OCÉANIEPréhistoire et archéologie
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
L'Océanie insulaire s'étend sur plus du tiers de la surface du globe, mais ces terres émergées représentent à peine cent vingt mille kilomètres carrés. Cette dispersion explique que Magellan n'ait rencontré que deux atolls inhabités lorsqu'il traversa l'océan Pacifique (c'est lui qui le baptisa ainsi), depuis le détroit qui porte aujourd'hui son nom, jusqu'aux Philippines. Elle rend aussi raison de l'étonnement des premiers découvreurs européens quand ils rencontrèrent des hommes sur ces îles tellement éloignées de toute terre continentale. Certains imaginèrent l'existence d'un ancien continent Pacifique englouti sous les flots et dont n'émergerait encore que le sommet des montagnes : les îles actuelles, refuges des populations de cette autre Atlantide. Telle est, par exemple, l'opinion exposée par J. A. Moerenhout dans son ouvrage Voyages aux îles du grand océan... publié en 1837. D'autres auteurs furent plus prudents, qui situèrent l'origine de ces populations en Amérique ou en Asie. Par ailleurs, et s'il en était besoin, les connaissances que nous avons maintenant des fonds du Pacifique prouvent qu'aucun continent n'y a jamais existé. L'hypothèse d'une origine amérindienne des Polynésiens fut remise à l'honneur par Thor Heyerdahl dans les années 1950. Elle n'a plus guère d'adeptes. Tout s'y oppose, et en particulier les résultats des recherches linguistiques, ethno-botaniques et archéologiques. Néanmoins, cela n'exclut pas la probabilité d'anciens contacts épisodiques avec l'Amérique. Ils expliqueraient en particulier la présence de la patate douce en Polynésie orientale avant l'arrivée des Européens. L'origine asiatique est une hypothèse aussi ancienne que les deux précédentes, elle reste encore admise tout en étant nuancée. Les grandes vagues migratrices que l'on imaginait au xixe siècle avec un certain romantisme – flottes nombreuses, parties successivement, et sans retour, à la conquête du Soleil levant – ne sont pas conformes à la réalité, qui se révèle à l'heure actuelle bien plus complexe à la lumière des résultats scientifiques déjà acquis.
L'hypothèse d'un peuplement d'origine asiatique de l'Océanie est aujourd'hui toujours admise quoique nuancée. Son étude, dans les trois aires culturelles principales que constituent Polynésie, Micronésie et Mélanésie, se fonde sur des données relevant de l'anthropologie physique, de la...
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Les aires culturelles
Le 27 décembre 1831, l'amiral Dumont d'Urville proposait à la Société de géographie de Paris une division de l'Océanie en quatre régions principales : l'Océanie orientale ou Polynésie, l'Océanie boréale ou Micronésie, l'Océanie occidentale ou Malaisie et l'Océanie méridionale ou Mélanésie. Il y englobait l'Australie et la Tasmanie qui sont restées isolées de l'influence des cultures océaniennes, sauf, mais très faiblement, la région australienne la plus proche de la Nouvelle-Guinée. En ce qui concerne la Malaisie (il s'agissait alors des archipels de l'Asie du Sud-Est), les affinités avec l'Océanie sont certaines, mais des apports asiatiques plus tardifs ont recouvert ces caractères d'origine. Il en est ainsi, par exemple, d'éléments culturels comme le métal et la riziculture, qui n'avaient pas été introduits en Océanie (à l'exception du riz aux Mariannes) avant l'arrivée des Européens. Seule, encore, la Malaisie reçut l'influence du bouddhisme au début du Ier millénaire, puis celle de l'islam au début du IIe. Restent donc la Polynésie (îles nombreuses), la Micronésie (îles petites) et la Mélanésie (îles noires). Cette division de l'Océanie en trois régions ethniques a été généralement adoptée et demeure en usage. Elle est commode mais trop simple : il n'y a pas de frontières ethniques précises entre ces trois régions, la Micronésie est quelque peu différente à l'ouest et à l'est et il existe des îlots polynésiens au sud de la Micronésie et en Mélanésie. Enfin, l'homogénéité culturelle de chaque ensemble est imparfaite, un relatif isolement insulaire, et le souci qu'ont les ethnies de se distinguer les unes des autres, ayant favorisé l'éclosion de particularismes locaux, notamment en Polynésie orientale.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 7 pages
Écrit par :
- José GARANGER : professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Autres références
