MOUSSON
Phénomène climatique saisonnier, la mousson (terme dérivé du mot arabe mausim, « saison ») entraîne d'importantes modifications dans la circulation générale de l'atmosphère. Cette particularité climatique s'observe dans la zone tropicale de chaque hémisphère, comprise entre 10 et 30 degrés de latitude. La présence de la mousson modifie profondément la physionomie des saisons tropicales. C'est ainsi que la saison humide, généralement de plus en plus courte quand on s'éloigne de l'équateur, s'en trouve considérablement renforcée.
Le climat de mousson est une variante du climat tropical. Il se caractérise, en fonction de la saison, par une véritable « réaction en chaîne » où les causes et les effets ne sont pas facilement dissociables. Le champ de la pression atmosphérique subit de profondes modifications qui entraînent un changement de direction des vents. Ces variations saisonnières des vents dominants sont elles-mêmes à l'origine de la forte variabilité de la pluviosité que l'on peut constater dans tous les pays soumis au régime de mousson. Les pluies de mousson, dont la date et l'intensité varient d'une année sur l'autre, ont une importance capitale pour des populations qui les attendent ou les redoutent. Ces anomalies sont toujours vécues douloureusement par les populations locales. Des pluies de mousson trop abondantes provoquent fréquemment des inondations. En certaines zones, tempêtes et cyclones s'ajoutent parfois aux effets de la mousson et provoquent des catastrophes de grande ampleur. À l'inverse, quand les pluies de moussons sont trop faibles ou absentes, la période de sécheresse se prolonge. Les conséquences pour la production agricole sont alors désastreuses. La vie ou la survie de millions d'hommes dépend étroitement du « bon fonctionnement » du climat de mousson.
La mousson est un phénomène météorologique qui a des conséquences anthropologiques. Lorsque les géographes décrivent les mécanismes atmosphériques qui sont à l'origine de ce phénomène et l'influence de la mousson sur le climat et la végétation, ils font nécessairement abstraction de l'histoire et des conceptions indigènes (la façon dont les gens du pays ressentent et utilisent la mousson) pour ne considérer que le concept très général d'un renversement saisonnier du régime des vents. Les géographes parlent donc d'une mousson chinoise, d'une mousson japonaise ou de pluies de mousson en des régions aussi diverses que l'Arabie et l'Australie (cf. milieu tropical et asie - Géographie physique). La seconde partie de cet article, au contraire, présente les conséquences sociales et culturelles de la mousson. Le contexte est volontairement limité à l' Asie du Sud et du Sud-Est où la mousson fait traditionnellement l'objet d'un savoir indigène d'orientation médicale. Aux yeux de ceux qui vivent en Inde, à Sri Lanka ou en Thaïlande, dans l'expérience qu'ils ont de la mousson, le renversement des vents a beaucoup moins d'importance que sa conséquence immédiate, qui est l'éclatement de la saison des pluies. La saison des pluies est le pivot autour duquel tourne l'ensemble du calendrier agricole et religieux, astrologique et médical. Les médecins indigènes ont une théorie de la mousson. Le vent, alternativement associé à la sécheresse et à la pluie, provoque selon eux un ensemble de maladies spécifiques qu'ils combattent à l'aide de cocktails d'épices produits sur le même sol. La mousson ainsi conçue à partir du savoir indigène constitue l'un des grands chapitres de l'anthropologie médicale en Asie.
Le phénomène climatique
Mécanisme
Le mécanisme du climat de mousson est relativement simple. Toute comparaison d'échelle mise à part, il présente[...]
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Écrit par
- René CHABOUD : ingénieur à Météo France
- Francis ZIMMERMANN : agrégé de philosophie, docteur ès lettres, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (anthropologie et histoire des sciences dans le monde indien)
Classification
Médias
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