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HERBIER

On désigne habituellement par herbier (Herbarium) une collection de plantes séchées conservées généralement à des fins scientifiques, parfois dans un but esthétique. Remontant pour les premières au xvie siècle, ces collections constituent une base indispensable des recherches en phytotaxinomie et de leurs applications (répartition géographique des espèces ou chorologie, écologie, produits végétaux, etc.).

Planche d'herbier - crédits : A. Dagi Orti/ De Agostini/ Getty Images

Planche d'herbier

On appelle aussi herbiers ou arbolayres les premiers recueils de planches gravées sur bois ou sur métal représentant des végétaux, et qui ont été réalisés entre la fin du xve siècle et le milieu du xviie siècle. En biologie et en écologie, on nomme « herbiers » les groupements de végétaux marins littoraux dominés par des Phanérogames.

La formation d'un herbier

La constitution d'un herbier commence par la récolte de spécimens, spontanés ou cultivés, qui sont soit des individus entiers (petites plantes annuelles ou vivaces), soit des éléments de ceux-ci (par exemple rameau d'un arbre ou certains organes d'une grande herbacée). Les spécimens recueillis doivent être les plus représentatifs possible des divers caractères morphologiques, aux stades végétatifs comme reproducteurs. Indépendamment de problèmes techniques, parfois difficiles à résoudre (végétaux ayant des feuilles de dix mètres ; plantes grasses ; végétaux à pourrissement rapide, etc.), une attention particulière doit être apportée aux formes juvéniles, aux plantules et aux espèces à sexes séparés (monoïques, c'est-à-dire comportant deux sortes de fleurs – les deux sexes – sur le même individu ; dioïques, c'est-à-dire présentant des individus mâles et des individus femelles).

Herbier de J.W. Goethe - crédits : AKG-images

Herbier de J.W. Goethe

Au cours des prospections, on utilise une « boîte à herboriser », un carton extensible ou, plus souvent aujourd'hui, des sachets appropriés. Les échantillons récoltés sont ensuite placés dans des chemises en papier, en essayant de les numéroter dans l'ordre chronologique de la récolte (petite étiquette à fil avec notations effectuées au crayon indélébile). On réunit ensuite ces chemises dans une presse afin de procéder au séchage. Ces opérations peuvent commencer sur le terrain, en utilisant ou non une source de chaleur artificielle. Au moment de la récolte, on traite parfois les spécimens en les imbibant d'alcool ou de formaldéhyde. Parallèlement à la numérotation des échantillons, on tient un « carnet de récolte » pour chaque site étudié.

Les autres étapes permettant d'élaborer un herbier sont effectuées dans un camp de base ou au laboratoire. Elles consistent à terminer le séchage, à parfaire la numérotation et à établir l'étiquetage. Ce dernier permet de reporter le plus d'éléments possible relevés lors de l'échantillonnage sur le carnet de récolte (date, lieu, milieu, altitude, coordonnées topographiques si possible, nom du récolteur, particularités biologiques observées, etc.). Les spécimens portant le même numéro de récolte constituent des parts ou doubles (duplicata). L'ensemble de ces lots de spécimens est appelé exsiccata.

Lorsque la collection parvient au laboratoire ou dans un centre scientifique, il convient d'opérer un traitement antiparasitaire, surtout contre les attaques de certains insectes. Les solutions mercurées ou arséniées sont aujourd'hui abandonnées, en raison de leur toxicité, au profit du passage au froid ou d'un traitement au gaz dans des installations contrôlées.

Le temps de séchage est extrêmement variable (une à plusieurs semaines) selon les spécimens. Ces derniers sont ensuite montés c'est-à-dire fixés sur des feuilles de papier rigides. Diverses techniques sont utilisées : les bandes de papier gommé, l'attachage avec du fil approprié remplacent les lamelles de cuivre et la cire d'autrefois. Actuellement, l'emploi des colles thermofusibles[...]

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Écrit par

  • : ancien professeur au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Gérard AYMONIN. HERBIER [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Planche d'herbier - crédits : A. Dagi Orti/ De Agostini/ Getty Images

Planche d'herbier

Herbier de J.W. Goethe - crédits : AKG-images

Herbier de J.W. Goethe

Autres références

  • HERBIER DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE

    • Écrit par Denis LAMY
    • 2 172 mots
    • 4 médias

    Utilisé pendant longtemps pour nommer un livre qui contenait des illustrations de plantes, le mot herbier désigne actuellement une collection de plantes séchées mais aussi le bâtiment dans lequel elle est conservée.

    Représenté par quelque huit millions de végétaux et de champignons, l’herbier...

  • BOTANIQUE

    • Écrit par Sophie NADOT, Hervé SAUQUET
    • 5 647 mots
    • 7 médias
    ...la reconnaissance d'image, dont certaines déjà disponibles sur smartphone, donc utilisables directement sur le terrain. On pourrait également imaginer la mise en place d'un herbier global virtuel, centralisant l'intégralité des spécimens d'herbiers du monde entier (c'est déjà le cas depuis 2012 pour l'...
  • FUCHS LEONHART (1501-1566)

    • Écrit par Denis LAMY
    • 668 mots
    • 2 médias

    Leonhart Fuchs, également médecin humaniste, est considéré comme l’un des pères allemands de la botanique.

    Né en 1501 à Wemding, dans le duché de Bavière (Allemagne), Leonhart Fuchs commence ses études classiques à l’université d’Ingolstadt en 1519, avec l’humaniste Johannes Reuchlin. Fuchs...

  • GHINI LUCA (1490-1556)

    • Écrit par Denis LAMY
    • 625 mots

    Médecin et botaniste italien, Luca Ghini créa les premiers jardins botaniques en Italie et fut promoteur de l’herbier au sens moderne du terme.

    Né à Croara, près d’Imola (Italie), Luca Ghini suit des études de médecine à l’université de Bologne et reçoit le 17 janvier 1527 le titre de docteur en...

  • KEW JARDINS BOTANIQUES DE

    • Écrit par Valérie CHANSIGAUD
    • 415 mots

    Le xviiie siècle voit se multiplier les initiatives royales en faveur des jardins botaniques : à Saint-Pétersbourg, Pierre le Grand installe un jardin botanique au centre de l'Académie impériale des sciences et, à Paris, Louis XV favorise, grâce à l'action de Buffon, l'essor et le rayonnement du Jardin...

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Voir aussi