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NABUCHODONOSOR II

Façade de la salle du trône du palais de Nabuchodonosor II à Babylone - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Façade de la salle du trône du palais de Nabuchodonosor II à Babylone

Le règne de Nabuchodonosor II (604-562 av. J.-C.) marque l'apogée de l'empire néo-babylonien et le second âge d'or de la civilisation babylonienne, le premier étant le règne de Hammourabi. Son père, Nabopolassar (Nabū-apal-uṣur), était un prince chaldéen, institué par les Assyriens gouverneur de la Babylonie ; secouant le joug de ses maîtres avec l'aide des Scythes et des Mèdes, il avait contribué à la prise de Ninive (612) et au partage de l'empire assyrien. Nabuchodonosor (Nabūkudur-uṣur, « Nabū protège le dauphin »), fils aîné du fondateur de la nouvelle dynastie, devait constituer un empire s'étendant du Tigre au Taurus et à la Méditerranée jusqu'au delta égyptien. Fidèle à l'alliance médique, sa politique conquérante a visé constamment à évincer l'Égypte de la Palestine et de la Syrie et à maintenir un équilibre entre l'empire mède et le royaume de Lydie, maître de l'Asie Mineure. Sa réussite fulgurante ne lui survécut guère : les courts règnes de ses quatre successeurs, fils et gendres, séparent d'un quart de siècle à peine sa mort de la prise de Babylone par les Perses (539).

Guerres de conquête et destruction du royaume de Juda (605-585)

Avant son avènement, le prince héritier Nabuchodonosor aurait été, selon Bérose, associé au trône. Uni à Amytis, fille du roi mède Cyaxare, il est commandant en chef des armées babyloniennes lors de la destruction de Ninive. En cette même qualité, il bat les Égyptiens à Karkémish et les oblige à se replier jusqu'à Péluse, à l'entrée du Delta (605), quand la mort de son père le fait roi. Pressé de regagner Babylone pour y défendre son trône contre les intrigues de son frère cadet, le vainqueur traite avec le pharaon Néchao : il se voit reconnaître la domination de la Syrie et prend pour seconde épouse Nitocris, fille du pharaon. Pendant cette trêve de courte durée, Nabuchodonosor lève sans difficultés le tribut dans ses provinces de l'Ouest.

Siège de Jérusalem par Nabuchodonosor II - crédits : British Library/ AKG-images

Siège de Jérusalem par Nabuchodonosor II

Mais bientôt, à l'instigation de l'Égypte, le royaume de Juda se dresse contre lui, malgré les objurgations du parti des prophètes, pro-babylonien. Nabuchodonosor attaque Jérusalem dont le roi, Joaquim, disparaît, peut-être assassiné ; le successeur se rend après trois mois de règne et est remplacé par son oncle, Sédécias. Le vainqueur déporte à Babylone trois mille otages (597). L'année suivante, il dompte une révolte de l'Élam, la seule menace qu'il ait connue sur sa frontière orientale. Les intrigues égyptiennes, en réussissant à circonvenir Sédécias, contraignent Nabuchodonosor à intervenir une seconde fois : après un siège de dix-huit mois, la ville et le temple de Jérusalem sont brûlés, et Sédécias figure, enchaîné, au triomphe du vainqueur ; ainsi le royaume de Juda est définitivement dompté (587).

Deux ans plus tard, Nabuchodonosor, qui s'est insinué en Cilicie, fait reconnaître sa conquête en intervenant comme médiateur entre la Lydie et la Médie, en guerre depuis six ans. Une éclipse favorise la mission du diplomate babylonien qui fut le roi lui-même ou son gendre Nabonide ; la paix, conclue en mai 585, donne à Babylone deux avantages : elle confirme son accès à la Méditerranée et maintient l'équilibre entre ses voisins septentrionaux. À la même époque, la poussée de la Babylonie vers l'ouest, qui semble être la grande idée du règne, rencontre la résistance du royaume de Tyr, pôle d'attraction des caravanes et aboutissement des voies commerciales d'est en ouest, dont l'activité assure à la Mésopotamie la prépondérance économique. Nabuchodonosor commence à investir la place, mais il ne l'emportera que treize ans plus tard.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Guillaume CARDASCIA. NABUCHODONOSOR II [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Façade de la salle du trône du palais de Nabuchodonosor II à Babylone - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Façade de la salle du trône du palais de Nabuchodonosor II à Babylone

Siège de Jérusalem par Nabuchodonosor II - crédits : British Library/ AKG-images

Siège de Jérusalem par Nabuchodonosor II

Porte d'Ishtar, Babylone - crédits :  Bridgeman Images

Porte d'Ishtar, Babylone

Autres références

  • BABYLONE

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE
    • 7 328 mots
    • 14 médias
    ...en 614 et Ninive en 612. Le pharaon Néchao est battu à Kargamish (605), sur l'Euphrate, et contraint d'évacuer la Syrie par le Babylonien Nabuchodonosor II (604-562), qui succède bientôt à son père. Le nouveau roi, qui ne parvient pas à conquérir l'Égypte, détruit le royaume de Juda (587)...
  • BALTHASAR

    • Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
    • 361 mots

    Balthasar (hébreu : bēlšaṣṣar ; akkadien : bēl-šarra-uṣṣur, c'est-à-dire « Que Bel protège le roi ! ») est mentionné dans le livre de Daniel ainsi que dans Baruch comme le fils de Nabuchodonosor et, selon Daniel, comme le dernier roi de Babylone avant l'entrée en scène...

  • DANIEL LIVRE DE

    • Écrit par André PAUL
    • 852 mots

    Le Livre de Daniel est classé, dans la Bible hébraïque, parmi les Écrits (Ketubim), entre Esther et l'ensemble formé par Esdras et Néhémie (pour les karaïtes, il est un livre prophétique). Dans la Septante et dans les autres versions, il figure à la suite d'Ézéchiel ; la ...

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique

    • Écrit par François DAUMAS
    • 12 278 mots
    • 17 médias
    ...marches asiatiques de l'Égypte et bat à Meggido le roi Josias de Juda, qui, fidèle aux conseils des Prophètes, demeure dans l'alliance babylonienne. Mais Nabuchodonosor écrase Nekao à Karkémich (605) et jamais plus la dynastie ne pénétrera au-delà du Torrent d'Égypte. Le successeur de Nekao, Psammétique...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi