ISLAM (La religion musulmane) Pratiques et rituels

Les fêtes

L'étude des fêtes de l'islam se heurte à une grande difficulté, qui tient à l'interférence de deux calendriers, le calendrier solaire et le calendrier lunaire, pour les fêtes héritées de l'Arabie païenne. Solaire pour les foires saisonnières, liées aux solennités religieuses, le calendrier était lunaire pour les fêtes rituelles et officielles. Les Arabes de l'époque de Mahomet en étaient encore, à ce propos, au stade des Mésopotamiens de l'époque d’Hammourabi : tous les trois ans environ, ils intercalaient un mois entre les trois mois sacrés qui se suivaient, à savoir dhū l-qi‘da (11e mois), dhū l-̣hijja (12e mois) et mụharram (1er mois), harmonisant ainsi approximativement les deux calendriers solaire et lunaire et rompant la trêve sacrée, jugée trop longue, qui imposait la cessation de toute activité guerrière.

Cette pratique de l'intercalation (nasi’) fut interdite par le Prophète, précisément pour les deux raisons qui la justifiaient aux yeux des Arabes : d'une part, les foires permettaient de perpétuer un certain nombre de coutumes et de pratiques païennes ; d'autre part, le nasi’ était une manière de tricher avec Dieu (Coran, ix, 36-7). Il s'ensuivit une course des mois à travers les saisons et, ainsi, les fêtes de printemps peuvent se situer à l'automne et vice versa, comme si Pâques tombait à Noël et Noël à la Pentecôte. À cette mobilité des lunaisons s'ajoute celle du premier jour de l'année, laquelle, sans être apparente dans le calendrier, a cependant des répercussions quand on examine la signification de certaines fêtes.

Les fêtes originelles

Outre celle du vendredi, l'islam primitif ne connaissait que trois fêtes légales, auxquelles est venue s'en ajouter, plus tard, une quatrième, officielle mais non légale, celle de la naissance du Prophète.

Le vendredi

Le vendredi (al-jumu‘a ou jum‘a – terme qui désigne aussi la semaine) peut avoir été choisi comme jour sacré par le Prophète dans un souci de fidélité à la tradition arabe préislamique, comme ce fut le cas pour le pèlerinage. En effet, Vénus, représentée à la Kaaba par la Pierre noire, à l'instar d'Astarté à Tyr ou à Chypre, et adorée sous les traits de la triade mecquoise – al-Lāt, al-‘Uzzā et Manāt –, était, suivant Yāqāt, « le guide des Arabes, et c'est sous son signe et sous celui de Jupiter qu'est née la Loi de l'islam ». Le substantif jumu‘a, qui signifie « jour de réunion » ou « assemblée », est présenté, dans les lexiques, comme étant la traduction d'un terme syriaque de même sens : ‘arūbtā, arabisé en ‘arūba, et cela huit générations avant la naissance de Mahomet (au temps de Ka‘b b. Lu’ayy). Dans sūrat al-jumu‘a, le Coran parle de ce jour en ces termes : « Ô vous qui croyez, lorsqu'on vous appelle à la prière d'al-jumu‘a [„réunion“, „assemblée“, pratiquement „le vendredi“], empressez-vous de prier]dhikr]Allāh et abandonnez le commerce ! Cela vous sera plus avantageux... » (lxii, 9). Ce jour n'implique pas l'obligation du repos hebdomadaire, puisque le verset suivant déclare : « Lorsque la prière est finie, allez là où vous voudrez, recherchez les bienfaits d'Allāh et invoquez beaucoup son nom. Peut-être réussirez-vous » (lxii, 10). Son choix est motivé par un ̣hadīth assez significatif, qui fait dire au Prophète : « Nous sommes [arrivés] les derniers, mais nous serons les premiers [à être jugés] le jour de la Résurrection, bien qu'ils [juifs et chrétiens] aient reçu le Livre avant nous et que nous l'avons reçu après eux. Puis, ils se sont divisés sur le jour qui leur avait été imposé, alors que Dieu nous a guidés. Ainsi, les autres viennent après nous : le lendemain les juifs, le surlendemain les chrétiens » [comparer[...]

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Écrit par

  • Toufic FAHD : professeur à l'université des sciences humaines

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Pour citer cet article

Toufic FAHD, « ISLAM (La religion musulmane) - Pratiques et rituels », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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