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SALVADOR HENRI (1917-2008)

Artiste caméléon, à la fois clown aux éclats de rire contagieux, crooner, compositeur, guitariste de jazz, Henri Salvador reste ce chanteur osant les pires grimaces et les travestissements les plus insensés mais capable d'offrir aux générations qu'il a accompagnées pendant plus de soixante ans une berceuse d'anthologie, Le Loup, la biche et le chevalier, célèbre par ses premiers mots : « Une chanson douce que me chantait ma maman ». Longtemps considéré comme un artiste de variété parmi les autres, il ouvre les portes de son jardin secret en 2000, avec un album intime, pudique et sensible, Chambre avec vue. Enfin, le grand public adhère en masse à son véritable univers.

Né le 18 juillet 1917 à Cayenne d'un père guadeloupéen d'origine espagnole, Clovis, percepteur des impôts, et d'une mère indienne des Caraïbes, Antonine, il a sept ans lorsque la famille s'installe à Paris. Ses parents espèrent que leur fille et leurs deux fils pourront ainsi faire de brillantes études et accéder à des professions libérales. Le contraste est cruel pour le jeune Henri et ses résultats scolaires s'en ressentent. Son père, qui espérait le voir devenir pharmacien, se rend à l'évidence face à la passion que nourrit son rejeton pour la musique en général et le jazz en particulier. « C'est la T.S.F. qui est à l'origine de ma vocation. Lorsque j'y ai entendu Django Reinhardt, j'ai su que je ferai comme ce type. » En 1934, il achète sa première guitare et s'enferme dans sa chambre des heures entières pour apprendre à reproduire les accords du maître. Il fait la manche et dépense une partie de ses gains pour aller au cinéma et au cirque. À Médrano, il découvre le clown Rhum et le pouvoir du comique. En 1935, il signe son premier contrat avec un chef d'orchestre russe qui l'engage comme guitariste pour trois mois à Boulogne-sur-Mer. Une nouvelle boîte, le Jimmy's, s'ouvre à Montparnasse et cherche à monter un quartette pour créer l'ambiance. Henri Salvador en sera le guitariste et se fera connaître du Tout-Paris Durant son service militaire, il continue à se produire dans les cabarets. Sa notoriété grandissant, il joue avec les plus grands, dont Django Reinhardt. En 1940, après avoir intégré l'orchestre de Bernard Hilda, il rejoint les Collégiens de Ray Ventura et part en tournée en Amérique du Sud. Grâce à ses imitations de Popeye, ses sketches tout en mimiques et onomatopées et son adaptation d'un air folklorique antillais, Maladie d'amour, il devient très vite une vedette au Brésil. Après deux ans de pérégrinations en Uruguay, au Chili, en Argentine, l'orchestre se dissout à l'annonce de la Libération. Henri reste au Brésil, où son nom devient de plus en plus important. Mais, en 1945, il cède à la proposition de Ray Ventura et, en décembre, il est à nouveau parmi les Collégiens, salle Pleyel. Fort de son succès brésilien, il veut montrer à Paris ce dont il est capable en solo. Il persuade le directeur de Bobino de le prendre en vedette américaine du spectacle d'Andrex. Il joue à l'Alhambra, au côté d'Yves Montand, dans une opérette loufoque, Le Chevalier Bayard, et retrouve Django Reinhardt sur la scène de l'ABC.

Henri Salvador - crédits : Pierre Vauthey/ Sygma/ Getty Images

Henri Salvador

Jacques Canetti lui fait enregistrer son premier 78-tours en 1948. Une dizaine de disques sont gravés en deux ans qui, à une exception près, mettent en avant ses talents de chanteur de charme. En 1949, il passe à l'ABC. Au premier rang de ses admiratrices, Jacqueline Garabédian, qu'il épouse l'année suivante. Elle devient son plus fidèle supporter et son mentor. Il enchaîne les tournées au Portugal, en Espagne, en Tunisie, au Maroc, spectacles aux Trois Baudets et galas à Bobino. Henri Salvador diversifie son répertoire, enregistre Saint-Germain-des-Prés et Le Scaphandrier de Léo[...]

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Pour citer cet article

Alain POULANGES. SALVADOR HENRI (1917-2008) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Henri Salvador - crédits : Pierre Vauthey/ Sygma/ Getty Images

Henri Salvador

Autres références

  • ARRANGEURS DE LA CHANSON FRANÇAISE

    • Écrit par Serge ELHAÏK
    • 7 929 mots
    • 3 médias
    ...arrange des albums pour Bernard Lavilliers ou Claude Nougaro, puis plus tard, en 2000, l’album Chambre avec vue, qui marquera un véritable renouveau pour Henri Salvador. La notoriété née de l’aventure avec Salvador établira la réputation de Bernard Arcadio auprès d’une nouvelle génération de chanteurs comme...