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PHARAON

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

Le mot « Pharaon » vient de la version grecque de la Bible où il apparaît dans la Vulgate (Genèse, xii, 15) sous la forme Φαρ́αω (Pharao). Les Hébreux s'étaient contentés de transcrire à leur manière le mot composé égyptien

per-aâ, littéralement « la Grande Maison ». Cette expression, attestée dès l'Ancien Empire vers 2400 avant J.-C., désignait à l'origine le palais royal et ceux qui l'habitaient – un peu comme les Français disent « l'Élysée » pour désigner à la fois la résidence du président de la République, la fonction présidentielle et le président lui-même, ses services ou les fonctionnaires qui y travaillent. À haute époque, l'expression n'était pas utilisée pour désigner la personne royale seule. Son emploi pour signifier le roi de l'Égypte n'est attesté dans les textes qu'à partir de l'époque amarnienne, vers 1370 avant J.-C. L'expression per-aâ est alors toujours suivie de la formule
« Puisse-t-il vivre, être prospère et se bien porter ». Toutefois, bien que l'expression soit alors assez fréquente, les scribes préfèrent le plus souvent désigner le souverain par les mots de « Roi » (Nesout) ou de « Seigneur » (Neb), ou encore par « Sa Majesté » (Hemef). Ce n'est qu'à l'extrême fin de l'histoire de l'Égypte, sous la XXIIe dynastie (950-730 av. J.-C.), que l'expression per-aâ, pharaon, est employée dans les textes égyptiens de la même façon que dans la Bible, c'est-à-dire à la manière d'un titre précédant le nom particulier d'un souverain, comme par exemple per-aâ Sheshonq : le pharaon Sheshonq ; encore cet emploi reste-t-il fort rare. Avant la XXIIe dynastie, le mot per-aâ est toujours utilisé seul, tout comme naguère on disait « la Sublime Porte » en parlant du sultan ottoman.

Une nature divine et humaine

Le dieu Horus et le pharaon Horemheb - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le dieu Horus et le pharaon Horemheb

Pharaon est à la fois dieu et roi humain. Ces deux aspects de sa personnalité sont inextricablement mêlés.

Dieu, souvent désigné par l'expression neter nefer, le « dieu parfait », est le fils charnel d'une divinité : à haute époque, du dieu-soleil , d'Héliopolis, la plus ancienne capitale d'Égypte, et, à partir de la XVIIIe dynastie, du dieu Amon de Thèbes. À l'Ancien Empire, la filiation divine est simplement indiquée par le titre « Fils de Rê », souvent suivi de la précision « de son corps », qui prouve qu'il faut bien interpréter « Fils charnel de Rê » ; au Nouvel Empire, des textes et des représentations décrivent en détail comment le dieu Amon, qui d'ailleurs selon son nom d'Amon-Rê est tenu à cette époque pour une hypostase du dieu Rê, prenait la forme et l'aspect du pharaon régnant pour s'unir charnellement à la reine afin de procréer l'héritier légitime du trône.

Triade d'Osorkon II représenté en Osiris et encadré d'Isis et d'Horus - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Triade d'Osorkon II représenté en Osiris et encadré d'Isis et d'Horus

C'est sans doute grâce à cette origine divine et au fait qu'un sang divin coule dans les veines de l'enfant royal, garçon ou fille, que, à la différence des autres civilisations antiques, la reine égyptienne peut, le cas échéant, soit exercer la royauté au même titre qu'un mâle, soit transmettre les droits à la couronne à son mari quand il n'est pas héritier légitime. Ces mêmes raisons, et surtout le désir de conserver intacte la pureté du sang divin, expliquent peut-être que le mariage consanguin du pharaon avec une de ses sœurs ou demi-sœurs soit sinon une règle, du moins une pratique très fréquente. Toutefois, on peut aussi expliquer cette coutume, que suivront encore les souverains lagides, en évoquant le désir d'imiter le couple mythique idéal, celui d'Osiris et d'Isis, tous deux enfants du dieu Geb (la Terre) et de la déesse Nout (le Ciel), qui étaient eux-mêmes frère et sœur.

Scène de repas funéraire - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Scène de repas funéraire

En tant que roi, Pharaon est considéré comme le successeur légitime d' [...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de l'université de Lille

Classification

Pour citer cet article

Jean VERCOUTTER. PHARAON [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

Le dieu Horus et le pharaon Horemheb - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le dieu Horus et le pharaon Horemheb

Triade d'Osorkon II représenté en Osiris et encadré d'Isis et d'Horus - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Triade d'Osorkon II représenté en Osiris et encadré d'Isis et d'Horus

Autres références

  • ÉGYPTE DES PHARAONS (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 3 525 mots
    • 11 médias

    L' Égypte antique nous a laissé l’image d’un roi divinisé responsable de l’ordre universel ainsi que de la crue du fleuve sacré, le Nil. Cet ordre correspondait à toute une cosmologie fondée sur des mythes et selon laquelle une multitude de dieux animaient l’Univers. La conception du...

  • ABYDOS

    • Écrit par Christiane M. ZIVIE-COCHE
    • 2 681 mots
    • 3 médias
    ...et Abydos est devenu un grand centre de culte et de pèlerinage ; le dieu est alors fréquemment nommé Osiris Khentamentyou. À l'Ancien Empire, seul le pharaon aspirait à devenir lui-même Osiris après sa mort. Après les troubles de la Première Période intermédiaire et la « démocratisation » de la religion...
  • ANTIQUITÉ - Le droit antique

    • Écrit par Jean GAUDEMET
    • 12 008 mots
    • 1 média
    L'absolutisme du pharaon fait de lui le maître de la justice. Dieu ou fils de Dieu, il dit le droit. Mais cette toute-puissance n'est pas source d'arbitraire. Sous l'Ancien Empire, le pharaon est présenté comme exprimant le droit que lui inspire la déesse de la justice et de la vérité. Des textes du Moyen...
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique

    • Écrit par François DAUMAS
    • 12 278 mots
    • 17 médias
    La IIIe dynastie vit s'accentuer les progrès de la civilisation pharaonique. Le roi Djéser paraît avoir eu une forte personnalité et il sut choisir ses collaborateurs. L'un d'entre eux, le génial Imhotep, fut un architecte de premier ordre. Il conçut, pour rendre éternel le tombeau...
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - La religion

    • Écrit par Jean VERCOUTTER
    • 11 389 mots
    • 24 médias
    ...habituel en Égypte, où le fils exerce le métier de son père, le clergé se recrutait de père en fils. Toutefois, on pouvait aussi acheter la prêtrise, et Pharaon avait le droit de placer qui il voulait dans le clergé de n'importe quel temple. Ce pouvoir du roi découle du fait que le culte divin est toujours...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi