OCÉANIEGéographie humaine
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Une croissance démographique rapide
Alors que, à la fin du xixe siècle, les populations indigènes d'Océanie étaient encore en recul, et paraissaient même parfois vouées à l'extinction, les premières décennies du xxe siècle ont vu un total renversement de la tendance qui n'a fait que se confirmer et se renforcer depuis lors, au point que certains archipels ont une des structures par âge les plus jeunes du monde. En Papouasie, aux Salomon, au Vanuatu, les taux de natalité dépassent les 30 p. 1 000, tandis que les taux de mortalité, du fait de la jeunesse de la population ajoutée aux progrès de l'hygiène et de la médecine, se situent bien au-dessous de 10 p. 1 000, voire de 5 p. 1 000. Aux Salomon par exemple, au début des années 2000, le taux de natalité était de 33 p. 1 000, la mortalité de 4,6 p. 1 000, et la fertilité de 5,4 enfants par femme : en une vingtaine d'années, la population de l'archipel a doublé (286 000 habitants en 1986, 552 000 en 2005), avec 41,3 p. 100 de moins de 15 ans (France 18,3 p. 100) et seulement 3,3 p. 100 de 65 ans et plus (France 16,6 p. 100). On est en pleine transition démographique.
D'autres États, déjà densément peuplés et qui ont encouragé le contrôle des naissances, comme les Samoa ou les Fidji, ont des bilans un peu moins impressionnants, mais qui restent largement positifs ; même les riches dépendances des grands États, comme Guam ou la Polynésie française, ont un taux de croissance naturelle entre 1,5 et 2 p. 100 par an. Le cas de Hawaii est un peu particulier, avec un alignement sur le reste des États-Unis (natalité 14,4 p. 1 000, mortalité 7,1 p. 1 000 en 2005). Cette croissance inégale n'a que peu atténué les contrastes dans la répartition de la population.
Dans l'ensemble, les très grands archipels montagneux du monde mélanésien sont faiblement peuplés, moins de 20 habitants au kilomètre carré. De plus, à l'intérieur de chaque archipel, des différences notables apparaissent entre les îles : aux Salomon, par exemple, si Malaita a aujourd'hui près de 40 habitants au kilomètre carré, Santa Isabel en a 6 seulement. En Polynésie et en Micronésie, en revanche, les densités sont beaucoup plus fortes et peuvent atteindre dans des atolls (mais il y a aussi des atolls presque vides) un niveau très élevé : près de 150 habitants au kilomètre carré à Kiribati, 450 à Tuvalu, voire plus de 1 000 à Majuro (Marshall). Dans les îles volcaniques polynésiennes s'opposent en général un intérieur des terres plus ou moins montagneux et vide d'hommes et une concentration littorale de la population (Tahiti).
La croissance démographique et les inégalités de population et de ressources ont donné naissance à des mouvements migratoires qui se sont accélérés ces dernières décennies avec les facilités de déplacement offertes notamment par l'avion. Il y a bien sûr des migrations de travail classiques, comme celles qui aux Salomon amènent depuis longtemps déjà les gens de Malaita sur les plantations de cocotiers de Guadalcanal ou des îles Russell. Elles peuvent être d'ailleurs à beaucoup plus grand rayon d'action : les mines et l'industrie du nickel de Nouvelle-Calédonie ont ainsi attiré, notamment pendant le grand boom du début des années 1970, des Tahitiens et surtout des Wallisiens, plus nombreux dans les années 2000 sur la Grande Terre qu'à Wallis même. De plus, deux mouvements de grande ampleur – les migrations vers les villes et les migrations vers le monde extérieur – risquent de remettre en cause certains traits de la répartition des populations insulaires.
Les migrations vers les villes. Dans certains archipels, les villes restent modestes et n'exercent qu'une attraction limitée et souvent temporaire : c'est le cas de Honiara, la capitale des Salomon (49 000 hab.) et à plus forte raison des petits centres comme Auki (Malaita), Gizo et Munda (ouest de l'archipel) qui ne dépassent pas les 10 000 habitants. Mais déjà en Nouvelle-Guinée, Port Moresby (300 000 hab.) et dans une moindre mesure les autres villes du littoral, Lae (90 000 hab.), Madang, attirent des groupes de plus en plus nombreux de montagnards de l'intérieur. Ce drainage vers les villes et surtout la capi [...]
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Écrit par :
- Christian HUETZ DE LEMPS : professeur, directeur de l'UFR de géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
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Pour citer l’article
Christian HUETZ DE LEMPS, « OCÉANIE - Géographie humaine », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 08 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/oceanie-geographie-humaine/