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CRÉATION POÈME DE LA

Nommé par les Modernes Poème de la création, ce texte babylonien (que les Anciens appelaient par son incipit : Lorsque en haut... ) raconte à la suite de quelles dramatiques circonstances Marduk devint, avec l'assentiment des autres dieux, la divinité suprême de Babylonie. Les sept chants qu'il comprend valent plus par l'ampleur de la mise en œuvre d'éléments souvent archaïques et par la fermeté de la pensée théologique que par l'originalité des thèmes et la qualité littéraire ; cette œuvre date, sans doute, du grand mouvement de piété apparu en faveur de Marduk, au moment des victoires de Nabuchodonosor Ier (~ 1124-~ 1103) sur les Élamites, mais elle reste inférieure à bien des poèmes rédigés à la même époque et elle ne doit son succès durable qu'à son entrée dans le rituel du Nouvel An, où elle était lue devant la statue du dieu, son protagoniste.

Ce poème est une cosmogonie parmi d'autres, si nombreuses dans la littérature suméro-accadienne, où il apparaît clairement que Marduk s'est substitué à un dieu plus ancien, Enlil, et a, en même temps, absorbé une part du rôle d'Enki-Éa. Les Assyriens, à leur tour, le remplaceront par leur dieu national, Assur.

Au commencement des temps, était le couple Apsu et Tiamat, l'abîme des eaux douces et la Mer. D'eux naissent des générations de divinités jusqu'à Anu et Éa, dont la turbulence exaspère les dieux anciens. Éa tue Apsu et procrée Marduk. Tiamat sort de sa torpeur ; elle s'entoure de monstres, à la tête desquels elle met son nouvel époux : Kingu. Éa échoue dans sa lutte contre la coalition ; Anu, venu en négociateur, prend peur et renonce, à son tour, à sa mission. On recourt à Marduk, qui n'accepte qu'à la condition d'occuper ensuite le sommet du panthéon. L'assemblée des dieux s'incline. Marduk vient à bout de Tiamat, dont les alliés se débandent. Le vainqueur organise alors le cosmos : d'une moitié de sa victime il forme la voûte céleste, où il place les étoiles ; l'autre devient la terre. Les dieux l'acclament roi et il se bâtit une demeure céleste, prototype et image idéale de la Babylone terrestre et de son temple, l'Ésagil. Puis Marduk a l'idée de créer l'homme, qui doit servir les dieux. Du sang de Kingu, jugé seul coupable et mis à mort, Éa façonne le premier être. Enfin, au cours du banquet d'inauguration, Marduk reçoit cinquante noms mystiques.

— Daniel ARNAUD

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (section des sciences religieuses) Paris

Classification

Pour citer cet article

Daniel ARNAUD. CRÉATION POÈME DE LA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ASSYRO-BABYLONIENNE LITTÉRATURE

    • Écrit par René LABAT
    • 4 630 mots
    De la naissance de l'homme, il est également question dans le non moins célèbre Poème de la Création, qui occupe une place à part dans la littérature babylonienne, car il est, en quelque sorte, un « livre sacré ». Il fut conçu vers la fin du deuxième millénaire par les prêtres de Babylone, désireux...
  • MARDUK ou MARDOUK

    • Écrit par Daniel ARNAUD
    • 441 mots
    • 2 médias

    Le dieu le plus important du panthéon babylonien, à partir du ~ xiie siècle. C'est, dans la théologie classique, le fils d'Enki-Ea, le dieu de la sagesse, dont il a hérité la science, la magie et une grande compassion pour l'humanité.

    À l'origine, Marduk n'était qu'un dieu,...

  • TIAMAT

    • Écrit par Daniel ARNAUD
    • 104 mots

    Représentant la Mer primordiale, Tiamat apparaît dans le Poème de la créationbabylonien, d'abord comme l'épouse d'Apsu, l'abîme des eaux douces, couple dont naissent des générations de divinités. Pour venger son époux, tué par Enki-Ea, à l'instigation des autres dieux jeunes, elle place Kingu,...

Voir aussi