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FRANC FRANÇAIS

Le retour à la convertibilité externe (1944-1958)

Après la Libération, la reconstruction s'opère, à l'abri d'un contrôle des changes rigoureux, par financement public de l'effort d'investissement productif et grâce à l'aide étrangère. Parvenue à un rythme de croissance soutenu, malgré une inflation modérée mais persistante, l'économie peut alors se préparer à une ouverture sur l'économie internationale.

Changement de parité de 1944 à 1971 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Changement de parité de 1944 à 1971

Le franc reste inconvertible en monnaies étrangères jusqu'en 1958. Le contrôle des changes, hérité de 1939, renforcé en 1945, centralise les avoirs en or et en devises auprès des autorités monétaires. Le découvert de trésorerie faisant l'objet d'un financement principalement monétaire et la balance des transactions courantes est largement déficitaire ; les parités officiellement déclarées restent artificielles par rapport aux cotations du marché noir. Il s'ensuit, en 1948 et en 1949, une série d'ajustements, les uns transitoires (cours de change multiples, de janvier 1948 à avril 1949), les autres plus durables (dévaluation du 20 septembre 1949, qui accompagne celle de la livre sterling et d'autres monnaies européennes).

Au début des années 1950, le franc devient transférable à l'étranger, grâce aux accords de paiement intra-européens (18 novembre 1947, 16 octobre 1948, 7 septembre 1949) qui organisent, dans le cadre de l'aide américaine à la reconstruction (plan Marshall) gérée par l'Organisation européenne de coopération économique (16 avril 1948), la compensation multilatérale des soldes bilatéraux. L'adhésion de la France à l'Union européenne des paiements (19 septembre 1950) prépare ensuite le retour au multilatéralisme intégral. Après une dernière crise de trésorerie se traduisant par une pseudo-dévaluation de 20 p. 100 en août 1957 (légalisée le 23 juin 1958), l'assainissement des finances publiques, la réduction du déficit extérieur et la reconstitution des réserves officielles de change permettent de rétablir la convertibilité de la monnaie pour les non-résidents. Le contrôle des changes, notablement assoupli, subsiste néanmoins.

Le retour du franc parmi les grandes monnaies se réalise ainsi dans le cadre institutionnel européen, à vrai dire plus efficace que celui qui avait été conçu par les accords de Bretton Woods (ratifiés en décembre 1945) et qui aboutissent à la création du Fonds monétaire international (1947). Abritée par le contrôle des changes et les tarifs douaniers, la France peut restructurer son système bancaire (1941, 1945) et instituer une organisation du crédit largement dominée par des établissements bancaires et financiers publics. Les banques prennent le relais du Trésor pour la création monétaire, en augmentant la transformation des liquidités en prêts aux entreprises. Les institutions financières non bancaires publiques, notamment la Caisse des dépôts, drainent le reste de l'épargne des agents non financiers et l'utilisent au financement des équipements publics et du logement social.

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113

Classification

Pour citer cet article

Dominique LACOUE-LABARTHE. FRANC FRANÇAIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Masse monétaire de 1814 à 1913 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Masse monétaire de 1814 à 1913

Masse monétaire de 1913 à 1944 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Masse monétaire de 1913 à 1944

Prix et change dans l'entre-deux-guerres - crédits : Encyclopædia Universalis France

Prix et change dans l'entre-deux-guerres

Autres références

  • MONNAIE MÉTALLIQUE EN FRANCE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 387 mots

    310 Le premier solidus (sou), pièce d'or, est frappé à Trèves et s'impose en Occident pour près d'un demi-millénaire.

    864 Édit de Pîtres. Pour contrôler la frappe, Charles le Chauve limite à dix le nombre d'ateliers monétaires.

    1018 La Catalogne, ancienne province...

  • BILLON

    • Écrit par Jean DÉRENS
    • 702 mots

    Terme qui désigne les monnaies de métal vil, ou de métal précieux dont le titre est très fortement altéré. Les monnaies de billon ne doivent leur pouvoir libératoire qu'à la confiance du public et leur valeur intrinsèque est toujours très inférieure à leur valeur nominale. Le terme est le plus...

  • BIMÉTALLISME

    • Écrit par P. SCHAEFER
    • 442 mots

    Système monétaire qui combine deux étalons, or et argent. La loi du 7 germinal an XI (28 mars 1803), qui instituait en France un système bimétalliste, fixa les trois conditions nécessaires à un tel système : un rapport légal fixe entre les deux métaux, l'or ayant une valeur 15,5 fois supérieure...

  • CHANGE - L'intégration monétaire européenne

    • Écrit par Christian BORDES
    • 14 365 mots
    • 6 médias
    Les remous monétaires qui avaient été observés en 1968 se poursuivent, obligeant les autorités françaises à dévaluer le franc de 11,1 p. 100 le 8 août et à renforcer les contrôles de mouvements de capitaux. Quelques semaines plus tard (le 24 octobre), le deutsche Mark est réévalué de 9,3 p. 100. Au...
  • CHANGES CONTRÔLE DES

    • Écrit par Georges BLUMBERG
    • 735 mots

    Mesures prises par un gouvernement pour réglementer l'achat et la vente de monnaies étrangères par ses ressortissants. C'est à la suite des grands déséquilibres économiques et financiers provoqués par la Première Guerre mondiale que de nombreux États ont été amenés à limiter, voire à supprimer,...

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Voir aussi