MAGNÉTISME
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Le magnétisme est l'un des phénomènes qui a le plus frappé l'imagination de l'homme, au point que ce mot désigne aujourd'hui des réalités très diverses : il s'agit d'abord d'une science fort ancienne et néanmoins toujours d'actualité dont le champ d'application ne cesse de s'étendre ; ensuite, par extension, on parlera du magnétisme d'une personne attrayante et capable de dynamiser son entourage ; enfin, ce mot recouvre diverses pratiques parapsychologiques qui ne sont pas soumises à l'expérimentation scientifique et dont les acteurs sont appelés magnétiseurs, tandis que le terme de magnéticien est réservé aux scientifiques.
Seuls les aspects scientifiques et techniques du magnétisme de la matière condensée seront abordés dans cet article. En ce qui concerne le magnétisme terrestre et planétaire, on se reportera aux articles géomagnétisme et magnétosphères.
Thalès de Milet savait déjà, il y a plus de 2 500 ans, que la magnétite, ou pierre d'aimant, attire le fer et Pline l'Ancien savait aussi qu'elle peut, par influence, communiquer cette propriété attractive à un morceau de fer. On dit alors que celui-ci est aimanté.
L'application des aimants à la navigation, sous la forme de boussoles ou de compas, est sensiblement plus tardive : elle date des xie et xiie siècles de notre ère. Peter Peregrinus (Pierre Le Pèlerin de Maricourt), dans son Epistola... de Magnete – achevé probablement en 1269 – et, surtout, William Gilbert (1544-1603), dans son De Magnete... – publié en 1600 –, traitent de ces applications et développent ainsi les premières théories du magnétisme. Il faut cependant attendre Charles Augustin Coulomb (1736-1806) et sa célèbre série de sept mémoires (1785-1791) pour connaître les lois d'action des charges magnétiques en fonction de la distance, et Denis Poisson (1781-1840) pour amorcer la théorie des champs magnétiques.
Au cours du xixe siècle, les connaissances sur les propriétés magnétiques de la matière se précisent progressivement, notamment avec la théorie de l'électromagnétisme établie par James Clerk Maxwell (1831-1879), mais c'est Pierre Curie qui, pour la première fois (1895), distingue clairement paramagnétisme et diamagnétisme, et met en évidence le passage du ferromagnétisme au paramagnétisme par élévation de température. Paul Langevin édifie ensuite en 1905 la théorie atomique du diamagnétisme et du paramagnétisme, suivi par Pierre Weiss, qui élabore en 1906 la théorie du ferromagnétisme. Parallèlement, avec l'essor de l'électrotechnique, les applications du magnétisme commencent à se développer.
Une seconde génération de physiciens complète l'œuvre de ces pionniers : parmi eux, John Hasbrouck Van Vleck établit, en 1932, la théorie quantique définitive du diamagnétisme et du paramagnétisme ; en 1928, Werner Heisenberg découvre dans les échanges électroniques interatomiques l'origine des interactions ferromagnétiques ; cette même année, Paul Adrien Maurice Dirac calcule le moment magnétique associé au moment cinétique intrinsèque de l'électron, le spin ; Felix Bloch, en 1930, décrit la structure des parois séparant les domaines élémentaires ; Louis Néel établit et explique les notions d'antiferromagnétisme (1932) et de ferrimagnétisme (1947).
Le physicien français Louis Néel, en 1970, lors du banquet qui suit la remise du prix Nobel qui lui a été attribué pour ses travaux sur le ferromagnétisme.
Crédits : Central Press/ Hulton Archives/ getty Images
Depuis lors, le champ des recherches s'est encore considérablement élargi ; aux études classiques sur matériaux massifs et cristallisés sont venus se greffer des travaux sur poudres, couches minces voire couches mono-atomiques, systèmes désordonnés, matériaux amorphes, molécules organiques, bactéries même. Parallèlement, les techniques expérimentales ont progressé de façon spectaculaire avec l'apparition de la diffraction des neutrons, de la résonance magnétique, de l'effet Mössbauer, des [...]
