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PSYCHOLOGIE COGNITIVE

Directions de recherche en psychologie cognitive

Les limites du présent article ne permettent pas de passer en revue la variété des modèles qui ont été proposés dans les différents secteurs de la psychologie cognitive. On rappellera au moins la controverse qui occupa longtemps les psychologues sur la question de la nature des représentations mentales. Pour les uns, en effet, les représentations conservent la trace de la modalité sensorielle à partir de laquelle elles se sont construites. La mémoire est vue comme un répertoire de représentations internes qui gardent, par exemple, le caractère visuel ou auditif ou encore verbal de l'expérience perceptive qui leur a donné naissance. À l'opposé de cette conception, l'idée est que les représentations perdent cette information et sont donc de nature « amodale », détachées de leur source perceptive. La notion de « représentation propositionnelle » a été introduite afin de saisir cette conceptualisation. La confrontation entre ces deux visions fort tranchées n'a cependant pas abouti à une confirmation définitive en faveur de l'une ou de l'autre, que cette confirmation s'appuie sur un raisonnement purement théorique ou sur des données neuroscientifiques. De façon non surprenante, des compromis ont émergé, autour de modèles intégrant les deux formes de représentations, ainsi que l'ont proposé des psychologues comme Stephen Kosslyn ou Philip Johnson-Laird, dans des perspectives au demeurant très différentes.

Un autre courant, qui s'est développé dès la fin de la période du cognitivisme, a connu une évolution florissante. C'est celui illustré par les travaux sur la « mémoire de travail », à partir desquels un psychologue comme Alan Baddeley a construit un modèle très articulé et de large spectre. Le point le plus notable est sans doute qu'au long des années le modèle original a progressé, s'est enrichi, s'est différencié, en introduisant la notion de sous-systèmes spécialisés dans le traitement de différents types d'information. Ce domaine de recherche a eu également pour mérite de s'appuyer sur une méthodologie originale, en particulier la technique dite de la « double tâche », qui a été reprise par la suite dans d'autres programmes de recherche.

Il est juste également de mentionner le vaste domaine des fonctions exécutives, incluant, entre autres, la planification, l'apprentissage de règles, l'attention sélective, ainsi que l'inhibition, comme capacité pour l'individu de réfréner l'émergence de réponses automatiques ou impulsives non pertinentes dans une tâche donnée. Les travaux de Daniel Kahneman, en particulier, ont permis de dégager le contraste entre les stratégies basées sur l'intuition et celles impliquant une analyse logique des situations rencontrées. Sur ces questions, la psychologie cognitive a développé des programmes étroitement coordonnés avec ceux des neurosciences.

Plus généralement, la psychologie a joué un rôle fédérateur décisif dans le développement des sciences cognitives, en se montrant attentive à l'égard de toutes les disciplines dont une partie rejoignait cette entreprise pluridisciplinaire, de l'intelligence artificielle aux neurosciences, en passant par la philosophie, la linguistique et la modélisation. Cette position spéciale de la psychologie dans le concert des sciences cognitives tient assurément à la capacité qu'elle a démontrée d'intégrer les concepts partagés avec les autres disciplines dans une approche donnant à l'humain une place centrale.

Les courants qui traversent aujourd'hui la psychologie cognitive permettent d'entrevoir quelques lignes de force particulièrement prometteuses. Ainsi, pour ne mentionner que la psychologie sociale, il est indéniable que celle-ci s'est largement développée en incorporant[...]

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Michel DENIS. PSYCHOLOGIE COGNITIVE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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