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GETZ STAN (1927-1991)

Stan Getz - crédits : Aubrey Hart/ Hulton Archive/ Getty Images

Stan Getz

Dans les années1960, la bossa-nova a fait de Stan Getz une vedette commerciale de renommée mondiale. Et les amateurs de s'irriter. Peut-on obtenir cette popularité quasi universelle sans s'abandonner aux pires facilités, sans renier l'esprit même du jazz ? Oubliés l'instrumentiste d'exception, le maître des couleurs sonores, le styliste parfait. Une succession d'aventures musicales, dédiées tour à tour à des cénacles d'initiés ou aux foules innombrables, déroule un parcours quelque peu chaotique : Stan Getz offre une image brouillée à la postérité.

Stanley Gayetzby, de son véritable nom, naît à Philadelphie le 2 février 1927. À New York, où sa famille se fixe au début des années1930, il étudie d'abord le basson et la contrebasse avant de se consacrer au saxophone. Il a quinze ans quand il fait ses débuts professionnels dans l'orchestre de Dick « Stinky » Rogers. Suivent de premiers engagements dans les formations de Jack Teagarden, Dale Jones et Bob Chesterton. Il est ensuite appelé par Randy Brooks, Buddy Morrow, Herbie Fields et, surtout, après 1944, par Stan Kenton, Jimmy Dorsey et Benny Goodman. En 1947, il réalise son premier disque avec des boppers de la stature de Max Roach. Cette même année, il quitte la côte est pour la Californie. Il y travaille avec Butch Stone, s'associe avec le vibraphoniste Joe Garland et forme son propre trio au Swing Club de Hollywood. À cette époque, il joue aussi dans un orchestre de mambo dirigé par le trompettiste Tony de Carlo, qui se produit Chez Pontrelli, un dancing de Los Angeles. La formation présente l'originalité d'offrir quatre saxophones ténors solistes (Stan Getz, Herbie Stewart, Zoot Sims et Jimmy Giuffre, ce dernier étant responsable des arrangements) que l'on ne tardera pas à surnommer The Four Brothers. Après l'expressionnisme et l'éclatement des formules rythmiques qui viennent de triompher avec Charlie Parker, c'est le retour à un jazz feutré, « paresseux », qui se réclame avant tout du lyrisme pudique et de la nostalgie mélodique de Lester Young. Woody Herman, qui constitue alors son deuxième « troupeau », appelle les trois premiers Brothers. Jimmy Giuffre, bien que non engagé, écrit pour lui Four Brothers (1947), où le rôle du quatrième frère est ici tenu par Serge Chaloff (saxophone baryton). Enregistré cette même année, ce morceau est l'évident manifeste d'une nouvelle esthétique faite de mouvances vaporeuses et de nonchalance féline. En 1948, Stan Getz grave ce qui est probablement son chef-d'œuvre, une somptueuse improvisation sur le thème de Early Autumn. Celui que l'on surnomme maintenant « The Sound » y révèle une sonorité aérienne, une fluidité détimbrée mais chaleureuse dont on tentera très vite d'imiter le charme suggestif. En 1949, après avoir quitté Woody Herman, il fonde un quartette avec le pianiste Al Haig, qui sera ultérieurement remplacé par Horace Silver. Son style évolue alors de manière très sensible : tempos enlevés, swing affirmé, sonorité virile, architecture solide, improvisations débridées. Le maître du jazz cool aurait-il malgré tout assimilé les leçons de Charlie Parker ? John Coltrane, qui reconnaissait sa dette envers lui, n'en doutait pas.

Il se produit en Scandinavie (1951) et participe aux tournées du Jazz At the Philharmonic de Norman Granz (1952). L'usage de l'héroïne interrompt malheureusement sa carrière. Après un hold-up dans un drugstore de Seattle (1954), il séjourne six mois en centre pénitentiaire, tente de se suicider et arrête de jouer. De 1958 à 1961, il se fixe en Scandinavie, travaille en Europe, voyage en Afrique. Quand il retourne aux États-Unis, en 1961, il est déjà oublié. Il rejoue avec Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Chet Baker et Gerry Mulligan ; il enregistre en 1962 Focus — album[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. GETZ STAN (1927-1991) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Stan Getz - crédits : Aubrey Hart/ Hulton Archive/ Getty Images

Stan Getz

Autres références

  • BYRD CHARLIE (1925-1999)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 646 mots

    Le guitariste et compositeur américain Charles L. Byrd naît le 16 septembre 1925 à Chuckatuck, près de Suffolk (Virginie), dans une famille très musicienne. Dès l'âge de dix ans, il aborde l'étude de la guitare avec son père. C'est paradoxalement en Europe, où il sert à la fin de la Seconde Guerre...

  • GILBERTO JOÃO (1931-2019)

    • Écrit par Louis LECOMTE
    • 1 041 mots
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    L’œuvre du guitariste et chanteur brésilien João Gilberto est indissociable de la naissance de la bossa-nova puis de sa diffusion planétaire dans les années 1960, mais c’est l’ensemble de la scène musicale de son pays que cet interprète de génie a marqué de son empreinte. Au long d’une carrière...

  • HARD BOP

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 466 mots

    À la fin des années 1950, le développement du cool et du West Coast signe, selon certains musiciens, un affadissement du jazz. De plus, la crainte de voir le be-bop récupéré et prendre une forme policé les convainc de revivifier le jazz par le blues et le gospel.

    Dans les années 1950, des musiciens...

  • JOBIM ANTONIO CARLOS (1927-1994)

    • Écrit par Louis LECOMTE
    • 920 mots

    Figure emblématique de la musique populaire brésilienne, « inventeur » de la bossa nova à la fin des années 1950, auteur de plus de quatre cents chansons, dont une bonne dizaine de très grands succès internationaux, Antonio Carlos Jobim a su donner un rayonnement mondial à des formes musicales...

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