« OCÉANIE » est également traité dans :
OCÉANIE - Vue d'ensemble
L'Océanie est considérée comme la cinquième partie du monde ; cependant elle est très différente des quatre autres puisqu'elle doit son unité à l'océan Pacifique qui occupe le tiers de la surface du globe (176 millions de km2). Dans cette immensité maritime, les terres émergées ne tiennent qu'une place r […] Lire la suite
OCÉANIE - Géologie
Les limites géologiques de l'Océanie sont marquées par des zones de subduction qui se traduisent morphologiquement par les profondes fosses des Tonga-Kermadec, des Mariannes, du Japon et des Kouriles, à l'ouest, par la fosse des Aléoutiennes, au nord, par la côte nord-américaine et la fosse du Pérou-Chili, à l'est. On admet que la limite sud est constitué […] Lire la suite
OCÉANIE - Géographie physique
S'il est impossible de chiffrer avec précision le nombre d'îles, d'îlots et de récifs qui parsèment l'océan Pacifique – plusieurs dizaines de milliers en tout cas –, on peut constater d'abord que ces terres émergées ne représentent au total qu'une très petite superficie par comparaison avec les immensités océaniqu […] Lire la suite
OCÉANIE - Géographie humaine
Depuis la Seconde Guerre mondiale, le monde Pacifique s'est affirmé au fil des décennies et, malgré guerres, révolutions et crises, comme un espace d'avenir qui connaît actuellement à la fois un fort essor économique d'ensemble et un poids croissant dans la politique internationale. Les deux premières puissances économiques mondiales au début du xxie […] Lire la suite
OCÉANIE - Histoire
Les îles de l'Océanie, du fait de leur situation « au bout du monde » par rapport à l'Europe d'où sont venus les découvreurs, du fait aussi de leur isolement dans des immensités maritimes qui occupent près du tiers de la surface du globe, ont été les dernières terres atteintes et colonisées par mer. Sauf Guam et quelques îles de […] Lire la suite
OCÉANIE - Ethnographie
Du point de vue de l'étude ethnographique, il est d'usage de répartir les îles et archipels de l'Océanie, l'Australie mise à part, en trois ensembles que l'on intitule : Mélanésie à l'ouest, Micronésie au nord-ouest et Polynésie à l'est.Le terme de Mélanésie est utilisé pour dé […] Lire la suite
OCÉANIE - Les langues
Les langues d'Océanie ne sont pour l'essentiel que la subdivision orientale de l'ensemble linguistique le plus étendu à la surface du globe : l'austronésien (AN). L'austronésien-nord est représenté par Taiwan, l'austronésien-ouest regroupe le malais, les langues des Philippines, de Madagascar et la plupart des langues d'Indonésie. L'originalité la plus évidente de la famille océanienne est son ext […] Lire la suite
OCÉANIE - Les arts
De tous les arts improprement dits « sauvages », parce qu'ils échappent aux canons esthétiques ressassés en Occident, les arts d'Océanie offrent la plus grande variété, tant du point de vue de la forme que de celui de la couleur. À la multiplicité des expériences humaines tentées sur le plan des institutions comme sur celui des structures répond celle du jeu de la lumière, des volumes présents ou […] Lire la suite
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés
Dans le chapitre « Mots, limites et chevauchements » : […] Asie désigne habituellement un ensemble de terres situées à l'est de l'Europe. Sa délimitation varie selon les auteurs, les critères scientifiques et les surdéterminations géopolitiques. Elle est marquée par son origine européenne qui ne correspond pas aux conceptions locales traditionnelles. Ce problème géographique crucial implique l'appartenance des individus, des sociétés et des pays à une rég […] Lire la suite
AUSTRALIE
Dans le chapitre « La population australienne, les potentialités et handicaps du pays » : […] Le Commonwealth d'Australie, nom officiel du pays, est une fédération de six États et de deux Territoires, chronologiquement constitués entre 1788 et 1911 : la Nouvelle-Galles du Sud (6,8 millions d'habitants en 2006), l'Australie-Occidentale (2,05 millions), l'Australie-Méridionale (1,55 million), le Victoria (5,1 millions), le Queensland (4,05 millions), la Tasmanie (500 000), le Territo […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
José GARANGER, « OCÉANIE - Préhistoire et archéologie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 25 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/oceanie-prehistoire-et-archeologie/