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FRANC FRANÇAIS

Du bimétallisme à l'étalon or (1803-1914)

Les institutions de 1803 accompagnent plus d'un siècle de stabilité monétaire. Sauf pendant de courtes périodes de guerre ou de troubles, les cours des monnaies étrangères restent voisins du pair métallique. Le pouvoir d'achat interne du franc varie en fonction du mouvement général des prix. Les prix et l'activité baissent de 1817 à 1850, appréciant le franc. Un mouvement contraire accompagne l'expansion de 1850 à 1873. Puis, se produit à nouveau une contraction de 1873 à 1896, et enfin une nouvelle phase d'essor jusqu'à la crise de 1929. En moyenne, jusqu'en 1914, la valeur du franc reste à peu près constante.

L'émission des billets

Le régime de l'émission évolue peu à peu. Les Hôtels des monnaies en province cessent leur activité les uns après les autres et, à la fin du siècle, l'Administration des monnaies et médailles, dépendant du Trésor public, centralise la frappe des pièces. L'émission de billets ne trouve son organisation définitive qu'en 1848. De 1817 à 1838, neuf banques départementales d'émission sont créées. Indépendantes de la Banque de France, leurs billets n'ont qu'une aire de circulation limitée. Ces banques sont aussi soumises à l'obligation de maintenir leur encaisse au tiers de leurs engagements à vue (billets et dépôts). En 1847, leur émission de billets représente quelque 40 p. 100 de celle de la Banque de France. La concurrence des billets de la Banque de France à cours national entraîne des difficultés. Le gouvernement de la IIe République décide la fusion des banques départementales avec la Banque de France en avril-mai 1848. La Banque reçoit donc le monopole de l'émission de billets sur l'ensemble du territoire national. L'autorisation d'émettre des coupures de moindre valeur (200 francs en 1847, 100 francs en 1848, etc., jusqu'à 5 francs en 1871) favorise la généralisation du billet de banque dans les transactions courantes. Du reste, à l'occasion de l'instauration du cours forcé (15 mars 1848-6 août 1850) et d'un plafond à l'émission de la Banque de France fixé par voie législative, le billet reçoit cours légal. Ce pouvoir libératoire illimité devait demeurer, même après le retour à la libre convertibilité en métal. Le cours forcé est cependant rétabli à l'occasion de la guerre de 1870 (jusqu'au 13 août 1875), puis, à nouveau, le 5 août 1914.

De l'Union latine à l'étalon or

Le bimétallisme fonctionne de façon satisfaisante tant que l'un ou l'autre des deux métaux ne fait pas une prime excessive. Avant 1814, l'or fait prime sur l'argent (rapport commercial moyen 16/1). En 1820, au contraire, c'est l'argent (15,04/1) car l'or s'est raréfié. Quand le rapport commercial remonte à 15,76, de 1820 à 1850, l'argent déprécié évince presque les pièces d'or. L'afflux d'or californien (1849) et australien (1851) conduit à une légère appréciation relative de l'argent, suffisante pour conduire à une banalisation de l'or, puis à une véritable disette de monnaies d'argent sous le second Empire. La Belgique, la Suisse et l'Italie, qui ont aussi adopté le franc germinal, finissent par réagir de concert (convention du 23 décembre 1865 instituant l' Union monétaire latine), en diminuant à 0,835 le titre des pièces d'argent inférieures à 5 francs et en limitant leur pouvoir libératoire. On entre alors dans un bimétallisme boiteux avec un franc argent de 4,5 g pour les pièces à 0,9 de fin et un franc de 4,175 g pour les pièces réduites à 0,835 de fin. L'arbitrage était donc favorable à l'argent mieux titré et, de là, à l'or.

L'exploitation intensive des mines d'argent du Nevada, à partir de 1873, accentue encore[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113

Classification

Pour citer cet article

Dominique LACOUE-LABARTHE. FRANC FRANÇAIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Masse monétaire de 1814 à 1913 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Masse monétaire de 1814 à 1913

Masse monétaire de 1913 à 1944 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Masse monétaire de 1913 à 1944

Prix et change dans l'entre-deux-guerres - crédits : Encyclopædia Universalis France

Prix et change dans l'entre-deux-guerres

Autres références

  • MONNAIE MÉTALLIQUE EN FRANCE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 387 mots

    310 Le premier solidus (sou), pièce d'or, est frappé à Trèves et s'impose en Occident pour près d'un demi-millénaire.

    864 Édit de Pîtres. Pour contrôler la frappe, Charles le Chauve limite à dix le nombre d'ateliers monétaires.

    1018 La Catalogne, ancienne province...

  • BILLON

    • Écrit par Jean DÉRENS
    • 702 mots

    Terme qui désigne les monnaies de métal vil, ou de métal précieux dont le titre est très fortement altéré. Les monnaies de billon ne doivent leur pouvoir libératoire qu'à la confiance du public et leur valeur intrinsèque est toujours très inférieure à leur valeur nominale. Le terme est le plus...

  • BIMÉTALLISME

    • Écrit par P. SCHAEFER
    • 442 mots

    Système monétaire qui combine deux étalons, or et argent. La loi du 7 germinal an XI (28 mars 1803), qui instituait en France un système bimétalliste, fixa les trois conditions nécessaires à un tel système : un rapport légal fixe entre les deux métaux, l'or ayant une valeur 15,5 fois supérieure...

  • CHANGE - L'intégration monétaire européenne

    • Écrit par Christian BORDES
    • 14 365 mots
    • 6 médias
    Les remous monétaires qui avaient été observés en 1968 se poursuivent, obligeant les autorités françaises à dévaluer le franc de 11,1 p. 100 le 8 août et à renforcer les contrôles de mouvements de capitaux. Quelques semaines plus tard (le 24 octobre), le deutsche Mark est réévalué de 9,3 p. 100. Au...
  • CHANGES CONTRÔLE DES

    • Écrit par Georges BLUMBERG
    • 735 mots

    Mesures prises par un gouvernement pour réglementer l'achat et la vente de monnaies étrangères par ses ressortissants. C'est à la suite des grands déséquilibres économiques et financiers provoqués par la Première Guerre mondiale que de nombreux États ont été amenés à limiter, voire à supprimer,...

  • Afficher les 18 références

Voir aussi