ORNEMENT, musique
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Les ornements ont existé de tout temps et dans toutes les musiques ; ils représentent un des modes les plus riches de l'expression spontanée des sentiments qui animent un interprète. Issus de l'imagination créatrice et de la sensibilité, ils s'appliquent en surimpression au discours musical primitif. Bien qu'ils ne soient pas intégrés littéralement à la musique, ils constituent un élément très important qui permet au musicien de faire « vivre » ce qu'il interprète et de le rendre communicable. L'évolution de l'ornementation dans la musique occidentale est féconde en inventions et en changements de style. D'une certaine façon, la notion elle-même d'ornementation change profondément de sens selon les époques. Pourtant, au travers d'un champ historique mouvant, une constante se dégage : l'ornementation, envisagée dans toutes ses formes, est le caractère principal de la liberté d'interprétation de la musique. L'expression musicale est toujours liée indissolublement à la subjectivité de l'interprète, qui pour se transmettre exige précisément la liberté d'interprétation. La musique occidentale ne diffère pas sur ce plan des musiques des autres civilisations. Tels les subtils rāgas indiens qui développent un thème au moyen de variations dans une atmosphère émotionnelle que la combinaison des ornements et des agréments modifie sans cesse. De même les atābās arabes, qui sont de longs poèmes chantés et entrecoupés de savantes vocalises mélismatiques. En général, toutes les musiques folkloriques possèdent leurs ornements, qui sont autant de moyens nécessaires à la communication de la musique elle-même.
L'ornement, que l'on appelait autrefois « agrément », est, dans son acception la plus générale, une variation que l'on ajoute à une phrase musicale donnée avec l'intention de l'embellir. Les ornements trouvent leurs origines dans l'expression musicale la plus ancienne : la musique vocale. Ils sont alors les éléments constitutifs de l'improvisation à laquelle se livrent les chanteurs dans la litanie primitive, forme à caractère sacré que l [...]
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Écrit par :
- Joël DUGOT : directeur de la revue Musique ancienne, luthier d'art (copies de luths et clavecins anciens)
- Antoine GARRIGUES : ancien critique à Sud-Ouest et à Contact Variété, professeur d'improvisation et d'histoire de la musique
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LAMBERT MICHEL (1610 env.-1696)
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LE ROY ADRIAN (1520 env.-1598)
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Voir aussi
- ACCENT musique
- APPOGGIATURE
- ARPÈGE
- MUSIQUE BAROQUE
- BASSE CONTINUE
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- COULÉ musique
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- DOUBLÉ musique
- CHANT GRÉGORIEN
- MUSIQUE MÉDIÉVALE
- MORDANT musique
- MUSIQUE OCCIDENTALE de l'Antiquité au XVIe siècle
- MUSIQUE OCCIDENTALE XXe et début du XXIe s.
- NOTES INÉGALES
- MUSIQUE DE LA RENAISSANCE
- TIERCE COULÉE
- TRÉMOLO
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- PORT DE VOIX musique
Pour citer l’article
Joël DUGOT, Antoine GARRIGUES, « ORNEMENT, musique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/ornement-musique/