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ESTHER LIVRE D'

Le Livre d'Esther ou plutôt le « rouleau d'Esther » (Megilah Esther) est un des vingt-quatre livres inclus dans le canon de la Bible hébraïque. Il fait l'objet d'une lecture publique le jour de la fête de Pūrim et comprend dix chapitres. Les deux premiers décrivent dans quelles conditions, après l'éviction de la reine Vashti, Esther, nièce du Juif Mardochée, devient l'épouse du roi de Perse Assuérus et comment Mardochée déjoue un complot contre le roi. Le chapitre iii relate dans quelles circonstances le nouveau Premier ministre Aman l'Agagite, descendant d'Amalec, organise l'extermination de tous les Juifs et réussit à obtenir l'aval royal. Les chapitres iv et v rapportent les mesures auxquelles Mardochée et Esther eurent recours pour sauver leurs coreligionnaires cependant qu'Aman se préparait à pendre son rival. Les chapitres vi et vii décrivent le renversement de la situation et la manière dont les Juifs se rendirent maîtres de leurs ennemis. Les derniers chapitres sont consacrés à l'institution de la fête de Pūrim afin de perpétuer l'événement pour les générations à venir.

La critique a tantôt vu dans l'ouvrage un pseudépigraphe en relation avec la période des Maccabées ou des Hérodes, tantôt référé Mardochée et Esther aux divinités babyloniennes Marduk et Ishtar. Plus récemment, Bickerman a soutenu que, quoique fondé peut-être sur des événements réels, le livre résulte littérairement de la combinaison de deux motifs typiques des contes orientaux : celui du courtisan qui se substitue à l'ancien vizir dans la faveur du roi et celui d'une intrigue de harem dont Esther est l'héroïne.

L'auteur du livre est sans doute un Juif persan qui donna un contenu historique à une fête saisonnière célébrée à Suse. Il rédigea l'ouvrage antérieurement à ~ 78-77, date de la traduction grecque du livre réalisée par Lysimaque, fils de Ptolémée de Jérusalem. Quoi qu'il en soit, le Livre d'Esther ne fut inclus dans le canon qu'après de sérieux débats dont le Talmud (Megilah 7 a) se fait l'écho.

Le Livre d'Esther a toujours été très populaire parmi les masses juives, car il symbolise, à travers la victoire sur Aman, la lutte et le triomphe sur l'antijudaïsme de toutes les époques. Au niveau de la pensée rabbinique, le Livre d'Esther marque le passage de l'hébraïsme au judaïsme, du temps de la révélation à celui de l'occultation du divin.

— Roland GOETSCHEL

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

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