ISLAM (La religion musulmane) Pratiques et rituels
Religion dépouillée, l'islam n'a pas de culte à proprement parler, mais des pratiques codifiées dans des recueils de traditions et d'usages venant du Prophète en personne, Mahomet (Mụhammad), dont l'imitation constitue, en effet, la règle à suivre. Les ouvrages de fiqh, fondés sur les corpus du ̣hadīth et de la sunna, énoncent les actes, gestes et paroles légalement qualifiés d'obligatoires (wājib), d'interdits (̣harām), de blâmables (makrūh), de recommandés (mandūb) et d'indifférents (mubạ̄h), conformément à ceux mêmes du Prophète, tels qu'ils ont été enregistrés par ses compagnons et ensuite fixés par écrit. Du point de vue des mérites, ces actes, gestes et paroles sont classés en trois catégories : ceux que le Prophète a accomplis publiquement et à plusieurs reprises mais sans demander expressément qu'on l'imite en cela (par exemple, certaines prières – celles du witr, des deux fêtes, de l'éclipse et de l'istisqā’) ; ceux qu'il aimait faire, régulièrement ou non, mais sans limitation de nombre ; ceux qu'il aimait faire, mais en son particulier et dont le nombre est limité (telle la prière de deux inclinations à l'aube). Ainsi, l'imitation du Prophète et celle de ses compagnons, censés l'avoir imité, ont été érigées en règle de conduite et de nombreux auteurs se sont appliqués à faire ressortir du Coran, de la biographie du Prophète (sīra), de ses paroles (̣hadīth) et de ses gestes (sunna) le modèle du parfait musulman.
Ces paroles et gestes s'inscrivent dans un contexte religieux préislamique dont les principales caractéristiques sont l'espace et le temps sacrés. Avec la pureté rituelle et l'intention, ils constituent les fondements des pratiques canoniques. Le caractère sacré est conféré à tout lieu de prière (mosquée, oratoire et/ou tout endroit ayant la même destination), mais particulièrement au territoire qui entoure la Kaaba (̣haram), et à l'intérieur duquel s'accomplit le rituel du pèlerinage à La Mecque, et aux trois lieux saints de l'islam, La Mecque, Médine et jérusalem. Le temps sacré est celui des cinq prières canoniques et des quatre mois sacrés du calendrier lunaire, c'est-à-dire Dhū l-qi‘da (11e) Dhū I-̣hijja (12e), ̣Mụharram (1er) et Rajab (7e). Le 12e mois est celui du grand pèlerinage (̣hajj) et le 7e celui du petit pèlerinage (‘umra), qui, de nos jours, est accompli en même temps que le premier par les pèlerins venant de loin. En ces lieux et durant ces mois se trouve interdit tout acte de guerre offensive, car le fidèle est censé être alors en état de sacralisation (ịhrām). Chasse et cueillette des plantes sont proscrites dans le territoire sacré et, en vertu d'un usage préislamique, le droit d'asile est reconnu à la Kaaba.
On ne saurait, dans cet exposé limité, tenir compte des variations qui existent dans les ‘ibādāt ou pratiques religieuses, entre les sectes de l'islam. Théoriquement, ces pratiques sont les mêmes partout, avec quelquefois des interprétations différentes, en fonction de divergences doctrinales ou de contraintes locales ou circonstancielles. On partira des textes de base de l'islam sunnite, tout en faisant remarquer que, pour l'essentiel, il y a concordance entre, d'une part, les quatre rites (madhāhib) de l'islam sunnite et, d'autre part, les rites jafarite (chiite imamite), ibadite (Oman et le Mzab) et zaydite (Yémen), qui sont, dans ce domaine, les plus proches de ce dernier. Signalons enfin que, pour l'islam, parole et geste sont deux composantes inséparables dans la plupart des pratiques, qu'elles soient religieuses ou magiques. Le verbe a ici, comme dans les religions sémitiques, un pouvoir bénéfique ou maléfique illimité, puisqu'il est censé procéder du divin.
