Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

OCÉANIE Préhistoire et archéologie

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Le Pacifique sud-occidental

Les Mélanésiens se sont installés au sud de l'équateur, les Micronésiens plus au nord. On peut supposer que ces Mélanésiens sont devenus tels, physiquement et culturellement, dans leur ancien habitat indonésien, sous l'influence des nouvelles populations de langue austronésienne. Celles-ci, plus claires de peau, seraient venues de l'Asie continentale par la péninsule indochinoise en longeant la côte chinoise, puis, plus tard, des Philippines. Quelques faits seulement sont certains. Il n'y a plus trace en Indonésie de langues antérieures à l'austronésien. On y pratiquait, depuis des millénaires, une horticulture fondée sur la reproduction végétative, naturelle ou artificielle, plus que sur l'ensemencement : taro, igname, arbre à pain, bananier, cocotier et autres plantes utiles, alimentaires ou non. Le chien, le porc et le poulet avaient été apprivoisés. On fabriquait de la poterie et l'on utilisait déjà, très probablement, la pirogue à balancier. Tous ces éléments culturels sont également océaniens. La plupart des populations ont pu être absorbées par les nouveaux arrivants et des émigrants continentaux plus tardifs. D'autres ont pu s'exiler vers l'actuelle Mélanésie. Il est encore impossible de dater ces événements, tout au plus les situe-t-on avant l'introduction de la riziculture, de la roue, du métal et du métier à tisser en Indonésie, techniques qui ne furent jamais en usage dans l'Océanie préhistorique. On connaît un peu mieux la chronologie des mouvements plus récents qui, au cours des IIIe et IIe millénaires avant notre ère, conduisirent, depuis les côtes nord de la Nouvelle-Guinée, et de proche en proche, jusqu'à l'extrémité sud de la Mélanésie insulaire : la Nouvelle-Calédonie. Ils rencontrèrent, en Nouvelle-Guinée, des populations installées là, comme en Australie, depuis plus de quarante mille ans. Il en fut de même dans les îles mélanésiennes proches des côtes nord et est de la Nouvelle-Guinée. Dans ces petites îles ont été découverts des sites datés de 35 000 ans (archipel Bismarck) et de 29 000 ans à Buka ; à Manus même, un site est daté de plus de 13 000 ans (un niveau plus inférieur n'a pu être daté) ; et cette île est distante de plus de 370 miles nautiques des côtes les plus proches, ce qui suppose déjà la connaissance des techniques de navigation hauturière. Ces populations néo-guinéennes et voisines pratiquaient, depuis au moins 9 000 ans, l'horticulture et, probablement, l'élevage du porc. Elles ont pu également coloniser les îles Salomon mais pas plus loin semble-t-il, les distances maritimes étant trop importantes à franchir, depuis le sud des Salomon, pour atteindre les îles Torres, puis le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie.

On a longtemps pensé que l'arrivée, vers 2000 avant notre ère, de ces nouvelles populations, de langue austronésienne, correspondait à l'introduction, en Mélanésie insulaire, des premières céramiques. Il s'agit d'une poterie de forme composite, richement ornée de dessins géométriques exécutés au peigne et dite de « tradition Lapita » (nom d'un site de Nouvelle-Calédonie choisi comme éponyme). Ces populations auraient également été porteuses d'autres objets caractéristiques : outillages lithiques et coquilliers, parures..., formant ce qu'on a appelé le « complexe culturel lapita », distinct de celui des Mélanésiens, arrivés dans ces îles plus tôt ou plus tard que les « gens du Lapita ». Les « Lapita » auraient eu également pour caractéristique l'organisation de réseaux de relations interinsulaires à travers la Mélanésie et ainsi atteint rapidement (deux ou trois siècles) les lointaines Fidji, Tonga et Samoa non encore occupées par l'homme. Enfin, ces locuteurs austronésiens[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

José GARANGER. OCÉANIE - Préhistoire et archéologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Océanie : préhistoire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Océanie : préhistoire

Autres références

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par
    • 23 142 mots
    • 4 médias
    ...d'archipels qui ourlent la façade pacifique des terres continentales asiatiques. Mais elle n'est pas sans complexités car l'Asie est en contact avec les pays de l'Océanie, dont les possessions américaines (les Mariannes par exemple). Le peuplement historique de la Micronésie, de la Mélanésie et de la Polynésie...
  • AUSTRALIE

    • Écrit par , , , , , , , , et
    • 27 355 mots
    • 29 médias
    Pays massif, l'Australie oscille entre deux qualificatifs : est-elle la plus grande île de la planète ou son plus petit continent ? Elle représente 85 % des terres émergées de l'Océanie, immense continent maritime.
  • AUSTRONÉSIENS

    • Écrit par
    • 919 mots

    Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie...

  • CHEFFERIE

    • Écrit par et
    • 2 929 mots
    Laréflexion sur les systèmes politiques océaniens reste dominée par un retentissant article de Marshall Sahlins (1963), qui, plusieurs fois republié et devenu un classique, oppose le système dit du big man, caractéristique de la Mélanésie, où le statut de chef s'acquiert par des efforts personnels,...
  • Afficher les 33 références