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EVANS BILL (1929-1980)

Bill Evans, un des plus grands maîtres que le piano ait connus au royaume du jazz, a su s'affranchir des barrières ; sans doute faut-il y voir la raison pour laquelle le pianiste et le compositeur demeurent inclassables, impossibles à rattacher à une école ou à intégrer à un mouvement. Laissons parler Jimmy Giuffre : « Il existe un certain niveau à partir duquel il n'y a plus aucune catégorie musicale. Ce n'est pas seulement du jazz ou de la musique classique européenne ou quelque chose d'autre. C'est seulement de la musique que l'on ne peut enfermer dans une catégorie, de la grande musique. Voilà ce que joue Bill. »

Portrait in Jazz

William John Evans naît le 16 août 1929 à Plainfield (New Jersey). Il étudie le violon, et, bien sûr, le piano. À seize ans, il dirige avec son frère un ensemble où l'on remarque le vibraphone de Don Elliott. Il travaille ensuite avec de bien médiocres orchestres de danse. On le voit cependant jouer en trio, aux côtés de Mundell Lowe (guitare) et de Red Mitchell (contrebasse), puis figurer en 1950 et 1951 parmi les membres du big band du saxophoniste Ernie Fields. Vient alors le service armé ; la démobilisation se fera attendre jusqu'en 1954. Il reprend ses activités musicales en compagnie de Jerry Wald et Tony Scott. En septembre 1956, il enregistre son premier disque, New Jazz Conceptions, avec Teddy Kotick à la contrebasse et Paul Motian à la batterie, album sur lequel plane encore l'ombre de Bud Powell mais qui renferme déjà de passionnantes nouveautés harmoniques. Il participe à quelques séances, où il s'illustre aux côtés de Chet Baker, Herbie Mann, Paul Chambers, Philly Joe Jones... Le trio qu'il forme avec Sam Jones et Philly Joe Jones enregistre le 15 décembre 1958 Everybody Digs Bill Evans.

Miles Davis, conquis, l'engage en avril 1958 pour former le prodigieux sextette qui comprend Julian « Cannonball » Adderley (saxophone alto), John Coltrane (saxophone ténor), Paul Chambers (contrebasse) et Jimmy Cobb (batterie). « J'ai beaucoup appris avec lui », confiera le grand trompettiste quelques années plus tard. Avec lui et Thelonious Monk, Bill Evans est enregistré en juillet 1958 au festival de Newport ; avec lui, il est un des protagonistes de Kind of Blue (1959), un des albums les plus importants de l'histoire du jazz, où il côtoie Adderley, Coltrane, Chambers et Cobb pour quatre des cinq pièces (Wynton Kelly le remplace pour Freddie Freeloader). Mais l'écrasante personnalité de Miles Davis ne saurait convenir à l'épanouissement du talent de Bill Evans, et le divorce se produit dès novembre 1958.

John Coltrane, Cannonball Adderley, Miles Davis et Bill Evans - crédits : Don Hunstein/ Bridgeman Images

John Coltrane, Cannonball Adderley, Miles Davis et Bill Evans

Bill Evans retrouve alors une formule qu'il affectionne et qu'il portera à un rare point de perfection, celle du trio, qui verra se succéder, au fil des années, Teddy Kotick, Scott LaFaro, Gary Peacock, Chuck Israels et Eddie Gomez à la contrebasse, Shelly Manne, Larry Bunker, Jack DeJohnette, Paul Motian et Marty Morell à la batterie. Il lui fera certes quelques infidélités pour jouer en studio avec Art Farmer, Lee Konitz, Jimmy Giuffre, Cannonball Adderley, Gary McFarland, Jim Hall, Bill Potts et Marty Morell, mais le trio et le piano solo demeureront son terrain d'élection, le domaine de ses effusions les plus personnelles. Bill Evans meurt à New York le 15 septembre 1980.

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Pierre BRETON. EVANS BILL (1929-1980) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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John Coltrane, Cannonball Adderley, Miles Davis et Bill Evans - crédits : Don Hunstein/ Bridgeman Images

John Coltrane, Cannonball Adderley, Miles Davis et Bill Evans

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