La parole et le geste
L'union de la parole et du geste apparaît plus particulièrement dans la profession de foi (shahāda), dans la prière (̣salāt) sous toutes ses formes, dans le pèlerinage (̣hajj) et son rituel antique hérité du paganisme.
La profession de foi
Dans la prononciation de la shahd̄a, les gestes des bras et le mouvement de la tête expriment la foi du cœur et la soumission du corps. Joignant les mains et inclinant la tête, le croyant reconnaît l'unicité d'Allāh et tout ce qu'elle implique. Le comparatif de la formule Allāhu akbar(Allāh est plus grand), qui rappelle la polémique contre les dieux du panthéon mecquois, devient un superlatif avec lā ilāha illā l-Lāh (il n'y a de dieu qu'Allāh). Cette affirmation contient, aux yeux des théologiens, toute la partie dogmatique du credo musulman et signifie : Allāh est un, sans nul autre pareil ; Il n'a ni père, ni enfant, ni épouse ; Il n'a point d'associé ; Il n'a ni commencement ni fin ; Il ne peut être ni pensé ni décrit : « On ne peut embrasser de sa science que ce qu'Il veut. Son trône comprend les cieux et la terre [...]. Il est le Sublime, l'Immense » (Coran, ii, 256). « À Lui appartiennent les Beaux Noms » (Coran, vii, 179), dont l'essence est indescriptible. Son omniscience et son ubiquité font qu'« il ne tombe pas une feuille sans qu'Il le sache, qu'il n'y a pas de grain dans les entrailles de la terre, rien de vert ni de sec qui ne figure dans un Livre manifeste » (Coran, vi, 59).
Le Coran est sa parole. Celle-ci est incréée, impérissable, inépuisable. Il a créé l'homme, dont il est plus proche que sa veine jugulaire (Coran, l, 15), et en a préétabli la destinée.
Il égare qui Il veut et le laisse à lui-même ; Il dirige qui Il veut et le soutient. Il sait toutes choses avant qu'elles soient et qu'elles se réalisent conformément à ce qu'Il sait, sans qu'il y ait ni dire ni acte de ses créatures qu'Il n'ait décrétés et qu'Il ne sache d'avance ; en effet, « Celui qui a créé ne connaît-il pas ce qu'il a créé » ? (Coran, lxvi, 14).
La seconde partie de la shahāda concerne les rapports qu'entretient Allāh avec ses créatures par l'intermédiaire de messagers envoyés périodiquement auprès des hommes afin de leur rappeler, car ils sont enclins à l'oubli, ce qu'ils Lui doivent. Le dernier de ces messagers est Mahomet, « le sceau de la prophétie ». La formule wa-Mụhammad rasūl Allāh fait du Prophète de l'islam un porteur de bonnes nouvelles et un avertisseur chargé d'appeler à lui (Coran, xxxiii, 45), par l'intermédiaire du Livre qu'Il a révélé aux croyants. C'est sur le contenu de ce Livre et sur la parole de l'Envoyé qu'est fondée la foi musulmane, « constituée par l'expression orale, la conviction intime et la réalisation matérielle » : elle s'accroît ou diminue en proportion des œuvres ; paroles et œuvres ne sont valables que par leur conformité avec la Loi.
La prière individuelle
En tête des œuvres qui parachèvent la shahāda figure la prière. Celle-ci, comme le pèlerinage, repose sur un principe fondamental, la pureté rituelle, sans laquelle elle ne peut être valable. On se purifie soit par ablution (wụdū’) soit par lavage (ghisl, ̣tuhr).
L'ablution
L'ablution est obligatoire, d'une part, en cas d'urine, d'excréments ou de vent, d'autre part, en cas d'émission de liquide par la verge (liqueur prostatique ou liquide blanchâtre après miction). Elle s'impose à la femme atteinte de pertes sanguines et est recommandée à l'homme qui a une incontinence d'urine. Elle est nécessaire aussi après une absence de la raison causée par un sommeil profond, un évanouissement, une ivresse ou un accès de démence, après un attouchement corporel ou un baiser motivés par une intention voluptueuse, après un toucher des parties sexuelles.
