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BONZE

Bonzes - crédits : chain45154/ Moment/ Getty Images

Bonzes

Le nom de bonze, d'origine japonaise (bonzo), signifie prêtre ; il désigne avant tout les religieux bouddhistes de certains pays d'Extrême-Orient : Chine, Japon, Vietnam — quoique l'usage du terme tende à se généraliser en Occident, où on l'applique notamment aux communautés bouddhistes de Ceylan, de Birmanie, de Thaïlande et du Cambodge. Il fut d'abord employé au Japon pour les desservants des cultes prébouddhiques. Peu à peu, son sens s'est élargi ; il s'étend actuellement aux moines bouddhistes, bien que ceux-ci ne soient pas toujours investis de fonctions sacerdotales. Le féminin « bonzesse » (plus rarement « bonzelle ») s'applique aux religieuses bouddhistes des pays asiatiques.

Dès l'origine, le monachisme bouddhique combine l'exigence ascétique avec un rôle social délibérément central : enseignement de la doctrine (dharma), exemple des vertus morales, direction spirituelle. Si le bouddhisme du Sud ou theravadim maintient plus aujourd'hui les pratiques primitives de l'aumône que le bouddhisme mahayaniste (Tibet, Chine, Japon), il n'en reste pas moins vrai que la « fraternité des moines » — le sangha — se trouve partout largement ouverte aux laïcs ; dans certains pays, tels que la Thaïlande, les jeunes garçons y effectuent un séjour avant leur mariage, et n'hésitent pas à s'y rendre ensuite avec leur famille. Le bonze lui-même jouit d'une certaine autonomie, en ce sens qu'il lui est possible tout au long de sa vie de choisir entre des formes érémitiques ou cénobitiques de la vie monastique, n'étant lié par aucune sorte de vœux ou contraintes à l'obéissance religieuse. D'après l'observance primitive, il ne dispose d'aucun bien personnel (sinon son habit, son bol, un peigne, un éventail, un filtre à eau et une ombrelle), au point de dépendre entièrement pour sa subsistance des dons adressés, à travers lui, au Sanghatau Dhorma, « le Seigneur qui est nous ». Il y a là une source de richesse collective, qui permet d'honorer l'obligation, assignée par le Buddha, de charité envers les plus pauvres. Placés traditionnellement au cœur de la vie sociale, les bonzes mènent aujourd'hui, notamment en Extrême-Orient, une action non violente qui a parfois contribué au réveil progressif du sentiment national. L'héroïsme des bonzes vietnamiens qui se firent brûler vifs en signe de protestation contre le conflit qui déchirait leur patrie (vers 1965-1966) fut un acte non de violence, mais d'immolation, de sacrifice total.

Plus que de règle, il convient de parler à propos du sangha de coutumes, plus ou moins précises selon les lieux et les époques. Sous la direction d'un aîné qu'il s'est choisi, le novice, ayant accepté le dénuement et, vis-à-vis du monde bouddhique, les devoirs inhérents à l'état monastique, se prépare par divers exercices à découvrir en lui l'intuition vécue par le maître. Cette transmission originale, ni sacramentelle ni magique, adaptée à chaque cas, requiert de part et d'autre une attention constante. Elle s'accompagne de divers enseignements : sanskrit, pāli, littérature canonique et paracanonique, discipline monastique, liturgie, médecine ayurvédique, astrologie... Les bonzes dispensent aussi un enseignement aux laïcs : les moines zen ont ainsi joué au Japon un rôle comparable à celui des Jésuites en Europe dans la formation des jeunes gens. Quoique le niveau intellectuel et spirituel des moines contemporains laisse parfois à désirer, un certain nombre d'Européens vont mener à leurs côtés, en Extrême-Orient, la vie monastique bouddhique. Mais il semble bien que, dans la plupart des pays, le nombre des bonzes soit en diminution.

— Marie-Madeleine DAVY

— Universalis

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Écrit par

  • : maître de recherche au C.N.R.S.
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Marie-Madeleine DAVY et Universalis. BONZE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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