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ÉVOLUTION

Charles Darwin - crédits : Spencer Arnold/ Getty Images

Charles Darwin

La théorie de l'évolution, née au xviiie siècle mais remodelée par Charles Darwin en 1859, est admise depuis la fin du xixe siècle par l'immense majorité des scientifiques. Elle peut se résumer à l'idée que les espèces vivantes se modifient au cours du temps, au point de se transformer en des espèces différentes, d'où le terme « transformisme » par lequel on la désigne également. On distingue parfois « transformisme » et « évolutionnisme », ce dernier concept ayant une portée philosophique plus générale, comme chez Herbert Spencer, qui y inclut (contrairement à Darwin) l'idée d'un progrès perpétuel. Par ailleurs, le terme évolutionnisme, le plus usité actuellement, tend à connoter la période postdarwinienne, tandis que celui de transformisme, un peu plus daté, s'appliquerait davantage à la période prédarwinienne ; en fait l'usage tend souvent à confondre les deux termes. L'évolutionnisme biologique propose donc une vision unitaire du vivant dont chaque spécimen, de la bactérie à l'homme, participe d'une histoire unique, avec ses transformations, ses ramifications et ses extinctions localisées, histoire qui s'est déroulée dans le temps long des ères géologiques, c'est-à-dire sur plus de trois milliards d'années. L'évolutionnisme s'oppose donc à la fois au créationnisme, qui postule la création (par Dieu) une fois pour toutes de chacune des espèces séparément, et au fixisme, qui suppose l'immuabilité stricte des êtres vivants.

Par ses implications de toutes sortes (biologiques, mais aussi philosophiques, théologiques, sociologiques, politiques, voire psychologiques...), la diffusion de l'idée d'évolution a eu des conséquences considérables dans tous les domaines de la pensée. Cela explique les tensions qu'elle n'a cessé d'engendrer à plusieurs niveaux. Tout d'abord, son acceptation même a longtemps posé et continue de poser problème dans certains milieux, principalement lorsqu'elle est jugée contraire à tel ou tel dogme religieux. Par ailleurs, même si de grandes tendances se sont dégagées à certaines époques, elle n'a jamais fait l'objet d'un véritable consensus quant aux modalités exactes du processus et à ses mécanismes : les biologistes débattent activement de ces questions, qui ne sont d'ailleurs pas sans avoir parfois de lourdes implications extra-scientifiques. C'est pourquoi les sciences de l'évolution constituent aujourd'hui un champ disciplinaire bien représenté au sein de la biologie, et font l'objet de nombreuses recherches. Mais au-delà de ces travaux, c'est l'ensemble des sciences de la vie qui, à bien des égards, est structuré par cette théorie, comme l'a souligné Theodosius Dobzhansky, l'un des principaux spécialistes au xxe siècle, lorsqu'il déclarait que rien n'a de sens en biologie, sinon à la lumière de l'évolution : de fait, anatomie, embryologie, génétique, biologie moléculaire, physiologie, écologie, entre autres, ne peuvent faire abstraction du fait que les gènes, les organismes ou les populations étudiées sont le résultat d'une histoire, et que cette histoire évolutive, ou phylogenèse, éclaire un grand nombre d'observations actuelles, inexplicables autrement.

Naissance de l'idée d'évolution

Depuis que la théorie de l'évolution s'est largement répandue, à la fin du xixe siècle, toute une littérature s'est attachée, sans doute dans un souci de légitimation, à en exhumer de supposés ancêtres depuis l'Antiquité. En fait, la pensée gréco-latine, et après elle la pensée occidentale jusqu'aux Lumières, mettra presque toujours l'accent sur la permanence des formes vivantes au fil des générations. À partir de la fin du xviie siècle,[...]

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