L'ablution se fait suivant un ordre précis. On doit d'abord se laver les mains à trois reprises, puis les plonger dans le récipient pour y puiser de l'eau et se rincer la bouche à trois reprises ; se curer les dents avec le doigt ; renifler de l'eau à trois reprises et la rejeter vivement en plaçant la main sur le nez (comme on fait pour se moucher) ; prendre de l'eau avec les deux mains (ou bien avec la droite et la verser sur les deux mains), la porter à son visage et le laver des deux mains à partir du haut du front (depuis la racine des cheveux) jusqu'à l'extrémité du menton et tout le pourtour de la face, des os de la mâchoire aux tempes, se passer les mains sur les parties en retrait de l'extérieur des paupières, sur les rides du front et sous l'extrémité molle du dehors du nez (on refait ce lavage trois fois, en secouant sa barbe pour que l'eau pénètre et ne reste pas adhérente aux poils) ; se laver les mains, trois ou deux fois, d'abord la droite, ensuite la gauche, en versant l'eau dessus, en les frottant énergiquement l'une avec l'autre jusqu'aux coudes, et en entrelaçant les doigts des deux mains ; prendre de l'eau avec la main droite, la verser dans la paume de la gauche et se les passer toutes les deux sur la tête en commençant par le devant, c'est-à-dire au point où les cheveux commencent normalement à pousser, les bouts des doigts des deux mains étant réunis sur la tête et les pouces reposant sur les tempes ; passer alors les deux mains, en frottant jusqu'au point où s'arrêtent les cheveux, sur la nuque, puis les ramener à leur point de départ ; passer les deux pouces derrière les oreilles en les ramenant aux tempes ; se verser de l'eau sur les index et les pouces (ou les plonger simplement dans l'eau) et se les passer sur les oreilles devant et derrière (les femmes se passent les mains mouillées sur les deux mèches pendantes, mais non sur le mouchoir enroulant les cheveux, puis, en les ramenant, les introduisent sous les tresses) ; se laver les deux pieds, le droit puis le gauche. On répand avec la main droite de l'eau sur le pied, en le frottant petit à petit avec la main gauche, en entier et à trois reprises ; on passe le doigt entre les orteils ; on se frotte les talons et les jarrets, ainsi que les endroits calleux et crevassés ; il convient de bien opérer la friction manuelle en versant l'eau, le Prophète ayant dit « Malheur aux talons, car le feu [leur est réservé] ! » Une ablution bien faite doit, selon le Prophète, s'achever par la shahāda dite les yeux levés vers le ciel : « Je témoigne qu'il n'y a de dieu qu'Allāh seul et sans associé ; je témoigne que ̣Muhammad est son serviteur et son apôtre. Alors, ajoute le Prophète, les huit portes du Paradis lui sont ouvertes ; il entrera par celle qu'il voudra. »
Lavage
Le lavage est obligatoire dans le cas d'une impureté majeure : émission de sperme provoquée par la jouissance (pendant la veille ou le sommeil), à la fin de l'écoulement menstruel, des pertes sanguines, des lochies, enfin, après la pénétration du gland dans les parties génitales, même sans éjaculation. Il comporte les opérations suivantes : se laver les pieds soit au début, soit à la fin ; plonger les deux mains dans le vase, les retirer sans ramener d'eau, se les passer entre les racines des cheveux ; puiser de l'eau avec les mains à trois reprises et se la verser sur la tête en frottant celle-ci (la femme agit de même, mais en pressant et secouant ses cheveux sans avoir à dénouer ses tresses) répandre de l'eau, d'abord sur le côté droit du corps, ensuite sur le gauche, et se frotter avec les deux mains sitôt après l'effusion de l'eau ; étendre cette friction à tout le corps, en particulier à la partie concernée qui doit être mouillée à nouveau et frottée (on nettoie le creux du nombril, le dessous du menton en passant ses doigts entre les poils de la barbe, les aisselles, l'entrefesse, l'aîne, les creux des genoux, les parties basses des pieds, entre les doigts des mains) ; au cours des frictions, se garder de se toucher la verge avec la paume de la main ou la face interne des doigts (si cela se produit, une ablution simple s'imposera).
