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TYR (auj. SOUR), Liban

La ville de Tyr (actuelle Sour) se dressait sur la côte méditerranéenne, à 19 kilomètres au nord de la frontière actuelle entre le Liban et Israël et à 40 kilomètres au sud de Sidon (auj. Saïda). Elle fut un grand port phénicien à partir de 2000 avant J.-C. environ et jusqu'à la fin de la période romaine.

Construite en partie sur une île et sur le continent, Tyr fut probablement à l'origine une colonie fondée par des habitants de Sidon. Vassale de l'Égypte, comme l'attestent des registres égyptiens du xive siècle avant J.-C., elle devint indépendante lorsque l'influence égyptienne en Phénicie déclina. Elle supplanta par la suite le centre marchand qu'était Sidon en développant des relations commerciales avec les contrées du bassin méditerranéen. Vers 814 avant J.-C., quelques habitants de Tyr partirent fonder la ville de Carthage, en Afrique du Nord, qui allait devenir plus tard la principale rivale de Rome en Occident. Tyr est souvent mentionnée dans la Bible (Ancien et Nouveau Testament) comme une cité étroitement liée à Israël. Hiram Ier, roi de Tyr (969-936), fournit ainsi au roi Salomon les bois (cèdre) nécessaires à l'édification de son Temple à Jérusalem (xe siècle), tandis que la célèbre Jézabel, épouse du roi Achab, était la fille d'Itho'baal Ier, « roi de Tyr et de Sidon ». Aux xe et ixe siècles avant J.-C., Tyr dominait probablement les autres villes de Phénicie. Elle était alors dirigée par des rois dont le pouvoir était limité par une oligarchie marchande.

Au cours du viiie et du viie siècle avant J.-C., la ville fut soumise à l'Assyrie et, de 585 à 573, elle soutint le siège prolongé du roi babylonien Nabuchodonosor II. Gouvernée par les rois achéménides de Perse de 538 à 332, Tyr perdit son hégémonie en Phénicie mais continua à prospérer. L'épisode le plus connu de l'histoire de Tyr est probablement la résistance qu'elle opposa à l'armée du conquérant macédonien Alexandre le Grand, qui s'en empara en 332 après sept mois de siège. Ce dernier détruisit complètement la partie continentale de la ville et utilisa les décombres pour construire une immense digue pour accéder à sa partie insulaire. Après sa victoire, Alexandre le Grand fit mettre à mort quelque 10 000 Tyriens et en vendit 30 000 autres comme esclaves. La digue construite allait peu à peu transformer l'île en péninsule.

Tyr passa ensuite sous l'influence de l'Égypte ptolémaïque et, en 200, fut annexée au royaume hellénistique des Séleucides. Administrée par Rome à partir de 64 avant J.-C., elle fut réputée pour ses textiles et sa teinture pourpre extraite du murex. Au iie siècle après J.-C., Tyr abritait une importante communauté chrétienne. Soumise aux musulmans de 638 à 1124, elle tomba ensuite aux mains des croisés. Elle fut alors jusqu'au xiiie siècle l'une des principales villes du royaume de Jérusalem. L'empereur germanique Frédéric Ier Barberousse, qui mourut pendant la troisième croisade, fut enterré dans la cathédrale de Tyr, construite au xiie siècle. Assiégée et détruite par les Mamelouks en 1291, la ville ne retrouva jamais son importance.

Des fouilles ont permis de découvrir des vestiges des civilisations gréco-romaine, croisée, arabe et byzantine, mais ceux de la période phénicienne demeurent sous les fondations de la ville actuelle de Sour. Parmi les principaux sites archéologiques se trouvent les ruines d'une église croisée, une rue pavée de mosaïque datant du iie siècle et bordée d'une double colonnade de marbre blanc veiné de vert, des thermes romaines, les ruines d'une nécropole romano-byzantine ainsi que le plus grand cirque romain jamais découvert. Construit au iie siècle, il pouvait accueillir 20 000 spectateurs lors des courses de chariots.

La vieille ville fut inscrite[...]

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Pour citer cet article

Universalis. TYR (auj. SOUR), Liban [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)

    • Écrit par Paul GOUKOWSKY
    • 6 470 mots
    • 5 médias
    ...était mûre et offrit la paix, abandonnant les territoires conquis : Alexandre refusa une proposition que ses conseillers jugeaient pourtant avantageuse. Après avoir pris et ravagé Tyr (été 332), Alexandre marcha sur l'Égypte, où les rescapés d'Issos causaient du désordre. Mais il lui fallut deux mois encore...
  • DIDON ou ELISSA (IXe s. av. J.-C.?)

    • Écrit par Gilbert-Charles PICARD
    • 435 mots

    Princesse de Tyr, fondatrice de Carthage. De nombreux textes anciens attribuent la fondation de Carthage à Didon, également appelée Elissa ; sœur du roi de Tyr Pygmalion, elle quitte la Phénicie après le meurtre de son mari perpétré par son frère, relâche à Chypre, où elle recrute de nouveaux colons,...

  • MÉDITERRANÉE HISTOIRE DE LA

    • Écrit par André BOURDE, Georges DUBY, Universalis, Claude LEPELLEY, Jean-Louis MIÈGE
    • 18 454 mots
    • 12 médias
    Les cités phéniciennes, Ougarit, Byblos, Tyr, Sidon, sont situées le long d'une plaine étroite, entre la mer et les monts du Liban. Dès le IIIe millénaire, elles tournèrent leurs activités vers la mer. Le plus souvent vassales des maîtres successifs du monde oriental, elles servirent de...
  • NABUCHODONOSOR II

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA
    • 1 127 mots
    • 3 médias
    ...Arabie, plus profondément que n'avait été fait Assourbanipal, jusqu'aux confins du royaume de Saba. Mais surtout, en 573, l'assaut est donné à Tyr, dont le roi Itho'baal est fait prisonnier. La chute de cette cité commerçante couronnait toute la politique de Babylone. Vers la fin du règne (568),...