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PROTECTION DE LA NATURE Mesures de conservation des espèces

La mort des espèces, comme celle des individus, est un phénomène naturel, destinée inexorable. À partir de l'analyse des restes fossiles, les paléontologues estiment que la durée moyenne de vie des espèces est comprise entre 1 et 2 millions d'années pour les mammifères, et autour de 10 millions d'années pour les invertébrés terrestres ou marins. En outre, ils ont mis en relief cinq grandes crises d'extinction au cours des temps géologiques, qui éliminèrent entre 65 et 85 p. 100 des espèces et jusqu'à 95 p. 100 au Permien, il y a 250 millions d'années (cf. extinctions biologiques). La plus connue de ces extinctions massives, celle du Crétacé-Tertiaire (il y a 66 millions d'années), fut notamment marquée par la disparition des dinosaures, parmi de nombreuses autres espèces. À l'origine de ces catastrophes, qui s'étalèrent toutefois sur plusieurs milliers, voire millions d'années, on évoque des cataclysmes d'origine interne ou externe à la Terre, comme des éruptions volcaniques ou des chutes de météorites.

La crise d'extinction actuelle diffère des précédentes : elle est le fait de l'homme et s'inscrit non plus sur des millions d'années, mais seulement quelques siècles, voire quelques décennies. Elle résulte de cinq phénomènes : la dégradation des milieux (pollutions, fragmentation de l'habitat, déforestation, etc.) ; la surexploitation des espèces (chasse, pêche, récolte) ; l'introduction d'espèces exotiques (destructeurs de l'habitat comme les chèvres et les moutons, prédateurs ou compétiteurs efficaces comme les chats et les chiens, vecteurs de maladies comme les rats et les moustiques...) ; les changements climatiques induits par l'accroissement d'origine anthropique des gaz à effet de serre ; les extinctions en cascade, qui résultent, par exemple, de la disparition d'une espèce clé.

On sait que c'est la réduction des effectifs et de la diversité génétique des populations qui précipite les espèces vers l'extinction et qu'il existe un lien étroit entre la superficie du milieu habitable, l'effectif des populations considérées et la richesse spécifique locale. Cela permet de souligner que le point clé, pour une conservation durable de la biodiversité, est la sauvegarde ou la restauration de milieux naturels diversifiés de superficie importante. Mais notre espèce aussi a besoin d'espace ! Là est le problème. De fait, au-delà des facteurs immédiats, qui conduisent des espèces à l'extinction, il faut considérer les causes premières, toutes liées à ce que l'on peut appeler le succès écologique de l'espèce Homo sapiens : l'augmentation de la population humaine et de ses besoins en ressources naturelles (on estime qu'elle consomme, détourne ou accapare 39 p. 100 de la production végétale terrestre) ; le poids croissant d'un système économique qui prend peu en compte l'environnement, le renouvellement des ressources naturelles et l'intérêt des générations futures et incite à la surconsommation ; la mondialisation de l'économie et la réduction de la gamme des produits provenant de l'agriculture, de la sylviculture ou de la pêche ; la prédominance de systèmes législatifs et institutionnels favorisant l'exploitation non durable des ressources ; l'insuffisance des connaissances et de leurs applications.

Face à cette situation de crise, des défenseurs de la nature puis des associations de protection de la faune et de la flore se sont élevés pour pousser à la mise en place de politiques de conservation de la nature (cf. protection de la nature - Histoire). Celles-ci comportent habituellement quatre types de mesures : l'élaboration de réglementations et d'interdictions ; la protection ex situ ; la création d'espaces protégés,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du département écologie et gestion de la biodiversité, Muséum national d'histoire naturelle, Paris

Classification

Pour citer cet article

Robert BARBAULT. PROTECTION DE LA NATURE - Mesures de conservation des espèces [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tortue - crédits : Konrad Wothe/ Minden Pictures/ Biosphoto

Tortue

Réserve de biosphère du mont Ventoux - crédits : P. Aguilar/ SMAEMV

Réserve de biosphère du mont Ventoux

Écotourisme baleinier - crédits : Jeff Foott/ Stockbyte/ Getty Images

Écotourisme baleinier

Autres références

  • LOI DU 10 JUILLET 1976 RELATIVE À LA PROTECTION DE LA NATURE EN FRANCE

    • Écrit par Jean-Pierre RAFFIN
    • 606 mots

    Annoncée par la délégation française à la conférence internationale sur l'utilisation et la conservation de la biosphère réunie à Paris sous l'égide de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (U.N.E.S.C.O.) en septembre 1968, la loi sur la...

  • AGRICULTURE - Agriculture et industrialisation

    • Écrit par François PAPY
    • 7 421 mots
    • 3 médias
    En même temps que l'économie marchande accroît ses exigences sur la qualité des produits,les politiques publiques augmentent aussi les leurs pour préserver les ressources naturelles, mises à mal. L'année 1992 marque un tournant, qui se manifeste aux différents niveaux institutionnels : international...
  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par Céline CRESSON, Claire LAMINE, Servane PENVERN
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    En agriculture biologique, la protection des cultures est fondée sur la prévention des dommages causés par les ravageurs, les maladies et les adventices. Elle est caractérisée par une suite d’interventions mises en œuvre selon un ordre de priorité : les méthodes culturales visant la plante ; l’aménagement...
  • AGRICULTURE DURABLE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET
    • 5 444 mots
    • 10 médias

    Dans le langage courant, l’expression « agriculture durable » fait d’abord référence à une agriculture respectueuse de l’environnement, avec, comme principaux objectifs, la limitation du recours aux intrants (engrais, produits phytosanitaires…) d’origine industrielle. S’y ajoute la diversification...

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...n’était pas le cas. Dans ce pacte, il est précisé, entre autres, que les villes ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de systèmes alimentaires sains et durables, dans le développement des relations entre citadins et ruraux ainsi que dans laprotection de l’environnement et de la biodiversité.
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Voir aussi