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MYOCARDE ou MUSCLE CARDIAQUE

On nomme myocarde le tissu contractile qui forme la plus grande partie du cœur. Il est composé de cellules, ou « fibres », groupées en faisceaux. On a longtemps admis qu'elles constituaient un système unitaire, c'est-à-dire un syncytium histologique ; cette conception a été démentie par l'observation en microscopie électronique qui a montré que chaque cellule est entièrement entourée d'une membrane. Néanmoins, l'excitation peut aisément se propager d'une cellule à l'autre, au moins dans les conditions physiologiques, et c'est pourquoi on peut qualifier l'ensemble du myocarde de syncytium fonctionnel. La contraction, ou systole cardiaque, correspond au raccourcissement synchronisé des cellules myocardiques, sous l'effet de l'interpénétration, à l'intérieur des cellules, de fins éléments de nature protéique, les myofilaments, groupés en une architecture particulière : les myofibrilles (cf. muscles, chap. 1).

Le déclenchement des contractions du cœur des Mammifères ne se fait pas sous l'influence d'une commande nerveuse, comme dans les muscles striés, mais sous l'influence de potentiels d'action apparaissant spontanément et rythmiquement au niveau d'un tissu particulier, le tissu nodal. Les cellules de ce tissu, groupées en amas ou nœuds (de Keith et Flack, de Tawara), n'ont pas de fonction contractile très développée, mais elles assurent la stimulation physiologique qui entretient l' automatisme fonctionnel du cœur. Cette stimulation se propage à l'ensemble du myocarde par l'intermédiaire d'un tissu conducteur (faisceau de His et réseau de Purkinje).

Un potentiel d'action cardiaque est dû à l'inversion temporaire de la polarisation membranaire de repos (polarisation diastolique). Ainsi se produit une onde de dépolarisation dont l'originalité remarquable est sa longue durée, plusieurs centaines de millisecondes (comparativement à celle des nerfs ou des muscles squelettiques). La dépolarisation membranaire entraîne la contraction myofibrillaire ; dans cette succession d'événements (couplage excitation-contraction), les ions calcium jouent un rôle essentiel.

Les fibres nerveuses afférentes (sympathiques ou parasympathiques), n'ayant aucun rôle dans l'excitation du myocarde, se distribuent simplement entre les cellules cardiaques (principalement de la région auriculaire) sans s'articuler avec elles par des plaques motrices ; elles libèrent des médiateurs chimiques (adrénaline et acétylcholine) qui modifient en particulier le rythme du tissu automatique nodal et l'activité du tissu myocardique.

Le travail du cœur utilise la plus grande partie de l'énergie produite par le métabolisme cardiaque. Celui-ci est aérobie chez les Mammifères, de telle sorte que l'anoxie entraîne la disparition très rapide des contractions cardiaques chez ces animaux (il en va différemment pour d'autres Vertébrés : un cœur de tortue, par exemple, peut travailler normalement pendant plus de deux heures en anoxie complète). Ce métabolisme très actif est, en outre, très adaptable, car dans la plupart des cas le cœur peut consommer divers substrats (glucides ou lipides).

Les troubles du métabolisme et de la vascularisation du muscle cardiaque sont les principaux responsables de la pathologie du myocarde, dont l'importance ne cesse de croître. Les recherches cliniques et étiologiques, malgré d'immenses progrès, n'ont élucidé qu'une partie des problèmes complexes que posent les maladies du myocarde. Cela explique les efforts considérables que l'on poursuit dans ce domaine, avec l'espoir d'atteindre à une prévention efficace de ces maladies.

Physiologie

Histologie et ultrastructure

Muscle cardiaque - crédits : Encyclopædia Universalis France

Muscle cardiaque

Le myocarde est un muscle rouge dont les cellules, en microscopie optique, paraissent striées[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des sciences d'Orsay
  • : docteur ès sciences, professeur de physiologie animale à la faculté des sciences de Tours
  • : docteur en médecine, ancien interne des Hôpitaux de Paris, directeur de recherche de première classe à l'I.N.S.E.R.M., docteur ès sciences

Classification

Pour citer cet article

Édouard CORABOEUF, Didier GARNIER et Bernard SWYNGHEDAUW. MYOCARDE ou MUSCLE CARDIAQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Muscle cardiaque - crédits : Encyclopædia Universalis France

Muscle cardiaque

Activité électrique et mécanique d'un fragment de tissu - crédits : Encyclopædia Universalis France

Activité électrique et mécanique d'un fragment de tissu

Variation de la vitesse de raccourcissement - crédits : Encyclopædia Universalis France

Variation de la vitesse de raccourcissement

Autres références

  • ANGOR

    • Écrit par François BOURNÉRIAS
    • 224 mots

    Un angor pectoris, ou angine de poitrine, est une manifestation clinique qui traduit une anoxie transitoire du muscle cardiaque.

    Le diagnostic se fonde sur la nature des crises, que caractérisent des douleurs rétrosternales survenant typiquement à l'effort, brèves, constrictives....

  • ANTIANGOREUX

    • Écrit par Dominique BIDET, Jean-Cyr GAIGNAULT
    • 766 mots

    Les médicaments qui appartiennent à plusieurs classes chimiques concourant, par des mécanismes parfois multiples, à s'opposer à la crise d'angor, ou angine de poitrine ou coronarite, sont appelés antiangoreux. La coronarite résulte d'une anoxie brutale et transitoire...

  • ANTIARYTHMIQUES

    • Écrit par François LHOSTE
    • 368 mots

    Par définition, les médicaments antiarythmiques sont des substances susceptibles de prévenir ou de réduire un trouble du rythme cardiaque. Ces médicaments sont nombreux, leurs structures biochimiques très différentes, leurs classifications pharmacologiques diverses, mais tous se caractérisent...

  • ATHÉROSCLÉROSE

    • Écrit par Loïc CAPRON
    • 5 353 mots
    • 1 média
    ...contraintes physiques particulières : courbures, bifurcations, branchements. La manifestation la plus commune est la maladie coronaire ou ischémie du myocarde par athérosclérose coronaire. Les lésions responsables se situent principalement sur les origines et les premiers centimètres des artères coronaires...
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Voir aussi