Pureté de l'eau et du lieu
Ablution et lavage se font normalement avec de l'eau pure, non mélangée à une impureté ou à une substance, impure ou pure, qui en change la couleur. Une eau qu'un produit pur fait changer de couleur, de saveur et d'odeur reste pure, mais ne peut plus servir pour l'ablution ou le lavage.
En l'absence d'eau, on peut recourir à la lustration pulvérale (Coran, iv, 46, et v, 9), qui se fait avec la couche superficielle pure du sol (poussière, sable, cailloux, matières salsugineuses), de la façon suivante : tapoter des mains la terre et secouer légèrement ce qui pourrait y adhérer ; se passer légèrement les mains sur toute la face ; tapoter une seconde fois la terre, puis frotter doucement la main droite avec la gauche en plaçant les doigts de celle-ci sur l'extrémité des doigts de la droite ; passer les doigts sur la face externe de la main et de l'avant-bras en les ployant sur celui-ci et les avançant jusqu'au coude ; appuyer la paume de la main gauche sur la face interne de l'avant-bras droit à partir du pli du coude et la ramener jusqu'au poignet ; passer la face interne du pouce gauche sur la face externe du pouce droit ; se frotter de la même manière la main gauche avec la main droite et, ayant atteint le poignet, se frotter la main droite avec la gauche jusqu'au bout des doigts. L'homme atteint de souillure majeure et la femme menstruée peuvent, en l'absence d'eau, recourir à la lustration pulvérale ; mais, dans ce cas, ils ne doivent pas avoir de rapports sexuels avant un lavage purificatoire.
Le musulman doit se soucier non seulement de la pureté du corps mais aussi de celle du lieu choisi pour la prière et de celle du vêtement. Il lui est interdit de faire la prière près d'un abreuvoir, sur une grande route, dans un bain de pureté douteuse, dans un dépotoir, dans un abattoir, dans un cimetière ou un lieu de culte d'infidèles. Au moment de la prière, l'homme doit porter au moins un vêtement (tunique ou manteau) lui couvrant les épaules et les parties honteuses et la femme une tunique épaisse et ample, lui couvrant le dessus des pieds, et un voile lui couvrant la tête.
Heures d'appel à la prière
Ainsi purifié, le fidèle aborde la prière canonique aux cinq moments fixés par la Loi, qui sont les suivants : la prière de l'aurore (̣suḅh ou fajr), entre l'apparition de la lumière au point extrême de l'Orient et celle du bord du globe solaire ; la prière de midi (̣zuhr), entre le moment où le soleil décline du milieu du ciel et où l'ombre commence à croître et le moment où l'ombre des objets, ajoutée à celle qu'ils projettent au milieu du jour, devient égale à leur longueur ; la prière de l'après-midi (‘ạsr), entre le moment où finit le temps de la prière de midi et le moment où l'ombre des objets, ajoutée à celle qui est projetée au milieu du jour, devient égale au double de leur longueur ; la prière du soleil couchant (maġrib), juste au moment où le soleil disparaît de l'horizon ; la prière du soir (‘ishā’), entre le moment de la disparition du crépuscule du soir (c'est-à-dire des reflets des derniers rayons solaires) et la fin du premier tiers de la nuit.
Ces moments sont obligatoirement annoncés, pour les prières collectives, par l'appel à la prière (ādhān), suivi du « réappel » (iqāma), qui comportent essentiellement le takbīr (Allāh est plus grand) et la shahāda. On y ajoute : « Accourez à la prière ! Accourez à la félicité ! Voici l'heure de la prière ! » Appel et réappel sont répétés deux fois. Ils doivent précéder également la prière individuelle. Une des conditions préalables pour la validité de la prière, c'est qu'on soit tourné vers la Kaaba de La Mecque (qibla). Le mịhṟab indique cette orientation dans les mosquées. Pour la prière individuelle, on utilise une boussole où l'on observe la marche du soleil ; ou encore, après avoir fait face à l'étoile polaire, on la met à sa gauche et, ainsi, on a la qibla devant soi. Cette dernière est officiellement déterminée dans chaque pays où vivent des musulmans.
