MYOCARDE ou MUSCLE CARDIAQUE
Métabolismes dans le myocarde normal
Le myocarde est, à l'état normal, un organe presque exclusivement aérobie. Sa dépendance à l'égard de l' oxygène est telle qu'il ne peut contracter de dette en oxygène, sa consommation s'adapte immédiatement au travail et cesse avec lui, contrairement à ce qui se passe dans le muscle d'origine squelettique. Son équipement membranaire est riche en récepteurs, adrénergiques entre autres, capables de l'adapter rapidement à l'exercice. Il est en revanche peu doué pour la synthèse protéique, qui y est normalement lente et peu active. Ces caractères sont à l'évidence dus au fait qu'il s'agit d'un muscle en travail permanent, contrairement aux autres.
Énergétique
Le myocarde tire sa couleur rouge de la richesse de son contenu en myoglobine, transporteur qui véhicule l'oxygène dans la cellule, et en mitochondries, particules intracellulaires dans lesquelles l'oxygène catalyse la synthèse d'ATP (adénosine-triphosphate) grâce à un système étagé d' oxydoréductions couplé à des phosphorylations. L'ATP ne peut traverser ni les membranes mitochondriales, ni la membrane plasmique externe qui délimite chaque cellule. L'énergie dont il est porteur sera transférée dans le cytoplasme sous forme de créatine phosphate (CP) grâce à une CP-kinase. La synthèse d'ATP à partir de CP retransforme l'énergie potentielle de réserve, qui est celle de la CP, en énergie directement transformable en énergie mécanique. La chaîne d'oxydoréduction est alimentée par l'intermédiaire du cycle de Krebs par les produits de la β-oxydation des acides gras, essentiellement non estérifiés, et ceux de la glycolyse. Ces produits sont traités dans le premier cas par des enzymes mitochondriales et dans le second par des enzymes cytoplasmiques, y compris pour la formation anaérobie d'ATP.

Consommation de substrats
Encyclopædia Universalis France
Consommation de substrats
Consommation de substrats (en % d'équivalents oxygène) par le myocarde normal (d'après R. S. Bing,…
Encyclopædia Universalis France
Le cœur normal arrêté consomme environ 2,5 ml . min-1 . 100 g-1 d'oxygène, chiffre qui passe à 8-14 ml . min-1 . 100 g-1 sur le cœur battant. Lorsqu'il n'y a pas de variations dans le pH, le contenu en oxygène ou en hémoglobine du sang artériel, le sang veineux coronaire issu du cœur est presque complètement privé d'oxygène et la consommation d'oxygène du cœur ne peut être réglée qu'en changeant le débit coronaire ; le tableau montre bien que le cœur, organe aérobie par excellence, consomme de préférence des acides gras, substrats qui ne sont utilisables qu'en aérobiose.
Il peut utiliser le lactate, ce que ne peut pas faire le muscle d'origine squelettique, parce que le cœur possède une isoforme de la lactate déshydrogénase qui catalyse dans la première étape de la glycolyse la réaction lactate ⇌ pyruvate, dans le sens pyruvate → lactate.
Le myocarde dispose donc d'ATP surtout d'origine aérobie (très accessoirement à l'état normal d'origine anaérobie) comme source majeure directement utilisable d'énergie. La transformation en énergie mécanique se fera au niveau du sarcomère, unité élémentaire de la contraction presque identique dans le cœur et le muscle d'origine squelettique (cf. muscles, spécialement ). Le sarcomère comprend deux groupes de filaments, fins et épais, qui s'entrecroisent comme les doigts d'une main. Leur glissement les uns par rapport aux autres détermine le mouvement contractile, cyclique dans le cas du cœur. Le glissement est produit par le mouvement de la tête des molécules de myosine ; c'est à ce niveau que se fait la transformation d'énergie chimique en énergie mécanique et que l'ATP s'hydrolyse, la réaction étant catalysée par l'ATPase de la myosine. L'activité de cette enzyme est linéairement corrélée à la vitesse maximale de raccourcissement du myocarde pour une[...]
Pour nos abonnés, l'article se compose de 4 pages
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Édouard CORABOEUF : professeur à la faculté des sciences d'Orsay
- Didier GARNIER : docteur ès sciences, professeur de physiologie animale à la faculté des sciences de Tours
- Bernard SWYNGHEDAUW : docteur en médecine, ancien interne des Hôpitaux de Paris, directeur de recherche de première classe à l'I.N.S.E.R.M., docteur ès sciences
Classification
Pour citer cet article
Édouard CORABOEUF, Didier GARNIER, Bernard SWYNGHEDAUW, « MYOCARDE ou MUSCLE CARDIAQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Média

Muscle cardiaque
Encyclopædia Universalis France
Muscle cardiaque
Diagramme ultra structural de muscle cardiaque montrant les principaux éléments cellulaires…
Encyclopædia Universalis France
Autres références
-
ANGOR
- Écrit par François BOURNÉRIAS
- 1 226 mots
Un angor pectoris, ou angine de poitrine, est une manifestation clinique qui traduit une anoxie transitoire du muscle cardiaque.
