Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

POLYNÉSIE FRANÇAISE

Les bouleversements issus de l’évangélisation et de la colonisation

L’évangélisation de ces îles débute avant leur colonisation, dès 1797. Elle est d’abord le fait des missionnaires protestants de la London Missionary Society (LMS) qui se répandent vers l’ouest dans le Pacifique Sud à partir des îles de la Société. D’autres missions protestantes britanniques œuvrent également en Océanie et, devant cette activité foisonnante, l’Église catholique romaine réagit. En 1825, le pape Léon XII confie à la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie (appelée aussi congrégation des Sacrés-Cœurs de Picpus) la tâche d’évangéliser l’est du Pacifique, spécialement Hawaii, puis les îles Gambier et les îles Marquises dans les années 1830. Les pères picpuciens et maristes entrent alors en concurrence avec les missionnaires protestants et avec ceux des églises américaines mormone, adventiste et sanito (Église réorganisée des saints des derniers jours, une branche dissidente des mormons) quand la reine Pomaré IV (1813-1877) doit accepter le protectorat français à Tahiti. Ainsi, le début plus tardif de l’évangélisation catholique explique que les missions protestantes ont occupé les îles principales, c’est-à-dire l’archipel de la Société, puis les îles Australes et les Tuamotu occidentales, alors que les catholiques durent à leur arrivée s’intéresser aux marges que sont les Gambier et les Marquises, avant de se déployer plus ou moins difficilement dans le reste du territoire.

Ces missions ont une grande influence sur les populations insulaires. Tout d’abord, leur action provoque une transformation du peuplement, avec souvent le regroupement de l’habitat – traditionnellement dispersé le long du littoral – autour du temple ou de l’église. Ce nouveau mode d’organisation de l’espace en villages côtiers se fait également aux dépens de l’intérieur des îles, avec l’abandon des vallées et des planèzes (surfaces planes basaltiques inclinées ayant subi une forte dissection), occupées avant l’arrivée des Européens. Au début du xixe siècle, les missionnaires protestants de la LMS traduisent la Bible en tahitien et sont à l’origine de la survie de cette langue. Le travail pédagogique de la LMS est considérable. Dès 1818, une méthode de calcul et des livres de lecture sont élaborés en tahitien, car les missions protestantes ont pour principe de faire lire la parole de Dieu par tous les chrétiens dans leur propre langue. À partir de 1857 en revanche, avec le protectorat français, la langue tahitienne est interdite à l’école.

La colonisation française débute en 1842, quand l’amiral Dupetit-Thouars annexe les îles Marquises sans difficulté. Toutefois, très vite, cet archipel est délaissé au profit de Tahiti, où les Européens sont de plus en plus nombreux. Malgré la signature d’un protectorat en 1842, les relations s’enveniment entre les autorités françaises et la reine Pomaré IV, soutenue par les Britanniques. Le conflit qui dure plus de deux ans se solde par l’acceptation définitive du protectorat. La guerre franco-tahitienne oppose donc les deux grandes puissances coloniales. En dehors des îles du Vent, la présence française est très discrète. Toutefois, et non sans mal, le processus de colonisation se poursuit. Les Établissements français d’Océanie (EFO) sont créés en 1880 avec l’annexion du royaume Pomaré (Tahiti et Moorea principalement). Ils sont progressivement élargis par l’annexion des îles Sous-le-Vent (1888) définitivement intégrées au domaine colonial français en 1897, ainsi que par l’annexion des îles Australes, qui s’achève en 1901 par celle de l’île de Rimatara.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur

Classification

Pour citer cet article

Jean-Christophe GAY. POLYNÉSIE FRANÇAISE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Pouvanaa a Oopa - crédits : Jean-Christophe Gay

Pouvanaa a Oopa

Polynésie française [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Polynésie française [France] : carte administrative

Bora Bora, Polynésie française - crédits : Chad Ehlers/ Photographer's choice/ Getty Images

Bora Bora, Polynésie française

Autres références

  • FRANCE (Arts et culture) - Les langues régionales

    • Écrit par Jean SIBILLE
    • 3 702 mots
    • 1 média
    – Polynésie française. Tahitien, marquisien, langue des Tuamotou, langue mangarévienne, langue des Ruturu, langue de Ra'ivavae, langue de Rapa. Ces langues du groupe polynésien oriental sont étroitement apparentées. Elles sont parfois considérées comme des variétés d'une seule et même langue,...
  • OUTRE-MER FRANCE D'

    • Écrit par Jean-Christophe GAY
    • 6 561 mots
    • 7 médias
    ...sont seulement occupées par quelques dizaines de scientifiques et de militaires. Quant aux collectivités françaises du Pacifique ( Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna), elles sont peuplées aujourd’hui par un peu plus d’un demi-million de personnes. Ainsi, l’on peut parler d’une...
  • GAMBIER ÎLES

    • Écrit par Alain HUETZ DE LEMPS
    • 217 mots
    • 1 média

    Petit archipel de 30 kilomètres carrés situé au sud-est des îles Tuamotu (Polynésie française), auxquelles il est rattaché administrativement. Il comporte quatre îles volcaniques, Mangareva, Taravai, Akamaru et Aukena, encerclées par un même récif-barrière. Les massifs de lave, très disséqués...

  • HEYERDAHL THOR (1914-2002)

    • Écrit par Universalis
    • 180 mots

    Explorateur norvégien. À vingt-deux ans, Thor Heyerdahl, passionné d'ethnologie et de zoologie, s'installe dans l'archipel des Marquises (Polynésie française). Un vieil indigène lui parle du dieu Tiki, fils du Soleil, qui aurait conduit ses ancêtres d'un grand pays d'outre-mer vers ces îles du Pacifique....

  • Afficher les 14 références

Voir aussi