Les postures
Ces conditions préliminaires remplies, la prière commence. Elle se compose de quatre postures fondamentales : qiyām, rukū‘, sujūd, qu‘ūd. Une prière comporte deux rak‘a ; dans une rak‘a, il y a deux qiyāms (avant le rukū‘ et entre le rukū‘ et le sujūd) et deux sajda.
Le qiyām consiste à se tenir debout bien droit, de manière à répondre à l'appel de Dieu avec énergie et enthousiasme. Il s'accompagne, d'une part, de l'affirmation qu'« Allāh est plus grand » (Allāhu akbar) – aussi mérite-t-Il louange et glorification –, d'autre part, de la récitation de la fātịha, la première sourate du Coran, analogue au Pater Noster, qui s'achève par un amen dit tout bas. Suit la récitation à haute voix d'une des longues sourates de la partie du Coran nommée mufạṣsal (de xlix à xciv). Enfin, on proclame qu'« Allāh est plus grand », en se penchant pour l'inclination (rukū‘), qui consiste à saisir les genoux avec les deux mains, en imprimant au dos une direction horizontale, sans lever ni abaisser la tête et en écartant les bras, le cœur pénétré d'humilité. On peut dire alors : « Gloire à mon Seigneur l'Immense, louange à Lui ! » Ensuite, on relève la tête en disant : « Allāh écoute ceux qui le louent » et « Ô grand Dieu, notre Seigneur, à Toi la louange ! » On se tient alors debout, calme et immobile, pendant quelque temps ; puis on se penche vers le sol et l'on fait la prosternation (sujūd), les mains posées sur les genoux, en prononçant la formule Allāhu akbar.
Pour le sujūd, on pose sur le sol le front, le nez, les deux mains ouvertes et à plat dans la direction de la qibla, à la hauteur des oreilles ou en deçà – les pieds étant verticaux et le dessous du gros orteil tourné vers le sol. On peut dire alors : « Gloire à toi, Seigneur ! Je me suis fait tort à moi-même et j'ai fait le mal ; veuille me pardonner ! » ou une autre invocation. Ensuite, on relève la tête en disant Allāhu akbar et l'on s'assied (qu‘ūd), en ployant le pied gauche – cette posture étant intermédiaire entre les deux prosternations de la rak‘a – et en dressant le pied droit, dont le dessous des doigts est dirigé vers le sol. En relevant la tête, on éloigne les mains du sol pour les mettre sur les genoux, puis on fait la seconde prosternation comme la première. Enfin, en s'aidant des mains et sans s'asseoir, on se met debout, en prononçant la formule du takbīr.
Dans la seconde rak‘a, la seconde sourate peut être moins longue (sont dites « longues » les sourates ii à lxxix, « moyennes » les sourates lxxx à xcii et « courtes » les sourates xciii à cxiv). Après la récitation, on peut ajouter des invocations, telle la prière de résignation (qunūt) : « Ô grand Dieu, nous Te demandons aide et pardon ; nous croyons en Toi et mettons notre confiance en Toi ; nous nous humilions devant Toi, répudions les autres religions et laissons de côté ceux qui Te nient. Ô grand Dieu, c'est Toi que nous adorons et prions, c'est devant Toi que nous nous prosternons, vers Toi que nous courons et nous nous précipitons. Nous espérons en Ta miséricorde et craignons Ton rigoureux châtiment ; car, certes, Ton châtiment s'attache aux incrédules. » À la fin de la seconde rak‘a, on s'assied dans la posture décrite précédemment et on récite le tashahhud, sorte de credo énumérant les grands dogmes de l'islam. On met les mains sur les cuisses, en contractant les doigts de la droite et allongeant l'index, en en relevant la tranche vers soi et en allongeant la main gauche sur la cuisse gauche sans remuer l'index ni lui donner une position indicative. La position de la main droite signifie soit l'unicité d'Allāh, soit le rejet de Satan.