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Écrit par :
- Damien GIGNOUX : docteur ès-sciences physiques, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Étienne de LACHEISSERIE : ingénieur I.S.E.P., docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Louis NÉEL : Prix Nobel de physique, professeur à l'Institut national polytechnique de Nancy et à l'université de Nancy
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« MAGNÉTISME » est également traité dans :
MAGNÉTISME (notions de base)
Le magnétisme est une importante propriété de nombreux systèmes physiques ; ses caractéristiques sont maintenant globalement comprises dans le cadre de la théorie des champs électromagnétiques. Comme c’est souvent le cas, on a su utiliser ce phénomène bien avant d’en élucider le mécanisme ; le développeme […] Lire la suite
PREMIÈRES ÉTUDES DU MAGNÉTISME
En 1600, l'Anglais William Gilbert (1544-1603), que ses contemporains appellent le « père de la philosophie magnétique », publie à Londres son De Magnete magnetecisque corporibus et magno magnete tellure. Quelque quatre cents ans après la propagation en Occident de la boussole inventée en Chine et trois cents ans environ après que le moi […] Lire la suite
AIMANTS
Les aimants permanents sont des corps ferromagnétiques qui, une fois aimantés, conservent un certain état magnétique dont l'effet le plus sensible est d'attirer un morceau de fer. C'est en 1600 que paraît le premier ouvrage sur les aimants : De magnete . Son auteur, William Gilbert, essaya de créer des aimants artificiels, en utilisant le champ magnétique terrestre pour magnétiser des barres de f […] Lire la suite
BOUSSOLE
L'utilisation du magnétisme, qui permet d'orienter une aiguille aimantée, suit une évolution progressive imparfaitement connue : première mention d'une aiguille aimantée au ii e siècle avant notre ère, utilisation attestée du magnétisme vers le vi e siècle (géomancie ?), connaissance probable – entre le i er et le vi e siècle – du transfert des propriétés d'orientation de la magnétite aux morc […] Lire la suite
COULOMB CHARLES AUGUSTIN (1736-1806)
Dans le chapitre « Le physicien » : […] Après avoir reçu le prix de l'Académie en 1777, Coulomb vit adopter son compas magnétique suspendu à couple de torsion par l'Observatoire de Paris, qui lui demanda de résoudre les problèmes apparemment insolubles de la déclinaison magnétique des instruments. Il entreprit donc d'autres recherches sur la torsion et présenta en 1784 les résultats obtenus. Il décrivit le pendule de torsion dont il éb […] Lire la suite
DIAMAGNÉTISME
Les corps qui, contrairement aux substances dites magnétiques, possèdent une perméabilité magnétique μ (rapport entre le vecteur induction B et le vecteur champ H ) inférieure à celle du vide sont dits diamagnétiques. Les lignes de force d'un champ magnétique sont alors repoussées vers l'extérieur ; les points par lesquels pénètrent les lignes de force s'aimantent positivement, alors que ceux pa […] Lire la suite
DUPOUY GASTON (1900-1985)
Gaston Dupouy (Toulouse, 1900-Marmande, Lot-et-Garonne, 1985), physicien, directeur général honoraire du C.N.R.S., membre de l'Académie des sciences depuis 1950, a été le pionnier de la microscopie électronique à très haute tension. Gaston Dupouy est confronté très jeune aux difficultés matérielles de l'existence. C'est à cette époque que se forge cette force de caractère que remarquaient tous ce […] Lire la suite
ÉLECTRICITÉ - Histoire
Dans le chapitre « Les travaux de Pierre Curie » : […] Les conceptions de Pierre Curie sur la symétrie des phénomènes physiques devaient introduire la notion de prévision. Ce savant établit que le champ électrique est un vecteur polaire de même symétrie qu'un tronc de cône et que le champ magnétique est un vecteur axial avec la symétrie du cylindre tournant. Il énonce deux propriétés : – c'est la dissymétrie qui, dans un milieu donné, crée le phénomè […] Lire la suite
ÉLECTRICITÉ - Lois et applications
Dans le chapitre « Les lois fondamentales » : […] Si une charge est au repos, elle crée dans l'espace la perturbation vectorielle champ électrostatique E , mais si elle est animée d'une vitesse constante, elle crée une perturbation supplémentaire : le vecteur champ magnétique B . Ainsi, un conducteur parcouru par un courant, produit un champ magnétique dû au mouvement des porteurs de charges, mais le champ électrique est nul puisque le conducte […] Lire la suite
ÉLECTRO-AIMANTS
Les électro-aimants sont des appareils destinés à produire un champ magnétique à partir d'une source d'énergie électrique. Ils comprennent des bobinages d'excitation parcourus par un courant électrique et peuvent comporter un circuit magnétique destiné à renforcer la valeur de l'induction ou à imposer une carte de champ particulière. Leur technologie a accompli des progrès spectaculaires dans l […] Lire la suite
Voir aussi
- AIMANTATION
- AIMANTATION RÉMANENTE DÉTRITIQUE
- AIMANTATION RÉMANENTE NATURELLE
- AIMANTATION THERMORÉMANENTE
- ENREGISTREMENT ANALOGIQUE
- ANTIFERROMAGNÉTISME
- BOBINES ÉLECTRIQUES
- MAGNÉTON DE BOHR
- CHAMP COERCITIF
- CHAMP DÉMAGNÉTISANT
- CHAMP MAGNÉTIQUE
- CHAMP MAGNÉTIQUE TERRESTRE ou CHAMP GÉOMAGNÉTIQUE
- CHAMP MOLÉCULAIRE
- CIRCUIT MAGNÉTIQUE
- COURANT ÉLECTRIQUE
- CRISTALLITES
- LOI DE CURIE
- CURIE POINT ou TEMPÉRATURE DE
- LOI DE CURIE-WEISS
- DÉLOCALISATION ÉLECTRONIQUE
Pour citer l’article
Damien GIGNOUX, Étienne de LACHEISSERIE, Louis NÉEL, « MAGNÉTISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/magnetisme/