Le diagnostic se fonde sur la nature des crises, que caractérisent des douleurs rétrosternales survenant typiquement à l'effort, brèves, constrictives.[...]
-
ANTIANGOREUX
- Écrit par Dominique BIDET, Jean-Cyr GAIGNAULT
- 4 207 mots
Les médicaments qui appartiennent à plusieurs classes chimiques concourant, par des mécanismes parfois multiples, à s'opposer à la crise d'angor, ou angine de poitrine ou coronarite, sont appelés antiangoreux. La coronarite résulte d'une anoxie brutale[...]
-
ANTIARYTHMIQUES
- Écrit par François LHOSTE
- 2 020 mots
Par définition, les médicaments antiarythmiques sont des substances susceptibles de prévenir ou de réduire un trouble du rythme cardiaque. Ces médicaments sont nombreux, leurs structures biochimiques très différentes, leurs classifications pharmacologiques diverses, mais tous se caractérisent[...]
-
ATHÉROSCLÉROSE
- Écrit par Loïc CAPRON
- 29 436 mots
- 1 média
[...]contraintes physiques particulières : courbures, bifurcations, branchements. La manifestation la plus commune est la maladie coronaire ou ischémie du myocarde par athérosclérose coronaire. Les lésions responsables se situent principalement sur les origines et les premiers centimètres des artères[...] -
BÊTABLOQUANTS
- Écrit par François LHOSTE
- 4 461 mots
Les récepteurs membranaires de la cellule stimulés par des catécholamines, comme l'adrénaline ou la noradrénaline, portent le nom de récepteurs adrénergiques. Depuis les travaux d'Ahlquist, en 1948, les récepteurs adrénergiques ont été divisés en deux groupes,[...]
- Afficher les 18 références
Voir aussi
- ARTÈRES CORONAIRES
- SYSTOLE
- DIASTOLE
- NODAL TISSU
- NŒUD SINUSAL DE KEITH ET FLACK
- ANGIOTENSINE
- ATRIOPEPTINES ou FACTEURS NATRIURÉTIQUES AURICULAIRES (ANF)
- POTENTIEL ÉLECTRIQUE
- ACIDOSE
- PRESSION SANGUINE
- LAPLACE LOIS DE
- INOSITOL TRIPHOSPHATE (IP3)
- MYOGLOBINE
- OREILLETTES
- VENTRICULES
- MYOFIBRILLE
- SARCOLEMME
- SARCOPLASME
- PHYSIOLOGIE
- POTENTIEL DE REPOS
- POTENTIEL D'ACTION
- ATHÉROME
- SODIUM, biologie
- POTASSIUM, biologie
- GRAS MÉTABOLISME DES ACIDES
- JONCTIONS INTERCELLULAIRES
- OXYDORÉDUCTIONS, biologie
- MÉTABOLISME ÉNERGÉTIQUE
- NORADRÉNALINE
- CIRCULATOIRE APPAREIL
- CONTRACTION MUSCULAIRE
- ATPASES (adénosine-tri-phosphatases)
- PERMÉABILITÉ, physiologie cellulaire
- PATCH-CLAMP
- MEMBRANES CELLULAIRES
- CALCIUM & MÉTABOLISME CELLULAIRE
- ADÉNYLATE CYCLASE ou ADÉNYLCYCLASE ou ADÉNYLYL CYCLASE
- PHOSPHODIESTÉRASES (PDE)
- ADRÉNERGIQUES RÉCEPTEURS
- ALPHA-ADRÉNERGIQUES RÉCEPTEURS
- PACEMAKERS
- CONDUCTANCE, électrophysiologie
- STARLING LOI DE
- BÊTA-ADRÉNERGIQUES RÉCEPTEURS
- CONDUCTION INTRACARDIAQUE
- VOLUME SANGUIN
- RETOUR VEINEUX
- SARCOMÈRE
- REPOLARISATION, physiologie
- FRÉQUENCE CARDIAQUE
- VOLTAGE CLAMP
- AUTOMATISMES, physiologie
- RÉCEPTEURS MEMBRANAIRES
- RÉTICULUM SARCOPLASMIQUE
- STRIÉS MUSCLES
- TROPONINE
- LACTATE
- PROTÉINES G
- RÉCEPTEURS MEMBRANAIRES COUPLÉS AUX PROTÉINES G