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WOODS PHIL (1931-2015)

Avec Julian Cannonball Adderley, Jackie McLean et Sonny Stitt, Phil Woods occupe une place de choix dans la lignée des saxophones alto issue de Charlie Parker. Mais, bien loin de se définir comme un simple épigone, il saura imposer une manière très personnelle dans les grands orchestres qui le réclament et les petites formations qu’il anime.

Philip Wells Woods naît à Springfield (Massachusetts, États-Unis) le 2 novembre 1931. Grâce au saxophone hérité d’un oncle, il étudie l’instrument dans sa ville natale tout en participant aux jam-sessions du lieu. La découverte du jeu de Charlie Parker dans Kokoinflue définitivement, dès ses 13 ans, sur ses conceptions musicales. En 1948, il s’installe à New York où il travaille avec Lennie Tristano avant de suivre pendant 4 ans des cours de clarinette à la Juilliard School. En compagnie de Charlie Barnet et de Richard Hayman, il donne ses premiers concerts (1954) et enregistre, avec le guitariste Jimmy Raney, son premier disque (1955). L’année 1956 se révèle particulièrement riche : il entre dans l’orchestre de George Wallington, se produit au Birdland avec Friedrich Gulda, apparaît au festival de Newport et participe aux tournées des Birdland Stars de Kenny Dorham et à celles de Dizzy Gillespie en Europe et au Moyen-Orient. En 1957, il forme– The Phil and Quill Quintet – avec un autre saxophone alto, Gene Quill. Après avoir fait partie de la formation de Buddy Rich, il appartient, de 1959 à 1961, au grand orchestre de Quincy Jones. Le label Candid enregistre l’une de ses compositions – Rightsof Swing – avec la collaboration de Benny Bailey, Curtis Fuller et Tommy Flanagan. En 1962, il est du voyage que fait Benny Goodman en Union soviétique. Ses compositions – The Lost Continent, Pieces for Alto and Piano, Three Improvisations – sont exécutées au festival de Monterey et au Town Hall de New York. À cette époque, il enregistre avec les big bands d’Olivier Nelson, de George Russel et de Thelonious Monk.

De 1968 à 1972, Phil Woods vit à Londres puis à Paris où il fonde, avec George Grunz puis Gordon Beck, Henri Texier et Daniel Humair, le groupe European Rythm Machine. On peut alors l’entendre, sur scène ou en studio, dans toute l’Europe. De retour aux États-Unis, il dirige à Los Angeles un premier quartette avec le pianiste Pete Robinson (1972), puis un second en Pennsylvanie (1973). Il consacre l’essentiel de son activité à l’enseignement, à l’écriture et à la promotion de jeunes interprètes. Il fonde en 1983 un nouvel ensemble qui réunit Hal Galper (piano), Steve Gilmore (contrebasse) et Bill Goodwin (batterie). Le groupe deviendra un quintette avec l’arrivée, peu de temps après, du jeune trompettiste Tom Harrell. Woods revient à plusieurs reprises sur le vieux continent, notamment en 1993 pour un unique concert en duo avec son ami français, le pianiste Martial Solal. Il meurt à Stroudsburg (Pennsylvanie, États-Unis) le 29 septembre 2015.

De Charlie Parker, Phil Woods a hérité à la fois la fougue et la maîtrise instrumentale. Au fil des années, il développe cependant un style original, fait d’invention mélodique et de virtuosité. Sans pour autant s’évader de l’univers musical du be-bop, il sait regarder du côté du free jazz et se laisse tenter par des figures répétitives et des accentuations inattendues. Derrière les tempos torrentiels, les phrasés acrobatiques et l’apparente agressivité du propos se dissimule une inspiration lyrique qui est de tous les temps.

— Pierre BRETON

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. WOODS PHIL (1931-2015) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HUMAIR DANIEL (1938- )

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 1 131 mots

    Compositeur et peintre reconnu, Daniel Humair reste avant tout l'un des batteurs les plus inventifs que le Vieux Continent ait offert au jazz. De Stéphane Grappelli à Eric Dolphy, il a joué avec d'innombrables solistes – à l'exception de Miles Davis et de Sonny Rollins, fait-il...