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LEGRAND MICHEL (1932-2019)

Pianiste, compositeur, accompagnateur, arrangeur, orchestrateur, chanteur et chef d'orchestre, Michel Legrand a accompagné des vedettes de la chanson française, participé à des sessions d'enregistrement avec quelques-uns des plus grands noms du jazz, interprété ses propres chansons, collaboré à des tours de chant d'artistes de variété internationaux, donné des concerts et composé pour la chanson et le ballet. Toutefois, il doit sa célébrité à ses partitions pour le cinéma, qui lui permettent de donner libre cours à son sens de la mélodie, mélodie empreinte de lyrisme et souvent développée sur le principe de la fugue, ainsi qu'à son goût pour les orchestrations flamboyantes, où se mêlent son héritage de la variété française et des sonorités jazzy. Quant à sa popularité, il la doit à sa collaboration avec Jacques Demy, principalement pour deux de ses films « en chanté » : Les Parapluies de Cherbourg (1964, palme d'or au festival de Cannes), qui reposait sur la gageure de faire chanter tous les dialogues, et Les Demoiselles de Rochefort (1967), musical s'inspirant du modèle américain auquel il rend hommage.

Michel Legrand - crédits : Stills/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Michel Legrand

<em>Les Demoiselles de Rochefort</em>, J. Demy - crédits : Sunset Boulevard/ Corbis/ Getty Images

Les Demoiselles de Rochefort, J. Demy

Né le 24 février 1932 à Paris, Michel Legrand est le fils du compositeur, arrangeur et chef d'orchestre de danse Raymond Legrand, le neveu, par sa mère, du chef d'orchestre de danse Jacques Hélian, et le frère de la chanteuse Christiane Legrand. Né dans le sérail, il s'oriente très tôt vers la musique. En 1942, alors qu'il n'a que dix ans, il est admis au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il étudie le piano et la composition, notamment sous la direction de Nadia Boulanger. Dans le courant des années 1950, son père, pour lequel il écrit des arrangements, l'introduit dans le milieu de la chanson ; il mène alors une activité d'arrangeur et d'accompagnateur pour, entre autres, Henri Salvador, Catherine Sauvage et Maurice Chevalier, qui l'engage comme directeur artistique.

Passionné de jazz, Michel Legrand développe parallèlement une activité dans ce domaine : il écrit les arrangements pour cordes d'un concert de Dizzy Gillespie, enregistre un premier disque avec grand orchestre, dirige une session dans un studio new-yorkais avec, entre autres, Miles Davis, John Coltrane, Ben Webster et Bill Evans. Par la suite, il reviendra régulièrement au jazz : il écrit des arrangements et dirige des enregistrements pour de nombreux solistes, tels Phil Woods, Sarah Vaughan, Gerry Mulligan, Oscar Peterson, se produit dans des clubs, notamment celui de Shelly Manne, et enregistre des disques. Il élargit ces activités à de nouveaux domaines, ce qui l'amène à travailler avec des artistes aussi différents que Björk, Kiri Te Kanawa, Liza Minnelli, Frank Sinatra et Barbra Streisand.

Michel Legrand fait ses débuts de compositeur pour le cinéma en 1953. À l'instar de la plupart des musiciens de sa génération, il fait ses armes dans le court métrage, mais passe plus vite qu'eux au long, qui plus est avec des « anciens » : Marcel Carné, Pierre Chenal, Gilles Grangier et Henri Verneuil. Il s'impose, en 1960, avec sa partition pour L'Amérique insolite de François Reichenbach. Mais, c'est sa rencontre avec Jacques Demy, pour le premier long métrage de celui-ci, Lola (1961), que devait originellement mettre en musique Quincy Jones, qui est décisive. Hors Jacques Demy, avec lequel il collaborera sur neuf longs-métrages et un épisode de film à sketches, il travaille avec Jean-Luc Godard sur six films, trois longs (Une femme est une femme, 1961 ; Vivre sa vie, 1962 ; Bande à part, 1964) et trois courts, ainsi qu'avec d'autres cinéastes appartenant ou apparentés à la nouvelle vague (Claude Chabrol, Jacques Doniol-Valcroze, Agnès Varda), tout en travaillant avec des réalisateurs « traditionnels ».

En 1967, Michel[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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Pour citer cet article

Alain GAREL. LEGRAND MICHEL (1932-2019) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Michel Legrand - crédits : Stills/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Michel Legrand

<em>Les Demoiselles de Rochefort</em>, J. Demy - crédits : Sunset Boulevard/ Corbis/ Getty Images

Les Demoiselles de Rochefort, J. Demy

Autres références

  • ARRANGEURS DE LA CHANSON FRANÇAISE

    • Écrit par Serge ELHAÏK
    • 7 929 mots
    • 3 médias
    C’est ainsi qu’au début des années 1950 Michel Legrand (1932-2019), multidiplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSMP), affirme ses talents d’arrangeur. Il révolutionne l’écriture des arrangements, considérant souvent le chanteur comme un membre à part entière de l’orchestre....
  • MUSIQUE ET CINÉMA, LE MARIAGE DU SIÈCLE ? (exposition)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 1 083 mots
    • 2 médias
    On apprend que Michel Legrand composa une partition ininterrompue pour L’Affaire Thomas Crown (1968), laissant à Norman Jewison le loisir d’utiliser les morceaux de son choix ; quand le réalisateur entendit la musique, non seulement il l’utilisa intégralement, mais il conçut sa propre mise en scène...
  • LES PARAPLUIES DE CHERBOURG, film de Jacques Demy

    • Écrit par Michel MARIE
    • 868 mots
    • 1 média

    Les Parapluies de Cherbourg est un film exceptionnel et atypique pour de multiples raisons. C'est le troisième long-métrage d'un jeune réalisateur français, Jacques Demy (1931-1990), qui a fait ses classes en 1960, dans les premières années de la Nouvelle Vague, avec deux films au budget...

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