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PROTECTION DE LA NATURE Mesures de conservation des espèces

Les espaces protégés

Définition

L'importance des aires protégées dans les politiques de conservation de la nature justifie qu'on leur consacre un article spécifique (cf. protection de la nature - Aires protégées). Toutefois, comme elles sont intimement liées aux espèces, certains aspects seront abordés ici.

Selon la définition donnée en 1994 par l'Assemblée générale de l'U.I.C.N., une aire protégée est « une zone de terre et/ou de mer particulièrement consacrée à la protection de la biodiversité et des ressources naturelles et culturelles qui lui sont associées, et gérées selon des lois ou d'autres moyens efficaces ». Le réseau mondial des aires protégées couvre aujourd'hui 12 p. 100 de la surface terrestre de la planète (cf. encadré Principaux sites naturels protégés en France).

Un dispositif démodé ?

Ce dispositif a suscité nombre de critiques, au point que, par certains, cette stratégie a été considérée comme dépassée.

La première critique est que ces espaces seraient de superficies trop réduites pour maintenir des populations assez nombreuses pour être viables à long terme. Et c'est vrai de beaucoup de ces espaces.

La deuxième, liée à la précédente, est que, en raison des déplacements d'aire de répartition des espèces dus au réchauffement climatique, les réserves conçues pour sauvegarder telle ou telle espèce menacée risquent d'être abandonnées par ces dernières et de perdre ainsi leur raison d'être.

Une troisième critique est plus générale et appelle à un changement d'une approche trop exclusivement ciblée sur des espaces ou des espèces remarquables, comme si le reste du territoire et des espèces était sans intérêt. Selon ce point de vue, l'objectif des politiques de conservation de la biodiversité devant être de réconcilier l'homme avec la nature dans une perspective de développement durable, c'est alors à l'échelle de l'ensemble du territoire et de son aménagement qu'on doit se préoccuper de la conservation de la biodiversité. C'est la voie que préconisait déjà, dans les années 1970, le programme de l'U.N.E.S.C.O. sur l'homme et la biosphère (programme M.A.B., Man and Biosphere) auquel donnaient corps ces espaces protégés d'un type particulier, les réserves de biosphère (Garnier, 2008).

Tout cela est vrai. D'ailleurs, une bonne façon de répondre à ces critiques en les entérinant est de mettre en avant les vertus non de chaque espace ou réserve pris séparément mais des Réseaux d'espaces protégés qu'ils sont appelés à constituer ensemble – des espaces éventuellement reliés par des corridors naturels, de terre ou de cordons rivulaires (rivières avec leurs berges couvertes de végétations variées). L'Europe s'est ainsi engagée, au début des années 2000, à mettre en place et à développer un Réseau écologique paneuropéen. Dans cet esprit les espaces protégés constituent bien les éléments clés d'une stratégie d'avenir et non des dispositifs désuets et dépassés. Et les réserves de biosphère en préfigurent les grandes lignes.

Le réseau mondial des réserves de biosphère

En matière d'espace protégé, il convient d'accorder une attention particulière à ce qu'on appelle les réserves de biosphère. C'est en 1971 qu'un groupe de travail du programme sur L'Homme et la biosphère de l'U.N.E.S.C.O. émet l'idée de réserve de biosphère. L'originalité du concept, par rapport à la perception classique des réserves et à l'opinion qui prévalait à l'époque en matière de protection de la nature, est de prendre en compte simultanément les objectifs de conservation de la nature et de développement de l'espèce humaine. Les réserves classiques sont définies par rapport à la nature ; les réserves de la biosphère partent d'interrogations et de réflexions sur les relations entre[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du département écologie et gestion de la biodiversité, Muséum national d'histoire naturelle, Paris

Classification

Pour citer cet article

Robert BARBAULT. PROTECTION DE LA NATURE - Mesures de conservation des espèces [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tortue - crédits : Konrad Wothe/ Minden Pictures/ Biosphoto

Tortue

Réserve de biosphère du mont Ventoux - crédits : P. Aguilar/ SMAEMV

Réserve de biosphère du mont Ventoux

Écotourisme baleinier - crédits : Jeff Foott/ Stockbyte/ Getty Images

Écotourisme baleinier

Autres références

  • LOI DU 10 JUILLET 1976 RELATIVE À LA PROTECTION DE LA NATURE EN FRANCE

    • Écrit par Jean-Pierre RAFFIN
    • 606 mots

    Annoncée par la délégation française à la conférence internationale sur l'utilisation et la conservation de la biosphère réunie à Paris sous l'égide de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (U.N.E.S.C.O.) en septembre 1968, la loi sur la...

  • AGRICULTURE - Agriculture et industrialisation

    • Écrit par François PAPY
    • 7 421 mots
    • 3 médias
    En même temps que l'économie marchande accroît ses exigences sur la qualité des produits,les politiques publiques augmentent aussi les leurs pour préserver les ressources naturelles, mises à mal. L'année 1992 marque un tournant, qui se manifeste aux différents niveaux institutionnels : international...
  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par Céline CRESSON, Claire LAMINE, Servane PENVERN
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    En agriculture biologique, la protection des cultures est fondée sur la prévention des dommages causés par les ravageurs, les maladies et les adventices. Elle est caractérisée par une suite d’interventions mises en œuvre selon un ordre de priorité : les méthodes culturales visant la plante ; l’aménagement...
  • AGRICULTURE DURABLE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET
    • 5 444 mots
    • 10 médias

    Dans le langage courant, l’expression « agriculture durable » fait d’abord référence à une agriculture respectueuse de l’environnement, avec, comme principaux objectifs, la limitation du recours aux intrants (engrais, produits phytosanitaires…) d’origine industrielle. S’y ajoute la diversification...

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...n’était pas le cas. Dans ce pacte, il est précisé, entre autres, que les villes ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de systèmes alimentaires sains et durables, dans le développement des relations entre citadins et ruraux ainsi que dans laprotection de l’environnement et de la biodiversité.
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Voir aussi