Prières communautaires et spéciales
Multiples peuvent être les variantes et additions de ces postures, dans lesquelles s'affirme l'union du geste et de la parole. La prière communautaire ne diffère que peu de cette prière individuelle.
Le fidèle y est guidé par un imam après lequel il répète gestes et paroles. La plus importante est celle du vendredi ; elle a lieu dans la grande mosquée ou dans un autre lieu réunissant un groupe suffisant et revêt une grande solennité. Les muezzins commencent l'appel dès que l'imam s'installe dans la chaire, puis ce dernier prononce une homélie (khụtba), se tenant assis au début et au milieu de celle-ci ; quand il est debout, il s'appuie de la main droite sur un arc ou un bâton. L'homélie achevée, la prière commence. Sont tenus d'y participer les gens de la ville et des environs. Les voyageurs, les esclaves, les femmes (qui, si elles y viennent, se placent derrière les hommes), les enfants n'y sont pas astreints ; elle est même interdite aux jeunes et belles femmes. Pour cette prière, on doit s'être lavé complètement et il sied alors de se parfumer et de revêtir ses plus beaux habits. La mosquée est aussi un lieu de rencontre et de conversation ; on peut y dormir et manger, mais proprement et sans bruit, ni trouble, ni ronflement.
Tout lieu de prière revêt un caractère sacré (̣hurma) et il convient de le délimiter par rapport à un objet quelconque – un mur, un lit, un arbre, une canne, un voile, un trait sur la terre –, de manière que le fidèle qui a prié ait le sentiment d'être isolé du monde, seul avec Dieu. L'imam qui dirige la prière collective est choisi selon des règles précises : le maître de maison, si la prière se fait chez lui ; le chef de l'État dans son État ; le savant ; le gouverneur ; l'homme âgé ; l'homme bien en vue, à condition qu'il soit agréé par la communauté.
Outre les cinq prières canoniques et la prière du vendredi, il existe plusieurs prières surérogatoire (nawāfil), dont les principales sont : la prière du soleil levé (̣dụhâ), entre le lever du soleil à la hauteur d'une lance et midi (elle comprend de deux à huit rak‘a) ; la prière de la nuit, qui comporte de deux à dix rak‘a, suivant l'exemple du Prophète, et qui s'achève par une prière à une rak‘a (witr) [il est recommandé de la faire dans le dernier tiers de la nuit ; elle se fait collectivement durant le mois de ramạdān] ; les prières des deux fêtes, celle de la Rupture du jeûne (fịtr) et celle des Sacrifices (ạḍhā) ; celle de l'éclipse de la lune et du soleil (kusūf et khusūf) et celle de la demande de pluie (istisqā’). La première comporte deux rak‘a, avec de longues récitations coraniques, et deux autres avec des louanges et une demande de pardon, le tout suivi d'une homélie dans laquelle l'imam supplie Dieu de faire tomber la pluie. On exprime le souhait de changement en détournant la face et en retournant son vêtement. Nombreuses sont les prières jaculatoires, qui s'ajoutent aux prières canoniques et surérogatoires : un nombre important d'invocations (dhikr, du‘ā’, wird) est fourni par la tradition ou rapporté à des mystiques et à des hommes pieux. La prière est le pilier le plus important dans la vie du musulman, après la profession de foi. Le Prophète a mis l'accent sur elle, alors qu'elle était absente chez les Arabes préislamiques, de même que le jeûne (̣sawm) et l'aumône légale (zakāt). Quant au pèlerinage (̣hajj) et à la guerre sainte (jihād), ils prolongeaient des traditions bien ancrées.
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Écrit par
- Toufic FAHD : professeur à l'université des sciences humaines
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- ‘ABD AL-MALIK (646/47-705) calife omeyyade (685-705)
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