont jamais eu de prêtres spécialisés dans le culte de l'Être suprême, bien que chaque dieu (ɔbosom) en ait un. Tout le monde pourrait présenter son offrande de nourriture ou de vin à l'Être suprême, mais, comme celui-ci est lui-même trop éloigné pour qu'on puisse l'approcher, on a recours à des divinités intermédiaires. Le prêtre prépare pour l'esprit de son dieu une image en bois ou confectionne un rempart de terre mêlée de sang ; il place cela dans un bassin, lui-même déposé dans un temple ; le dieu entre quand il le veut ou sur l'invocation du prêtre. Plus d'un prêtre achanti déclarerait qu'il a été choisi directement par le prêtre du dieu qu'il sert ; il peut dire qu'il a découvert dans la forêt une pierre brillante renfermant des pouvoirs particuliers et représentant la demeure temporaire de l'esprit ; ainsi est-il devenu possédé par le prêtre d'un dieu. Dans un temple contenant une telle pierre, le novice était initié aux secrets de la prêtrise, de sorte qu'il pouvait comprendre et interpréter la volonté du dieu dont il était possédé. Parfois, l'esprit du dieu s'exprime en modifiant la personnalité du prêtre, lequel devient un véritable médium qui se comporte et parle comme poussé par l'esprit ; un interprète expérimenté donne alors la signification des émissions de voix et des gestes du prêtre. D'autres fois, celui-ci peut lui-même interpréter la volonté du dieu, par exemple, en étirant des lanières de cuir, en lançant des coquillages ou des bâtons. On recourt aux dieux parce qu'ils sont censés procurer la santé, une postérité, la réussite dans les affaires, la protection contre la malchance ou contre les charmes de sorcellerie.

Chez les Fon du Dahomey, la formation religieuse et l'initiation aux mythes et aux rites étaient assurées directement par les prêtres, dans le cadre de communautés nettement structurées. Ceux-là, ainsi que les néophytes qu'ils instruisaient, se consacraient spécialement au service d'un dieu ou d'un groupe de dieux (vaudou).

Le rôle premier des médiums est de mettre les humains en relation avec les trépassés et avec les esprits. Ils transmettent des messages venant de l'au-delà ou une connaissance particulière de choses qui autrement seraient difficiles ou impossibles à connaître. Les médiums permettront par exemple à[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de phénoménologie de la religion, université grégorienne, Rome
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Mariasusai DHAVAMONY et Universalis. SACERDOCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AARON

    • Écrit par André PAUL
    • 384 mots
    • 1 média

    On ne sait guère d'où vient le nom d'Aaron, peut-être d'Égypte comme celui de Moïse, dont, selon la Bible, Aaron aurait été le frère. Les traditions le concernant doivent être soumises à la critique et bien discernées l'une par rapport à l'autre. La figure postexilique d'Aaron...

  • BONZE

    • Écrit par Marie-Madeleine DAVY, Universalis
    • 655 mots
    • 1 média

    Le nom de bonze, d'origine japonaise (bonzo), signifie prêtre ; il désigne avant tout les religieux bouddhistes de certains pays d'Extrême-Orient : Chine, Japon, Vietnam — quoique l'usage du terme tende à se généraliser en Occident, où on l'applique notamment aux communautés bouddhistes de...

  • CASTES

    • Écrit par Jean FILLIOZAT
    • 5 962 mots
    C'est donc le primat de la connaissance qui, à côté de son origine mythique, fonde effectivement la prééminence du brahmane. La fonction sacerdotale du brahmane vient en second lieu ; elle dérive de sa science. Le prêtre védique appelé brāhmane n'officie pas, mais surveille les cérémonies comme...
  • CÉLIBAT RELIGIEUX

    • Écrit par André BAREAU, Jacques POHIER
    • 7 034 mots
    ...perceptibles à propos d'éléments de la foi chrétienne qui commandent plus précisément le problème du célibat des prêtres, en particulier, à propos de la conception que l'on se fait du sacerdoce et de son rôle dans l'Église. Le christianisme n'est pas la seule religion à connaître l'institution du sacerdoce,...
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Voir aussi